Depuis 2020, le secteur de la restauration a connu une grave dégradation, entraînant la fermeture de nombreux restaurants en raison de la crise sanitaire. En 2023, la crainte d'une expérience similaire se fait ressentir parmi les restaurateurs casablancais, cette fois-ci en raison de l'émergence des food trucks. Depuis quelques années, les food trucks connaissent un engouement mondial en tant qu'activité rentable, à faible charge et mobile. Ces camions-restaurants ont d'abord vu le jour aux Etats-Unis dans les années 2000, et se sont rapidement développés en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Angleterre. Au Maroc, en 2020, la commune urbaine de Casablanca a autorisé les food trucks en montrant des perspectives prometteuses aux futurs investisseurs. Dans un premier temps, ces camions sont autorisés à exercer uniquement dans les zones industrielles, les campus universitaires, les centres de formation, les quartiers administratifs, les jardins publics et les plages. La commune urbaine de Casablanca a établi un cahier des charges pour les investisseurs de ces camions, exigeant notamment l'affichage du menu et des tarifs, le respect d'une distance minimale entre les food trucks (d'au moins un kilomètre), le strict respect des normes d'hygiène en vigueur (incluant l'accès à l'eau et à l'électricité, la présence d'un réfrigérateur, d'un système de gestion des déchets et de matériel en inox), ainsi que l'interdiction de préparer des plats à base de lait et de produits laitiers, ainsi que des plats traditionnels tels que le couscous et les tajines. Lire aussi : Les exploitants de cafés et restaurants de Rabat en colère contre le Conseil municipal Cette décision actuelle d'autorisation des food trucks à Casablanca a suscité des inquiétudes parmi les restaurants et cafés de la région Casa-Settat, craignant une nouvelle concurrence. Cependant, l'arrivée des camions-restaurants permettra de diversifier les options de restauration disponible pour les Casablancais, avec des possibilités de repas rapides de qualité et à prix compétitifs. L'un des principaux avantages des food trucks réside dans la minimisation des coûts liés aux équipements, aux employés et aux loyers, qui sont considérablement réduits par rapport à ceux d'un restaurant traditionnel. En effet, les camions-restaurants n'ont pas à payer de loyer mensuel, de salaires pour plusieurs serveurs ou chefs, ni à s'équiper d'un équipement complet de restauration. Malgré tous ces avantages, cette nouvelle ne fait pas sourire les restaurants déjà présents dans la commune de Casablanca. Ces derniers redoutent que ce nouveau projet ne les pousse à la faillite. Récemment, la Fédération marocaine de cafés et de la restauration rapide (FMCR) a demandé l'annulation de cette décision d'autoriser les food trucks. La FMCR a sollicité l'intervention du wali de la région Casa-Settat pour mettre un terme à cette décision. La fédération s'inquiète du nombre important de restaurants ayant déjà fermé depuis 2020 et soulève des soupçons de concurrence déloyale, notamment en termes de distorsion fiscale entre les restaurants traditionnels et les nouveaux camions de nourriture. Pour un secteur déjà durement touché par différentes causes telles que l'inflation, la diminution de la demande et l'économie informelle, cette nouvelle concurrence ne fait qu'aggraver encore davantage la situation.