Abdelilah Benkirane, leader du Parti de la Justice et du développement (PJD), a réaffirmé son soutien inconditionnel à la résistance palestinienne. Au cours d'un événement de solidarité avec le peuple palestinien, Benkirane a affiché une attitude émotionnelle, allant jusqu'à verser des larmes en évoquant la situation à Gaza. La controverse de Benkirane, c'est en tant qu'ancien chef de gouvernement, il a appelé à mettre fin à la normalisation, une décision de souveraineté prise par l'Etat. Dans son discours qui a duré plus d'une demi-heure, l'ex-chef du gouvernement a souligné que les peuples arabes avaient toujours protégé les Juifs par le passé, mais que cette protection était maintenant ignorée dans les attaques contre la Palestine et les enfants innocents qui en sont victimes. Cette déclaration, accompagnée de ses larmes, visait à renforcer l'appel à rompre les relations avec Israël émis par Benkirane et entériné par le PJD. Cependant, cette prise de position radicale du PJD entre en contradiction directe avec les politiques menées par le Royaume, sous le leadership du Souverain qui a instruit la signature des accords d'Abraham, dans le cadre de sa vision et de sa stratégie politique et diplomatique. Ainsi, cette déclaration du PJD semble remettre en question la volonté royale et risque de nuire aux relations internationales du Maroc. Le PJD, en soutenant l'appel de Benkirane à rompre tout contact et relation de normalisation avec Israël, demande la fermeture du bureau de liaison israélien à Rabat et l'expulsion de tous ses représentants. Ces demandes soulèvent des interrogations sur le soutien du PJD à la diplomatie du Royaume et à son engagement envers la normalisation régionale. Lire aussi : Israël-Maroc : Benkirane et Nabila Mounib, deux pour une controverse Benkirane avait déjà appelé les autorités à rompre les relations avec Israël lors d'une conférence de presse en novembre dernier. Ses déclarations passionnées et ses appels à la fin de « l'histoire de la normalisation » ont été applaudis par certains, mais ont également soulevé des critiques quant à la nature extrémiste de ses propos. En 2013, le groupe des députés du PJD avait déposé une proposition de loi pénalisant toute tentative de normalisation avec Israël, ce qui n'a pas été suivi d'effet. Cette incohérence de la part des islamistes soulève des questions sur leurs véritables motivations et leur capacité à mettre en œuvre leurs propres initiatives. Cette position radicale adoptée par Benkirane et le PJD a également généré des tensions au sein de la population. Des manifestations à Meknès et Tanger ont eu lieu le week-end, avec des manifestants demandant l'abandon de la normalisation avec Israël, considérée comme une « nécessité plus urgente que jamais ». Certains dénoncent même la stigmatisation de ceux qui osent brandir le drapeau palestinien, les exposant à des insultes et à des violences. L'attitude de Benkirane suscite des interrogations quant à l'impact de ses prises de position et de celles du PJD sur la politique étrangère du Maroc. Alors que le pays s'engageait dans une voie de normalisation régionale, la vision polémique et sans compromis de Benkirane risque de mettre en péril les efforts diplomatiques entrepris par le Royaume.