Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés, dimanche à Tunis, pour réclamer la remise en liberté d'une vingtaine d'opposants politiques arrêtés dernièrement sur fond d'accusations présumées de « complot contre la sécurité de l'Etat ». Répondant à l'appel du Front du Salut National (FSN), une coalition politique tunisienne, les manifestants ont franchi les barrières de sécurité au centre-ville Tunis et poursuivi leur marche en direction de l'avenue Habib Bourguiba, malgré l'interdiction de manifester par les autorités locales. Cette manifestation a vu le déploiement d'un important dispositif sécuritaire, après que les manifestants se sont attachés à leur droit de marcher en protestation contre la décision du gouverneur de Tunis qui a refusé, vendredi, d'accorder l'autorisation de manifester aux militants du FSN. Dans un discours aux manifestants, le président du FSN, Néjib Chebbi, a annoncé que les partisans du parti observeront un sit-in hebdomadaire tous les mercredi à midi, en guise de solidarité avec les gardés à vue, jusqu'à leur remise en liberté. « Le front du salut poursuivra aussi ses réunions et mobilisera toutes les forces politiques et civiles dans les régions pour parvenir à la formation d'un front national unifié », a-t-il précisé. « Les actions de militantisme se poursuivront de manière à ne pas renoncer aux acquis de la révolution et la liberté d'expression, malgré les tentatives d'interdiction de manifester », a-t-il soutenu. Cette protestation intervient au lendemain d'une marche organisée par la puissante centrale syndicale, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), pour protester contre l'arrestation d'un de ses membres. Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a rejeté aussi les arrestations d'opposants et appelé le président Kaïs Saïed au « dialogue » et à des « changements démocratiques et pacifiques ». La Tunisie connaît, dernièrement, une série d'arrestations d'hommes politiques, de figures de l'opposition, d'activistes de la société civile, de responsables de médias et de syndicalistes, suscitant une vague d'indignation de plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme. Depuis le coup de force du président Saïed qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, plusieurs figures politiques font l'objet de poursuites judiciaires dénoncées par l'opposition comme des règlements de comptes politiques.