Alors que le conflit maroco-algérien remonte à 1963 sans jamais se démentir de sa dimension bilatérale, hormis deux petites périodes – 1969-1975 et 1980-1992 -, au cours desquelles l'accalmie voire même une normalisation diplomatique étaient revenues – faisant croire à la fable de l'hirondelle d'un printemps – la petite stratégie des gouvernements algériens successifs ne semble pas varier d'un iota, ni démordre de son hostilité. Les mêmes objectifs affichés déterminent leurs politiques, comme si d'un chef d'Etat à l'autre, leur propre existence et leur raison d'être demeurent, consubstantiellement, liées à ce Maroc que la géographie a imposé aux frontières de l'ouest, irréductible miroir grossissant de leur malheur, objet adulé, objet haï comme seule la psychanalyse nous l'expliquerait, un jour... A preuve, cette irascible volonté à faire feu de tout bois, pour peu que le Maroc soit dénigré, abaissé, affaibli et le cas échéant déstabilisé. On s'échine à être le poil à gratter de ce voisin dont les succès s'engrangent et se répètent, dont la confiance n'est jamais trahie, on lui cherche la petite bête, on lui invente des légendes même – bien sûr les plus noires. Et dans la tradition d'une mauvaise foi caractérisée, on réécrit l'histoire à la façon « révisionniste » et stalinienne pour alimenter la haine du peuple algérien, le caresser dans le sens du poil d'un chauvinisme que le DRS, version nouvelle et les feuilles de chou d'une presse aux ordres, véhiculent désespérément. Le postulat ne change guère de nature : l'Algérie, de Boumediene à Bouteflika, a exprimé, depuis le début de cette affaire, son ambition d'avoir un accès à l'océan atlantique quitte à violer l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale du Maroc. Si injustifié et périlleux qu'il fût, ce calcul, qui relève de l'expansionnisme pur et simple, était doublé d'une ahurissante méconnaissance psychologique, à savoir l'irrépressible et farouche patriotisme du peuple marocain qui, blessé déjà en voyant son territoire morcelé par deux colonialismes, le français et l'espagnol, ne s'accommoderait jamais de ce que l'Algérie poursuive, impunément, à ses dépens leur politique coloniale. Car, c'est bel et bien dans ce sinistre sillage colonial, continuatrice avérée de leur héritage, que l'Algérie s'est inscrite, reniant tous ses engagements, nous menant dans l'amphigouri des discours « révolutionnaires », alors que le DRS pactisait, sans scrupules, avec le plus fasciste des pouvoirs, celui de Franco. Le Roi Hassan II, tout à son élégance, et soucieux de ne jamais insulter l'avenir, s'était fait violence sur lui-même en proposant au gouvernement algérien une formule honorable pour accéder à l'océan atlantique, afin d'acheminer son gaz, son pétrole et son fer. Grand mal lui en prit, Boumediene balaya d'un revers de main l'idée royale et n'en dé- mordit pas de voir se créer un Etat fantoche sur les frontières méridionales, reprenant à son compte le projet criminel de Franco qui, n'étaient sa maladie et son décès le 19 novembre 1975, tenait mordicus à créer un Etat indépendant au Sahara. Est-ce à dire que les dirigeants algériens, quelle que soit leur nature, hormis sans doute Chadli Bendjedid, auront constamment à cœur de couper le Royaume du Maroc de ses prolongements sahariens naturels et, au-delà, africains comme l'histoire en témoignent avec force ? Il convient de souligner que cette ostentatoire hostilité algérienne à l'égard du Maroc avait aussi trouvé son écho en face, sur un registre d'erreurs que notre pays avait commises, comme notamment le refus par le Roi Mohammed V, en 1962, de récupérer les territoires du sud-est, Tindouf, le Touat, Kenadssa, Bechar et autres ; comme ensuite l'intervention militaire conduite, en novembre 1975, dans les provinces du sud par le général Ahmed Dlimi qui, par une certaine violence et des abus, avait suscité des craintes et poussé une partie des populations sahraouies à se jeter dans les bras de l'armée espagnole et surtout algérienne, planquée aux frontières et – on ne savait de quel droit – préparée à intervenir sur ordre de Boumediene. Lire aussi: L'Algérie, l'arbre