Ibtissame Azzaoui, Députée parlementaire, Membre de la Commission des Affaires étrangères, membre de la Commission parlementaire mixte entre le Parlement marocain et l'UE Trump : Quel avenir pour les relations internationales ? Depuis son accession à la Maison Blanche et sa prise de fonctions, le 20 janvier 2017, le Républicain Donald Trump ouvre une nouvelle ère dans l'histoire des USA allant à contre-sens de l'interventionnisme, habituellement dominant dans l'establishment américain de la stratégie politique étrangère du pays. La première année du mandat de présidence de Trump a été marquée par une forte tendance clairement protectionniste, isolationniste et hostile à l'immigration, signalant une scission irréfragable et dogmatique avec les engagements pris par son prédécesseur, le Démocrate Barack Obama. Preuve à l'appui, la promesse déclarée de construire un grand mur anti-migrants le long de la frontière avec le voisin mexicain ou encore le retrait des Etats- Unis du Pacte mondial sur la migration, jugé «incompatible» avec la politique migratoire de l'Administration Trump. Un retrait intervenant dans un contexte mondial extrêmement complexe et critique : l'exode massif des Rohingyas, depuis le mois d'Août 2017, victimes de «nettoyage ethnique» de la Birmanie vers le Bangladesh, la crise des migrants et des réfugiés cherchant à s'installer en Europe pour survivre et fuir les guerres en Syrie et en d'autres zones d'instabilité et de conflits, l'existence en Libye de marchés d'esclaves où se font des ventes aux enchères des enfants, des femmes et des hommes migrants, etc. D'autres retraits et désengagements spectaculaires de pacte, d'accords ou de projets d'accords internationaux impliquant et rassemblant plusieurs pays du globe autour de défis sensibles à caractère mondiaux et nécessitant, inéluctablement, une stratégie et une action multilatérale organisée : Les Etats-Unis d'Amérique, première puissance sur la scène mondiale et deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète, s'isolent et deviennent, désormais, le seul pays à ne plus vouloir faire partie de l'Accord de Paris, conclu fin 2015, sous l'égide de l'ONU, à l'occasion de la COP21 et visant à limiter le réchauffement climatique et ses conséquences néfastes sur la planète. Washington a également fait part, récemment, de sa décision de se retirer de l'institution de l'Unesco, l'une des plus importantes organisations onusiennes chargée des questions de l'Education, de la Science et de la Culture, que Donald Trump estime anti-israélienne. S'ajoute à cela, une série de positions tous azimuts fracassantes, faisant, de façon quasi-permanente, la Une de la presse universelle et suscitant, à chaque fois, un torrent d'indignation et de contestations à travers le monde dénonçant leur caractère, des fois, misogynes et souvent racistes, discriminatoires, xénophobes et islamophobes. Dernier souvenir en date, les propos injurieux, totalement inacceptables et abjects sur l'immigration en provenance de « pays de merde » en référence à des pays d'Afrique, à Haïti et au Salvador. Et, drôle de coïncidence, cela se passe au moment où le pays de l'Oncle Sam honorait le « I Have A Dream Man », le héros afro-américain des droits civiques feu Martin Luther King, assassiné en 1968. Des dires d'une flagrante incohérence avec l'histoire des Etats-Unis d'Amérique et une antithèse des valeurs américaines qui ont inspiré ,dans le passé, l'action internationale du pays. En réaction imminente, un communiqué, à ton fort et ferme, de condamnation et de demande d'excuses a été émis de la part de 54 ambassadeurs de pays africains à l'Organisation des Nations unies. Les nouveaux traits de la diplomatie américaine préoccupent de plus en plus : des tensions grandissantes avec la Corée du nord, avec l'Iran, et bien d'autres. Moult interrogations surgissent mais il serait opportun de se pencher sur la question axiale suivante : Ce revirement de politique internationale des USA annonce- t-il une rupture fondamentale de l'ordre mondial actuel ? A suivre !…