Publié chaque année depuis 2005, l'indice de performance en matière de changement climatique (Climate Change Performance Index – CCPI) est un outil de suivi indépendant des performances de 59 pays en matière de protection du climat. Les 59 pays évalués par le Climate Change Performance Index dans son rapport 2023 représentent ensemble 92 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces pays sont évalués dans quatre catégories : Emissions de GES, Energies renouvelables, Utilisation de l'énergie et Politique climatique. Parmi les 59 pays, 4 sont des Etats africains. À savoir l'Algérie, l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Maroc, qui affichent des résultats très différents. En effet, si le Maroc continue sur sa bonne lancée, en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et de bonnes politiques climatiques, d'autres font le chemin inverse. C'est le cas notamment de l'Algérie et de l'Afrique du Sud, deux pays qui restent encore très dépendants de leurs ressources fossiles. Le Maroc se retrouve dans le top 10 des pays les plus performants dans le CCPI de cette année Comme les deux années précédentes, le rapport indique que le royaume chérifien a obtenu des résultats élevés dans trois catégories principales du CCPI : Emissions de Gaz à effet de serre, Consommation d'énergie et Politique climatique. Ces performances lui ont valu une 7ème place dans le classement, sachant que les 3 premières places n'ont pas été attribuées. Toutefois, bien que la tendance en matière d'énergie renouvelable soit très élevée au Maroc, le pays a obtenu une note très faible dans cette catégorie. La faute, selon le rapport, au manque de décentralisation des énergies renouvelables et au fait que les citoyens ne sont pas encouragés à produire leur propre énergie renouvelable. À ce propos, il faut quand même souligner que la chambre des représentants du Maroc a approuvé à l'unanimité, en décembre 2022 lors d'une séance législative, le projet de loi n° 82.21 relatif à l'autoproduction de l'énergie électrique. D'une manière générale, le rapport note que le Maroc a été à l'avant-garde de la réduction de ses émissions de GES et a renforcé cet effort après la COP22. Les experts de la CCPI se félicitent des progrès réalisés par le pays au cours des dernières années, mais critiquent néanmoins les lois actuelles pour leur manque de force d'exécution et pour le manque d'adhésion du secteur industriel à ces lois. L'Egypte est le deuxième pays africain dans ce classement. La République arabe a gagné une place et se retrouve au 20ème rang. Il obtient une note élevée pour les émissions de GES et la consommation d'énergie, une note moyenne pour la politique climatique, mais une note très faible pour les énergies renouvelables. L'Afrique du Sud et l'Algérie dégringolent L'Afrique du Sud (44ème), premier pollueur africain, a reçu des notes très faibles pour les énergies renouvelables, pour les émissions de gaz à effet de serre et pour sa politique climatique, mais une note élevée pour la consommation d'énergie. Les experts nationaux de la CCPI ont salué dans leur rapport le plan de transition énergétique équitable que le pays essaye de mettre en œuvre avec le soutien de certains pays occidentaux. Cependant, ils critiquent le fait que peu de détails soient rendus publics. Ils critiquent également les subventions et le soutien du gouvernement aux combustibles fossiles. L'Afrique du Sud fait en effet partie des neuf pays responsables de 90 % de la production mondiale de charbon. Cette situation est jugée incompatible avec l'objectif de 1,5 °C. Dans l'ensemble, le pays est invité à mettre en place un plan clair d'élimination progressive des combustibles fossiles, d'augmenter le financement de la lutte contre le changement climatique et pour une transition énergétique équitable. Dernier pays africain du classement, l'Algérie arrive à la 48ème position. Le pays affiche pourtant un bon score en termes de réduction de CO2, mais est pénalisé par la faible progression au niveau des énergies renouvelables et dans les deux autres catégories. Malgré cette position, l'Algérie, à l'image des autres pays du Maghreb, affiche des ambitions élevées en termes d'énergie propre. Le pays a récemment lancé un appel d'offres pour 2 GW d'énergie solaire. Il cherche également à se positionner sur le marché émergent d'hydrogène vert en exploitant son énorme potentiel renouvelable et sa position géographique idéale pour approvisionner le marché européen.