Le gouvernement mexicain est pris en tenaille entre les menaces de Donald Trump et les exigences humanitaires devant une crise migratoire et diplomatique sans précédent, suscitée par le périple de milliers de migrants d'Amérique centrale qui traversent le territoire du Mexique pour atteindre les Etats-Unis. N'ayant pas parvenu à bloquer les milliers de migrants qui sont entrés illégalement dans le pays par le fleuve Suchiate séparant le Mexique du Guatemala, les autorités mexicaines se sont retrouvées du coup entre le marteau du président Donald Trump qui a accusé l'armée et la police mexicaines d'être « incapables » d'arrêter ces migrants attirés par le « rêve américain » et l'enclume des ONGs de défense des droits des migrants. Pour ces ONGs, le gouvernement mexicain est tenu de respecter les droits des migrants se trouvant sur son territoire et de garantir leur sécurité et leur intégrité physique. Devant cette contrainte, l'exécutif aztèque a promis plus d'investissements dans les pays d'Amérique centrale dans le but d'endiguer l'afflux de migrants de la région qui gagnent à pied le pays dans l'espoir d'atteindre les Etats-Unis. Selon l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM), la caravane comprend 7.233 personnes, dont la plupart ont l'intention de continuer leur marche vers le Nord. Dans ce trajet, les migrants doivent supporter non seulement une température assez élevée pendant la journée et un violent vent froid pendant la nuit, mais aussi les menaces du Président Trump qui a décidé de déployer quelque 5.000 militaires pour protéger la frontière américaine. « Notre courage est plus grand que les menaces » de Donald Trump, a déclaré à la MAP Jorge Kenia, un jeune migrant hondurien, après avoir contacté son oncle établi en Amérique pour lui demander de l'argent et se rassurer de sa volonté de le recevoir une fois arrivé dans le pays de l'Oncle Sam. « Penser à la misère que j'ai laissée dans mon pays et à la disposition de mon oncle à m'aider à réaliser mon rêve américain me donne des forces et me permet de supporter les grandes chaleurs de la journée, le froid la nuit et la fatigue de marcher des heures et des heures sans arrêt« , a confié ce jeune de 17 ans, soulignant que les migrants rencontrent aussi sur leur chemin des manifestations de solidarité de la part de la population locale et des ONGs. Près de 5.500 migrants partis à pied le 12 octobre du Honduras sont arrivés à Mexico pour faire une pause au centre sportif Magdalena Mixhuca où de vastes tentes ont été dressées et où ils reçoivent de la nourriture, de l'eau, des vêtements, des soins médicaux et des conseils juridiques, a constaté la MAP sur place. Selon Irineo Mújica, président de l'ONG Pueblos sin Fronteras, qui accompagne ces migrants, deux caravanes séparées ont fait leur jonction dans la ville de Mexico, notant qu'il n'y a pas de date fixée pour leur départ. → Lire aussi : Mexique: la caravane de migrants centre-américains continue sa route vers les Etats-Unis Ces milliers de migrants honduriens et centraméricains sont non seulement fatigués par les centaines de kilomètres qu'ils ont déjà parcourus à pied depuis dimanche, mais souffrent aussi des aléas météorologiques très rudes. D'après la présidente de la Commission des droits de l'Homme mexicaine, Nashieli Ramirez, 86% de ces migrants sont honduriens et les autres viennent du Guatemala, du Nicaragua, du Salvador, du Panama et du Costa Rica. Deux autres caravanes, comptant chacune quelque 2.000 migrants, sont en route dans le sud du Mexique. Pour certains d'entre eux, le moment est venu pour décider de leur itinéraire. Nombre d'entre eux veulent rester au Mexique et ont reçu des conseils de la part d'avocats au cas où ils se décident à demander l'asile dans le pays. C'est le cas de Shierlye Villanueva, une femme hondurienne de 34 qui dit avoir entamé les démarches administratives auprès des autorités mexicaines pour obtenir du travail temporaire au Mexique, une couverture médicale et de l'éducation pour son enfant de 8 ans. « Je crois que ni moi ni l'enfant allons supporter » ce périple jusqu'aux Etats-Unis, confie-t-elle, disant qu'elle ne demande qu'un travail digne et un avenir pour son fils. Les migrants ont passé la nuit sous des tentes ou sur les gradins de ce stade de Mexico, cherchant à récupérer leurs forces et à se réchauffer, alors que la capitale mexicaine est située à plus de 2.200 mètres d'altitude. Chaque matin, ils formaient de longues files d'attente pour prendre un petit-déjeuner, fourni par les autorités mexicaines qui gèrent cet immense refuge improvisé. Certains profitent de ce temps d'attente pour discuter avec des représentants des autorités des questions d'organisation et de la date de départ, alors que d'autres en profitent pour laver leurs vêtements. L'objectif est de se reposer quelques jours avant de reprendre la route vers les frontières mexicaines avec les Etats-Unis, a déclaré Claudia Garcia, une Hondurienne âgée de 24 ans, accompagnée de son époux et sa fille de 3 ans. Partie le 12 octobre du Honduras, la caravane devrait quitter dans les jours qui viennent Mexico pour Puebla en direction des Etats-Unis. La plupart de ses membres effectueront le voyage à pied. Ils devront encore parcourir 2800 km pour rejoindre Tijuana, dans le nord-ouest du Mexique, ou environ 1000 km pour gagner Reynosa, dans l'Etat du Tamaulipas. Pour échapper à la pauvreté ou à la violence des bandes criminelles, plus d'un demi-million de Centraméricains traversent chaque année le Mexique dans l'espoir d'entrer aux Etats-Unis.