L'année 2017 s'achève avec un « coup de tonnerre'' qui a retenti le 1er septembre dernier au Kenya avec l'invalidation, à la surprise générale, par la Cour suprême de la présidentielle du 8 août. Depuis, les yeux des observateurs ont été rivés sur ce pays est-africain. Et pour cause le feuilleton politico-judiciaire sur les résultats de cette présidentielle « controversée » et la saga électorale prolongée qu'a connue le pays, et dont les effets se sont fait sentir non pas uniquement sur l'économie nationale mais aussi sur le quotidien des Kényans. En effet, la Cour suprême, saisie par la Coalition de l'opposition, la National Super Alliance (NASA), a créé une sensation le 1er septembre en invalidant, pour « irrégularités » dans la transmission des résultats, le scrutin présidentiel du 8 août 2017, remporté par le président sortant, Uhuru Kenyatta. Si cette décision a été qualifiée d'« historique » et d' »inédite » par les observateurs aussi bien locaux qu'étrangers en ce sens qu'elle constitue une première à l'échelle africaine, elle a toutefois fait plonger le pays dans une « incertitude » venue rappeler aux Kényans les souffrances endurées avec les violences post-électorales de 2007-2008. Après cette décision, et conformément à la Constitution qui prévoit la nouvelle élection dans les 60 jours, la Commission électorale indépendante (IEBC) a convoqué un nouveau scrutin pour le 17 octobre avant qu'il ne soit reporté au 26 du même mois pour des raisons logistiques, déclenchant ainsi la polémique sur la date fixée entre les deux camps rivaux de la scène politique locale, le Parti Jubilee au pouvoir de M. Kenyatta et la NASA, conduite par Raila Odinga qui réclamait le départ des membres de l'IEBC et le report du scrutin. Mais, la plus haute juridiction du pays a réagi en arbitre une fois encore pour trancher en maintenant l'organisation de la nouvelle présidentielle le 26 octobre 2017, boycottée par le leader de l'opposition M. Odinga. Ainsi, cette élection s'est résumée en un cavalier seul du président sortant, Uhuru Kenyatta qui a été réélu avec 98% des voix. Un scrutin qui a été marqué par une faible participation (39%), alors que les partisans de M. Odinga ont même empêché la tenue du scrutin dans quatre comtés de l'ouest, sur les 47 que compte le pays. Dans la foulée de l'annonce des résultats, deux recours ont été déposés devant la Cour suprême par un homme d'affaires et ancien député, John Harun Mwau, et des activistes des Droits de l'Homme, pour contester cette nouvelle victoire de M. Kenyatta, avant que la juridiction ne valide cette fois-ci les résultats. Pourtant, cette saga électorale n'aurait pas passé sans laisser des « dégâts ». D'après un bilan établi de source médiatique les violences ayant émaillé le processus électoral ont fait au moins 58 morts depuis le 8 août, principalement dans des bastions de l'opposition, notamment dans des bidonvilles à Nairobi, et dans d'autres villes tel que Kisumu. L'opposition, qui contestait la victoire de M. Kenyatta, a promis de poursuivre son mouvement de « désobéissance civile » avec des « boycottages économiques, des piquets de grève pacifiques et d'autres formes légitimes de protestation », et prévoyait une « cérémonie d'investiture » de M. Odinga par « une assemblée du peuple » le jour de la fête de l'indépendance du pays (12 décembre). Depuis, des voix s'élevaient invitant les camps rivaux à privilégier le dialogue pour trouver une issue à cette « crise politique » qui menaçait le pays, alors que le président Kenyatta, réélu pour un dernier mandat de cinq ans, a promis lors de son investiture (28 novembre) d'unifier le pays divisé par ce long processus électoral. Ainsi, l'opposition a décidé de reporter à une date ultérieure, sans pour autant y renoncer, cette cérémonie « controversée » d' »investiture » de son leader, ce qui a été perçu par les observateurs de la scène politique kényane comme « un geste d'apaisement ».