Dans un geste qui ne cesse de prendre de l'ampleur, les banques françaises se retirent progressivement du continent africain, entraînant des répercussions majeures sur le secteur financier régional. Dernièrement, la Société Générale a annoncé la vente de deux de ses filiales, Société Générale Burkina Faso et Banco Société Générale Mozambique, au groupe panafricain Vista. Cette décision s'inscrit dans la tendance observée chez d'autres grandes banques françaises telles que le Crédit Agricole, la BNP Paribas et BPCE, qui ont déjà cédé leurs participations en Afrique. La cession des filiales de la Société Générale à Vista aura des répercussions sur l'ensemble de leurs activités, leurs clients et leurs employés. La finalisation de cette transaction, prévue pour 2024, est soumise à l'approbation des organismes de régulation compétents. Ce mouvement de retrait des banques françaises de l'Afrique s'explique par diverses raisons. Tout d'abord, les banques françaises cherchent à se recentrer sur les marchés les plus prometteurs, où elles estiment pouvoir obtenir de meilleurs rendements financiers. De plus, l'Afrique est perçue comme une région à risques, caractérisée par un niveau élevé de « créances douteuses », ce qui rend les opérations bancaires plus complexes et risquées. Lire aussi : France: plusieurs banques perquisitionnées pour des soupçons de fraude fiscale Cependant, ce retrait des banques françaises crée un vide sur le marché bancaire africain et offre une opportunité aux acteurs panafricains. Des entités comme le groupe Vista, dirigé par Simon Tiemtoré, sont déterminées à saisir cette occasion afin de renforcer leur présence et de faire de l'Afrique un hub financier et d'investissement majeur. Au cours des cinq dernières années, les banques françaises ont réduit leur présence en Afrique, tout comme les géants britanniques Barclays et Standard Chartered. Cette décision découle d'une déception quant aux performances économiques de leurs filiales, bien que d'autres motivations entrent en jeu. Ce mouvement, qui était à l'origine sporadique, s'est accéléré ces derniers temps. Alors que la Société Générale vient à son tour d'annoncer son retrait de plusieurs pays d'Afrique, les grandes institutions financières européennes continuent de réduire leur présence sur le continent. Il convient de noter que l'Afrique a longtemps été considérée avec optimisme par ces banques, en tant que marché émergent et encore vierge. Cependant, elles réalisent aujourd'hui que l'Afrique demeure un marché difficile et volatile. La grande rivale de la Société Générale, BNP Paribas, a déjà réduit considérablement sa présence en Afrique. Bien qu'elle soit toujours présente dans la banque de détail au Maroc et en Algérie, elle a conclu des accords de cession en 2022 pour ses participations au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Entre 2019 et 2020, elle a réussi à revendre ses 47% dans sa banque gabonaise et a cédé le contrôle de son entité en Tunisie. Le Crédit Agricole, autre géant bancaire français, a également cédé une première tranche de 63,7% de ses parts dans le Crédit du Maroc fin 2022, et prévoit de se délester des 15% restants d'ici un an. En 2018, le groupe BPCE s'était également retiré en vendant ses participations au Cameroun, à Madagascar, en République démocratique du Congo et en Tunisie. Malgré ce retrait massif des banques françaises, il est important de souligner que la Société Générale conserve une présence significative au Maroc et en Côte d'Ivoire, où elle est la plus grande banque. Ces deux pays représentent des marchés clés où la Société Générale souhaite maintenir sa présence et continuer à investir.