Un certain poète français du XIXème siècle dénommé Guillaume Apollinaire disait dans une phrase devenue célèbre que « la joie venait après la peine » ! De ce petit texte devenu postulat, j'en fais une sorte de bréviaire. Je l'inscris sur le fronton de mon quotidien, parce que confronté comme beaucoup à l'exercice du quotidien immuable, il se décline comme cette arme faible, mais résiliente. Valable à tous les niveaux, personnel, collectif et massif, le précepte de l'espoir n'est pas cette facile parade, sortie comme une phrase mécanique, à tout bout de champ lâchée par l'inamovible Doxa, dont Roland Barthes disait qu'elle est le lieu commun, quand il n'a y a rien à dire et encore moins à prouver...Cette évidence fétiche sortie à tout bout de champ, qui n'est rien mais tout, au mieux la clé de sésame des démagogues introvertis, ou alors des crédules au pire... Notre société balance en effet entre dépit et résistance, entre espoir et bien sûr son contraire, le désespoir. L'espoir, qui est une invention ontologique de l'Homme, nourrit nos rêves et habite nos âmes. Mais il n'est que le sentiment abstrait, fugace à la limite, temporelle et in fine, le « fourvoiement passager et sans conséquence d'adolescents insatisfaits » pour reprendre le terme du philosophe allemand Victor Klemperer, cité – excusez du peu – par Finkelkraut... L'époque est difficile et, revenir à l'espoir invoqué par le poète, n'est évidemment pas chose aisée. L'époque est trouble, et le trait essentiel n'en demeure pas moins porteur d'une lourde responsabilité des gouvernants du monde, happés dans une déconfiture à l'avenant. La chronique des scandales emplit nos écrans, déverse ses méfaits, de Los Angeles à nos petites villes, à nos cités qui explosent de projets, d'infrastructures de cette rage immobilière incandescente sans foi ni loi, là où surgissent comme des champions les affaires de corruption avérée, les arrestations d'élus pour corruption et détournements, cette absence cruelle d'éthique et d'irrespect, ces violations de la Loi, un jeu d'alouettes qui n'en finit pas de nous entourlouper... Oui, bien sûr ceux qui ont cru détourner la règle sociale et s'emplir impunément les poches, seront punis, fort heureusement. Les pendules seront remis à l'heure et le cours des choses rétabli. L'espoir renaîtra – il renaît déjà – , il nous faut sortir de l'ornière coûte que coûte, rebattre les cartes d'un renouveau, inventer si besoin l'espoir approprié à cette époque, la notre ou celle de nos enfants, accepter de penser contre nous-mêmes enfin... Cette époque dépourvue d'amour et de tendresse est à reléguer au miroir, de l'accessoire et des glauques calendes.