La première édition du Forum de Paris sur la Paix, plateforme mondiale des projets de gouvernance et lieu de débat pour faire avancer la paix, s'est ouverte dimanche dans la Grande Halle de La Villette. Organisé dans la continuité des cérémonies commémoratives du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, la cérémonie d'ouverture, présidée symboliquement par la Chancelière allemande Angela Merkel, aux côtés du chef de l'Etat français, Emmanuel Macron et du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est marquée par la présence de plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement. Le Forum rassemble également des dirigeants d'organisations internationales, des élus du monde entier et des acteurs de la société civile. Dans son allocution, le chef de l'Etat français a souligné l'importance de ce Forum qui réunit des chefs d'Etat et de gouvernement autour des idéaux de la paix et de la liberté, insistant sur l'image que l'on retiendra de la commémoration du centenaire de l'Armistice, celle de 84 chefs d'Etats réunit pour la paix. « Sera-ce la photographie d'un dernier moment d'unité avant que le monde ne sombre dans un nouveau désordre ? Cela ne dépend que de nous », a affirmé le président français qui a indiqué que la paix conclue à l'issue de la Première Guerre mondiale ''s'est fracassée sur l'unilatéralisme de certains ». Pour le chef de l'Etat français, aujourd'hui, « racisme, antisémitisme, extrémisme » sont parmi les éléments « qui remettent en cause l'horizon que nos peuples attendent », celui de la paix. Ce Forum a donc « pour vocation chaque année de réunir les uns et les autres pour promouvoir des actions concrètes, pour que ce travail de paix avance un peu plus chaque année ». « Il y a 100 ans nous n'avons pas réussi à gagner la paix », a résumé le président, évoquant le conflit repris par la suite entre la France et l'Allemagne. C'est là l'une des raisons pour laquelle il a tenu à ce que ce nouveau Forum sur la paix soit inauguré par la chancelière Angela Merkel. Prenant la parole, la chancelière allemande Angela Merkel a mis de son côté en garde contre les menaces qui pèsent sur la paix, soulignant que la coopération internationale repose sur un équilibre pacifique et des intérêts partagés. Elle a exprimé dans ce sens son inquiétude de voir certains agir «comme s'ils ignoraient nos engagements réciproques» et de «se retrouver en présence d'un nationalisme à œillère». « Nous voyons bien que la coopération internationale, un équilibre pacifique entre les intérêts des uns et des autres, et même le projet européen de paix sont de nouveau remis en question », a-t-elle affirmé. Après avoir rappelé les propos tenus le général de Gaulle selon lesquels ''l 'Allemagne a été battue, nous avons tous perdu'', la chancelière allemande a pointé du doigt les ravages de l'unilatéralisme et du nationalisme. → Lire aussi : Le Roi Mohammed VI au Centenaire de la Grande Guerre : une consécration de sagesse et une forte symbolique Lui succédant, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est montré également inquiet sur l'état du monde aujourd'hui, mettant en garde contre un « engrenage » géopolitique semblable à celui qui mena à la Première Guerre mondiale et à celui des années 1930. « Bien des éléments aujourd'hui me semblent emprunter, et au début du XXème siècle, et aux années 30, laissant craindre un engrenage invisible », a-t-il estimé. M. Guterres, qui a défendu les acquis des Nations-Unies au cours des dernières années notamment en matière de maintien de la paix, a considéré que le multilatéralisme constitue dans le contexte actuel tout autant une espérance qu'une nécessité. Il a prévenu dans ce cadre contre le repli sur soi et la montée des nationalismes au moment où le monde se trouve confronté à de multiples défis dont la croissance démographique, le changement climatique, la gestion des flux migratoires et la transformation digitale. Conçu comme une réponse à la montée des tensions du monde contemporain, le Forum de Paris sur la Paix se veut un lieu d'échanges, de débats, de partage d'expériences et de solutions novatrices dans les domaines de la paix et de la sécurité, de l'environnement, du développement, des nouvelles technologies et de l'économie inclusive. Il ambitionne également à devenir le rendez-vous annuel des projets, idées et initiatives qui contribuent de manière effective à une meilleure coopération internationale sur les grands enjeux globaux, à une mondialisation plus juste et plus équitable et à un système multilatéral plus efficace. Le Forum s'inscrit dans la dynamique initiée par le président Emmanuel Macron, pour réaffirmer l'importance du multilatéralisme et de l'action collective face aux défis actuels. L'objectif est de faire avancer la paix par une meilleure gouvernance mondiale et de favoriser tout ce qui concourt à faire baisser les tensions internationales : la coopération des Etats pour faire face aux défis transfrontaliers, la gestion collective des biens publics mondiaux, une meilleure régulation de l'internet et des échanges, etc. Inspiré par le modèle de la COP21, le Forum de Paris sur la Paix se veut aussi un lieu de partage d'expériences et de solutions novatrices réunissant tous les acteurs de la gouvernance : chefs d'Etat et de gouvernement, élus locaux et nationaux, organisations régionales et internationales, société civile au sens large (entreprises, associations, ONG, fondations, think tank, médias, représentants religieux, syndicats...). L'objectif est de faire avancer les projets de gouvernance en les faisant connaître, en les soumettant à des débats de formats variés et en favorisant la rencontre entre porteurs de projets et décideurs concernés. Un total de 120 projets sélectionnés sur près de 900, seront présentés tout au long du déroulement de ce Forum qui se fixe pour mission de créer le premier incubateur de solutions aux enjeux internationaux. Dix parmi les projets sélectionnés seront accompagnés durant un an par un comité de suivi composé d'experts qui veillera à leur croissance et à leur mise en œuvre.