qui cache la forêt En février 1976, quelques semaines après la Marche verte, tandis que les Forces Armées Royales avançaient pour pacifier les contrées du territoire reconquis, elles furent agressées à Amgala par l'Armée nationale algérienne (ALN) qu'elles vainquirent et dont elles s'emparèrent de nombreux prisonniers algériens, d'armes et de matériel militaire sophistiqué, présentés à la presse internationale comme preuve de l'implication de l'Algérie. Celle-ci, mettant à profit le cafouillage de cette époque avec l'Espagne, envisageait l'occupation manu militari de sa frontière sud-ouest dans ce Sahara atlantique qu'elle n'a jamais cessé de lorgner... Enfin, l'autre erreur stratégique relevait du fait que le Maroc accepta, à tort, de voir le dossier du Sahara émigrer à cette 4ème Commission des Nations unies, dite de dé- colonisation, sans défendre pour autant le principe que l'article majeur de cette Commission est celui qu'inspire une certaine Ré- solution pertinente, celle portant le chiffre 1514, votée en 1960 et en principe opposable à l'Espagne coloniale et favorable au Maroc qui revendiquait depuis 1956 ses territoires qu'elle occupait. Peut-être devrait-on rappeler ici que l'Algérie n'existait pas en tant qu'Etat officiel, encore moins son rejeton, le polisario qui n'a vu le jour qu'en 1974 grâce à la sinistre collusion entre le général espagnol Salazar, les membres du DRS algérien très actifs et des agents libyens du colonel Kadhafi et dont la volonté affichée, proclamée était d'en dé- coudre avec le Maroc. Encore aujourd'hui, quand bien même les hommes qui avaient écrit les pages de cette époque eurent disparu, le gouvernement algérien s'acharne à combattre le Maroc en agitant le mensonge sur un prétendu « peuple sahraoui », alors que la réalité est qu'il continue dans la droite ligne de l'héritage colonial franquiste et que l'objectif ne change pas : l'abaissement du Maroc. Il reste aussi que notre diplomatie, encline à réaliser des sursauts miraculeux, devrait s'adapter au long cours et à le maîtriser, parce que l'Algérie – jusqu'ici soufflant le chaud et le froid avec la manne pétrolière – a, depuis quelques temps, dé- voilé ses cartes et découvert ses pathétiques ambitions : encercler le Maroc, le pousser à la crise, multiplier les pressions, l'isoler et lui jeter l'opprobre. Or, si elle a le pétrole, le gaz et un peuple pacifique, elle n'a pas la foi et certainement pas la motivation qui sont le ressort d'une mobilisation basée sur un principe de justice. L'affaire du Sahara est l'affaire du clan de Boumediene, dans lequel se sont, tour à tour, inscrits les dirigeants et quelques instances enclines à diaboliser le Maroc pour détourner le peuple algérien de ses vraies préoccupations que sont le chômage, l'inquiétude rampante concernant la succession de Bouteflika élu et réélu quatre fois mais, suprême ironie, qui reste accroché au pouvoir, depuis 1999... On peut désormais se poser encore la question, et de guerre lasse s'interroger sur ce que le pouvoir algérien cherche en définitive derrière le florilège de slogans pour « l'autodétermination du peuple sahraoui », la « décolonisation du dernier territoire », le « Maroc puissance occupante » ? On pourrait rétorquer de prime abord qu'il cherche à faire perdurer le modèle colonial, en se faisant l'héritier de la France et de l'Espagne, qu'au-delà le souhait d'un Bouteflika, comme d'un Boumediene, son mentor, qui l'a mis en scelle, est de réaliser ce rêve expansionniste d'une grande Algérie allant de Jouj Bghal, de Tlemcen à l'ouest jusqu'à Tamanrasset dans le sud , incluant Tindouf, Tidikelt , Béchar, et bien sûr tous les territoires contestés du sud-est marocain, y compris Reggane et sa région qui, n'en déplaise aux thuriféraires du pouvoir algérien, était marocaine jusqu'en 1962...implantée sur un axe droit allant vers le Mali avant que la main criminelle d'un officier colonial n'eût jugé nécessaire de le déplacer aux dépens du Maroc. L'Histoire se réservera la réponse inéluctable à ce médiocre projet qui détruit les espérances populaires d'un côté comme dans l'autre et ruine l'avenir d'une grande région.