La couverture médicale sert de levier contre la pauvreté, lutte contre les inégalités d'accès aux soins médicaux et promeut une meilleure protection sociale pour les plus démunis. La crise sanitaire du Covid-19 a mis en lumière la situation préoccupante du secteur de la santé au Maroc, incitant les autorités à combler les carences et à remédier aux lacunes qui affaiblissent le système de santé national. La pandémie de Covid-19 a révélé les faiblesses des systèmes de santé à l'échelle mondiale, touchant même les pays les plus développés et devenant un obstacle majeur à l'accès aux soins dans les pays en développement. Cette crise sanitaire a souligné l'importance cruciale de la santé dans les politiques publiques, visant à atteindre la couverture sanitaire universelle d'ici 2030. Le financement représente un défi considérable pour l'établissement de systèmes de santé résilients. Cela a été un sujet de discussion lors d'un récent atelier international à Rabat, organisé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Banque mondiale et le Fonds mondial, afin d'examiner les expériences et les réformes dans la région de la Méditerranée orientale, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Dans cette région aux réalités hétérogènes, il est essentiel de reconnaître l'existence d'une grande disparité économique, sociale et sanitaire, qui entraîne une variété de modèles de financement et de prestation de soins de santé. Lire aussi : Comment une gestion inadéquate des coûts alourdit-elle le budget de la santé au Maroc ? Il est également à noter que les gouvernements n'ont pas accordé une priorité suffisante au secteur de la santé dans leurs budgets nationaux, ce qui a entraîné une détérioration de l'accessibilité et de la qualité des services de santé. Bien que les pays riches, tels que les producteurs de pétrole comme l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, disposent d'une solidité financière, les défis restent universels pour tous les pays de la région. Cela nécessite une approche systémique et versatile, avec un accent sur l'amélioration de l'efficacité de la planification, de l'allocation des ressources et des dépenses du système de santé. Une telle stratégie contribuera à développer une offre de soins de qualité, accessible à tous les citoyens grâce à une gestion maîtrisée des coûts et à une planification informatisée des services fournis par les établissements de santé. Il sera également nécessaire de cibler et d'identifier les personnes pauvres et vulnérables qui nécessitent véritablement une prise en charge par l'Etat dans le cadre de la couverture sanitaire universelle (CSU). C'est une mission complexe dans un pays où le secteur informel occupe une place significative dans l'économie. Ramed et l'AMO Tadamon L'expérience marocaine illustre les étapes clés du processus de généralisation de la couverture médicale. Ce projet, actuellement dans sa phase finale, a vu la transition du RAMED (Régime d'Assistance Médicale) vers le régime AMO Tadamon. Ce dernier vient compléter d'autres régimes de couverture maladie destinés aux fonctionnaires, aux salariés du secteur privé, y compris les retraités, les étudiants, les professionnels libéraux et les travailleurs non-salariés (TNS). Au Maroc, on a adopté une approche visant à passer de la subvention de l'offre de soins à celle de la demande, d'où l'établissement de régimes d'assurance maladie contributifs. Les bénéficiaires du Ramed, population pauvre et vulnérable, ont été intégrés à l'AMO Tadamon, un régime géré par la CNSS et financé par l'Etat. Ces efforts ont permis de couvrir plus de 90 % de la population marocaine à la fin de l'année 2023, contre 16 % en 2005. Malgré la généralisation de la couverture maladie, des mesures et initiatives restent nécessaires pour garantir la viabilité financière du système de santé marocain. La plupart des pays de la région accordent une attention soutenue pour apporter des solutions innovantes. Certaines catégories, en particulier celles du secteur informel, risquent l'insolvabilité. D'autres facteurs imprévisibles, comme l'impact du changement climatique sur les travailleurs des secteurs agricoles, entrent en ligne de compte. Il devient impératif de réduire la part des dépenses de santé supportées directement par les ménages. Actuellement estimée à plus de 40 %, cette part dépasse largement les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le budget global alloué au département de la santé en 2024 devrait atteindre plus de 30 milliards de dirhams, marquant une hausse de plus de 9 % par rapport à 2023. Plusieurs systèmes ont été adoptés par différents pays pour assurer une Couverture Sanitaire Universelle (CSU) à leur population. Cette couverture inclut l'accès aux soins médicaux de qualité et la protection financière des usagers. Des stratégies ont été développées pour contribuer à l'établissement d'un système de couverture médicale universelle, dont l'approche varie selon les pays. Ces stratégies comprennent l'approvisionnement médical et la prestation de soins. Il y a les systèmes de santé basés sur les assurances sociales, qui sont des assurances publiques à but non lucratif. Les assurances obligatoires couvrent toute la société et sont financées par tous, à l'exception des personnes considérées comme pauvres. La contribution de cette partie de la société est prise en charge par le budget de l'Etat, qui soutient également les personnes travaillant dans le secteur informel, ne leur permettant pas d'avoir un revenu stable. Pour financer cela, l'Etat utilise souvent les impôts ou une partie des ressources provenant des richesses du pays, comme le pétrole et le gaz pour les pays du Golfe. Il existe également des systèmes de couverture sanitaire mixtes basés sur des assurances sociales avec la contribution de l'Etat au budget du secteur de la santé. Cette contribution significative permet de couvrir certaines catégories de la société en situation de vulnérabilité, comme le système Ramed autrefois appliqué au Maroc. Dans certains pays, le financement de la couverture médicale est assuré exclusivement par le budget de l'Etat via les impôts. Par exemple, le Canada et la Grande-Bretagne utilisent ce modèle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, ce système commence à rencontrer des problèmes de financement en raison de la réduction des impôts et de la multiplication des besoins en soins de santé.