La hausse continue du prix de la viande rouge bovine au Maroc, atteignant 130 dirhams le kilogramme, soulève des inquiétudes économiques et sociales. Cette flambée des prix touche particulièrement les ménages de classe moyenne, et malgré les efforts du gouvernement pour augmenter les importations, les mesures mises en place peinent à endiguer l'inflation du marché. Pour limiter cette augmentation de prix, le gouvernement prévoit d'importer 20.000 tonnes de viande, tant fraîche que congelée, d'ici la fin de l'année. Cette initiative vise à augmenter l'offre sur le marché et ainsi réguler les prix. Cependant, l'efficacité de cette mesure reste à prouver, puisque les volumes d'importation sont jugés insuffisants pour répondre pleinement aux besoins du marché national. En outre, une autre mesure a été prise : l'importation de 200.000 bovins destinés à l'abattage en provenance de plusieurs régions, notamment l'Union européenne, l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. Ces importations bénéficieront d'une exonération des droits de douane et de la TVA dans les limites des quotas préétablis. Cependant, ces décisions n'ont pas eu les résultats escomptés. L'impact sur les prix de la viande reste limité, en grande partie à cause du faible volume d'importations réalisées jusqu'à présent. De plus, une partie de la population exprime des inquiétudes concernant la qualité de la viande importée, en particulier les normes d'abattage des animaux en provenance de l'étranger. Les préoccupations portent également sur la traçabilité de ces produits et leur conformité avec les standards locaux en matière de sécurité alimentaire et de bien-être animal. Actuellement, les importations de viande rouge ne devraient couvrir que 11 % des besoins du marché marocain, ce qui est loin d'être suffisant pour influer significativement sur les prix à la consommation. Le système d'importation est également contraint par des restrictions concernant les acteurs autorisés à importer de la viande. Seuls certains importateurs agréés, les unités de découpe, les chevillards disposant d'un ICE (identifiant de commerce extérieur) opérant dans un abattoir agréé, ainsi que les entreprises ayant un entrepôt agréé, sont habilités à importer de la viande fraîche, congelée ou réfrigérée. Ces conditions limitent le nombre d'opérateurs et soulèvent des questions sur la transparence et les critères d'attribution des licences d'importation. Lire aussi : La méfiance envers la viande importée prend de l'ampleur L'exécutif a par ailleurs pris la décision d'augmenter le quota d'importation de bovins domestiques exemptés de droits de douane et de TVA, le portant à 200.000 têtes. L'objectif est de stimuler l'approvisionnement du marché intérieur en viande, tout en réduisant la pression sur les prix. Toutefois, cette mesure ne semble pas suffisante pour résoudre le problème de manière durable. De nombreux experts soulignent que l'inefficacité des précédentes mesures de soutien mises en place par les autorités depuis l'année dernière n'a pas permis d'enrayer la hausse des prix de la viande rouge. Les statistiques montrent que la consommation annuelle moyenne de viande rouge par ménage au Maroc est d'environ 55,8 kg, avec un pic de consommation durant la fête du sacrifice. À titre comparatif, la consommation annuelle moyenne par individu est de 17 kg, alors qu'à l'échelle mondiale, elle est de 42,9 kg par habitant. Ces chiffres révèlent l'importance de la viande rouge dans les habitudes alimentaires des Marocains et soulignent les enjeux socio-économiques de cette hausse des prix. La régulation du marché : un impératif Le problème de la hausse des prix de la viande rouge n'est pas seulement lié à l'offre, mais également à des questions de régulation du marché. Les experts soulignent que l'absence de contrôle efficace et de régulation transparente des prix contribue à la volatilité du secteur et à l'augmentation des prix pour les consommateurs. Selon ces spécialistes, un affichage transparent des prix est essentiel pour permettre aux consommateurs d'accéder à des informations fiables et éviter les phénomènes de spéculation qui exacerbent la situation. Une telle transparence permettrait d'assurer une plus grande équité dans les transactions et d'éviter les abus. Les experts recommandent également la mise en place d'un suivi régulier des prix de la viande, afin de prévenir toute hausse injustifiée et de permettre une intervention rapide en cas de besoin. En outre, les spécialistes du secteur préconisent la création de circuits directs pour la distribution des animaux importés, sans passer par les souks traditionnels. Cela permettrait d'éviter les intermédiaires, souvent responsables de la hausse des prix. En optimisant la chaîne d'approvisionnement et en éliminant les acteurs inutiles, le gouvernement pourrait garantir une distribution plus équitable et plus accessible pour tous les consommateurs. Enfin, les experts suggèrent que le gouvernement envisage de plafonner les prix des viandes importées subventionnées pour garantir une certaine stabilité des prix sur le long terme. Ils soulignent que les produits subventionnés doivent être strictement encadrés pour éviter toute dérive et garantir qu'ils bénéficient réellement aux consommateurs, notamment les plus vulnérables.