La présidente de la Haute Autorité de la Communication audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach a mis en garde, mardi à Nouakchott, contre les risques démocratiques induits par la prolifération des pratiques de désinformation et des interférences étrangères dans les processus électoraux en Afrique. S'exprimant à l'ouverture d'un colloque international sous le thème « Régulation et processus électoraux », organisé par la Haute Autorité de la Presse et de l'Audiovisuel en Mauritanie, Mme Akharbach a expliqué qu' »en matière de préservation de l'intégrité des processus électoraux, le rôle du régulateur des médias ne saurait être réductible à la gestion des temps de parole des candidats ». « Au-delà du monitoring des médias pendant les élections et de la production des normes pour une couverture médiatique juste et un accès équitable des partis aux médias, le régulateur a une responsabilité fondamentale en amont, qui consiste à consacrer le pluralisme interne et externe des médias et à assurer en continu, l'accès des citoyens à des contenus médiatiques pluralistes », a fait valoir la Présidente de la HACA. Tout en relevant la prolifération des interférences étrangères dans les processus électoraux et le développement des pratiques de désinformation comme « outil de guerre hybride », Mme Akharbach a estimé que cette problématique d'envergure mondiale se pose avec plus d'acuité en Afrique. Lire aussi : Latifa Akharbach : Une trajectoire d'excellence entre médias et diplomatie Cette situation s'explique, poursuit-elle, par le fait qu'aux ingérences étrangères s'ajoutent les risques pour la stabilité et la sécurité des pays et du continent dans sa globalité, induits par la persistance de conflits interafricains dont beaucoup sont entretenus par « le recours à la désinformation et aux discours de haine au service du séparatisme, de la polarisation ethnique, du radicalisme religieux, etc ». Mme Akharbach qui s'exprimait à ce colloque en sa qualité également de présidente du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication, a appelé à un renforcement des compétences et de l'autonomie des régulateurs du continent pour faire face aux nouveaux désordres informationnels induits par la transformation numérique de la communication. Elle a notamment rappelé, à ce propos, les grandes préoccupations de la communauté globale des régulateurs des médias concernant les impacts démocratiques, culturels et sociaux des usages croissants, irraisonnés et non réglementés de l'intelligence artificielle notamment, dans les contenus médiatiques et lors des campagnes électorales. Lors de cette conférence à laquelle participent les régulateurs des médias de 11 pays africains, Mme Akharbach est accompagnée de M. Talal Salaheddine, manager des questions internationales et africaines et de Mme Fatima Zahra Mouadden, manager-chargée de mission auprès du Directeur Général de la HACA.