Plus de 260 personnalités de la scène politique et de la société civile en Tunisie ont appelé à boycotter les élections locales prévues le 24 décembre courant, dénonçant « un nouveau pas sur la voie de la suppression des institutions de la République démocratique« . Dans une pétition collective publiée mardi par la Coalition « Soumoud« , les personnalités signataires relèvent que cette échéance électorale intervient dans un contexte marqué par une crise politique inédite et des répressions exercées sur les composantes de la société civile. « Le pouvoir en place engage des poursuites judiciaires contre ses opposants pour interdire le pluralisme politique et mettre un terme à l'alternance pacifique au pouvoir », indique la pétition. Ils ont exhorté, ainsi, les forces démocratiques et progressistes à s'engager pour faire sortir le pays de la crise « globale et profonde ». L'organisation des élections locales continue de diviser la classe politique en Tunisie et de susciter la controverse dans les médias et les réseaux sociaux. Une première pétition a été signée en début décembre par plus de 150 personnalités indépendantes du paysage politique et de la société civile pour demander l'annulation de ce scrutin, dans l'absence d'une loi fondamentale définissant les rôles et les attributions des conseils locaux, appelant au boycott de ces échéances électorales. La campagne électorale pour les élections locales a démarré il y a deux semaines, suscitant très peu d'intérêt parmi la population tunisienne, ce qui laisse planer le spectre d'un large boycott populaire, devenu la norme dans plusieurs échéances électorales dans le pays. Plusieurs formations d'opposition tels que le Parti destourien libre (PDL) et « Afek Tounes » ont déjà annoncé leur boycott des prochaines élections locales, sur fond de profondes divisions sur les modalités de ces élections et le nouveau découpage des circonscriptions électorales. Pour rappel, les dernières élections législatives organisées en décembre de l'année dernière ont connu le taux de participation le plus faible depuis 2011, après un boycott unanime du scrutin de la part des formations de l'opposition. Le taux de participation définitif au second tour des élections législatives n'a pas dépassé 11,4%, les Tunisiens ayant répondu massivement à l'appel des partis politiques et des organisations de la société civile pour le boycott de cette échéance.