Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a exhorté les pays du monde à s'engager à nouveau en faveur de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) d'ici 2030. « Plus de la moitié de la population dans le monde est laissée pour compte à mi-parcours de la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 », a souligné M. Guterres à l'occasion de la publication du Rapport sur l'état d'avancement des ODD, notant que la promesse collective faite en 2015 d'un avenir mondial plus vert, juste et équitable, est en péril. "Si nous n'agissons pas maintenant, le Programme 2030 deviendra l'épitaphe d'un monde qui aurait pu être", a-t-il déclaré. Le rapport révèle que seulement 12% des 169 cibles des ODD sont en bonne voie, tandis que les progrès sur 50% d'entre elles sont faibles et insuffisants. Le pire de tout, a-t-il dit, est le fait que les progrès sont au point mort ou même inversés sur plus de 30% des objectifs. Les 17 ODD sont dans un triste état en raison des impacts de la pandémie du COVID-19 et de la "triple crise" dévastatrice du climat, de la biodiversité et de la pollution, amplifiée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine, a relevé le chef de l'ONU. Lire aussi : Conflit au Soudan: Guterres alerte sur le risque d'une « conflagration catastrophique » Par conséquent, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté est plus élevé qu'il y a quatre ans. La faim a également augmenté et est maintenant revenue aux niveaux de 2005, et l'égalité des sexes ne sera réalisée que dans environ 300 ans, a-t-il signalé, ajoutant que parmi les autres retombées, il y a des inégalités record et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Le SG de l'ONU a, également, fait observer que de nombreux pays en développement ne peuvent pas investir dans les ODD en raison d'une lourde dette, tandis que le financement climatique est bien en deçà des engagements. Les nations les plus riches n'ont pas encore honoré les 100 milliards de dollars de soutien promis chaque année, a-t-il rappelé, entre autres promesses climatiques. "Le Programme 2030 est un programme de justice et d'égalité, de développement inclusif et durable, de droits humains et de dignité pour tous. Cela nécessite des changements fondamentaux dans la manière dont l'économie mondiale est organisée", a-t-il estimé. M. Guterres a, en outre, appelé à un plan de relance des ODD d'au moins 500 milliards de dollars par an et à des réformes profondes de l'architecture financière internationale, deux recommandations clés du rapport. Ce plan vise à augmenter le financement à long terme abordable pour tous les pays dans le besoin, à lutter contre la dette et à étendre le financement d'urgence – des domaines qui nécessitent tous une action, a-t-il dit. Bien que ces mesures puissent aider à renverser la situation, il a souligné qu'elles ne résoudront pas le problème fondamental du système financier mondial injuste et dysfonctionnel actuel, qui nécessitera des réformes profondes. Réitérant son appel à "un nouveau moment Bretton Woods" – lorsque les premières règles monétaires internationales négociées ont été établies en 1944, y compris le Fonds monétaire international, le haut responsable onusien a souligné que les pays en développement devaient être mieux représentés dans les institutions financières mondiales. Evoquant le sommet des ODD prévu en septembre prochain à New York, M. Guterres a indiqué que ce conclave, qui réunira les dirigeants du monde, sera un moment de vérité et d'espoir pour relancer une nouvelle dynamique pour atteindre ces objectifs.