En visite officielle à Casablanca, Tim Reid, directeur général de l'agence britannique UK Export Finance (UKEF), a livré une vision ambitieuse de la coopération entre le Royaume-Uni et le Maroc. Pour ce haut responsable, le royaume chérifien ne se contente pas d'être un partenaire bilatéral : il s'impose désormais comme une passerelle incontournable vers le continent africain. « Le Maroc est la porte d'entrée de l'Afrique », affirme-t-il sans détour. Dans un entretien accordé au média Medias24, Reid a évoqué les contours d'un partenariat qu'il qualifie de « stratégique ». À ses yeux, le potentiel marocain est vaste, allant de l'énergie à l'eau, en passant par les infrastructures et le commerce. Et pour traduire cette ambition en actes, un fonds de 4 milliards de livres sterling – soit environ 51 milliards de dirhams – a été mis en place dès la fin de l'année 2022. Ce dispositif vise à accompagner des projets structurants réalisés au Maroc, intégrant du savoir-faire ou des technologies d'origine britannique. « Nous ne cherchons pas des propositions parfaites, mais des projets solides et surtout une volonté claire de collaborer », précise Reid. Une ouverture qui témoigne d'un pragmatisme assumé, centré sur la concrétisation rapide de partenariats durables. Parmi les domaines jugés les plus prometteurs, le responsable britannique cite en priorité les énergies renouvelables, la gestion durable des ressources hydriques et les grandes infrastructures. Si aucun accord n'a encore été officialisé, Reid confirme l'existence de négociations avancées autour de projets liés au dessalement de l'eau, à l'hydrogène vert ou encore à la modernisation des réseaux ferroviaires et portuaires du pays. L'intérêt accru pour le Maroc s'inscrit également dans une dynamique conjoncturelle favorable. Avec l'organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 – aux côtés de l'Espagne et du Portugal –, le Royaume prévoit des investissements massifs, estimés à plus de 23 milliards de dollars. Une perspective que l'UKEF considère comme un levier pour stimuler des projets d'envergure impliquant à la fois des entreprises marocaines et britanniques. « Le Maroc évolue à une vitesse impressionnante, et nous souhaitons accompagner ce mouvement », souligne Reid. Lire aussi : Royaume-Uni : Hommage à une association marocaine pour son action sociale Le Maroc, hub continental pour les ambitions britanniques Mais au-delà de sa croissance interne, c'est la position géostratégique du Maroc qui retient particulièrement l'attention de l'agence britannique. En tant que plateforme régionale vers l'Afrique subsaharienne, le pays représente un point d'ancrage idéal pour étendre l'action de l'UKEF à l'ensemble du continent. L'agence ambitionne ainsi de financer, par le biais d'entreprises marocaines, des projets critiques dans d'autres pays africains. Ces projets concernent notamment les infrastructures hospitalières, les réseaux routiers ou encore les systèmes d'approvisionnement énergétique. Et Reid tient à le souligner : « Il ne s'agit pas uniquement de promouvoir l'export britannique. Nous demandons seulement une contribution britannique de 20 % dans les projets. Le reste peut être assuré localement. Cela signifie plus d'emplois et de développement sur le sol marocain. » Les chiffres viennent confirmer cette dynamique positive. Les échanges commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni atteignent actuellement un niveau record : 3,8 milliards de livres sterling, soit environ 46 milliards de dirhams. Le Maroc s'affirme comme un fournisseur de plus en plus important de produits alimentaires pour le marché britannique, consolidant sa place dans les circuits commerciaux post-Brexit. Parallèlement, Reid observe un terrain favorable à un approfondissement de la coopération financière. Il vante la solidité du secteur bancaire marocain, l'abondance de liquidités et la vitalité de ses entrepreneurs. Autant d'éléments qui facilitent, selon lui, l'implication des entreprises britanniques sur le marché marocain. Pour l'heure, aucune annonce formelle n'a été faite concernant les projets en négociation. « Il est encore un peu tôt », concède Reid, tout en se montrant confiant : « Les discussions avancent bien. Nous espérons pouvoir officialiser les premiers projets très prochainement. » En attendant, il encourage vivement les entreprises intéressées à se manifester. « Il suffit de contacter notre représentante à Casablanca, Meriem Bennani. Notre équipe est pleinement mobilisée pour accompagner les porteurs de projets ».