L'inscription de l'Afrique du Sud sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI) suscite de nombreuses inquiétudes quant à l'état des institutions financières, des autorités de régulation et de l'environnement d'investissement dans le pays, a indiqué lundi le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa. « Nous sommes déterminés à sortir de cette situation le plus rapidement possible. C'est important non seulement pour notre position internationale, mais aussi pour notre propre capacité à lutter contre ces crimes dans notre pays« , a déclaré M. Ramaphosa dans sa Newsletter hebdomadaire. La semaine dernière, le GAFI a inscrit l'Afrique du Sud dans la catégorie de « juridiction sous surveillance accrue », connue sous l'appellation de liste grise, à cause de la non-conformité de ses lois aux normes de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Cette décision qui a été prise lors de l'Assemblée Générale du GAFI, tenue à Paris, place ce pays d'Afrique australe avec des pays tels que le Haïti et le Mozambique. M. Ramaphosa a souligné ainsi que l'évaluation mutuelle entre l'Afrique du Sud et le GAFI, qui a été menée en 2019, avait permis de détecter un certain nombre de lacunes dans la juridiction et les institutions du pays, alors qu'il venait juste de sortir de l'ère de la « Capture de l'Etat ». « Ce phénomène avait eu un impact particulièrement néfaste sur des institutions telles que l'Administration des impôts (SARS), l'Autorité nationale des poursuites pénales (NPA) et le Département des crimes prioritaires (Hawks) », a-t-il déploré. Lire aussi : Sortie du Maroc de la liste grise du GAFI : un nouveau cap historique franchi Réagissant à la décision du GAFI, le Congrès national africain (ANC au pouvoir) a appelé le gouvernement à mettre rapidement en œuvre la stratégie nationale de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme qui a été adoptée en novembre dernier en vue de sortir de la liste grise. Il a également souligné que la période de capture de l'Etat était la principale cause derrière cette dégradation, notant que l'action rapide requise par le GAFI était conforme aux recommandations de la Commission judiciaire d'enquête sur la corruption généralisée qui avait régné dans le pays durant les dernières années. Pour sa part, la plus grande fédération syndicale sud-africaine « Cosatu » a mis en garde que le pays était devenu désormais un paradis pour les individus à la richesse douteuse, exhortant le gouvernement à redoubler d'efforts pour renforcer ses systèmes de sécurité financière du pays. Les conséquences de la décision du GAFI seraient, en effet, lourdes pour l'économie du pays, déjà embourbée dans un ralentissement économique qui dure depuis plusieurs années. Ainsi, le coût des affaires en Afrique du Sud devrait augmenter, entraînant une baisse des investissements étrangers. Les Sud-africains peuvent également trouver plus onéreux d'envoyer des fonds à l'étranger et d'effectuer des transactions avec des banques internationales. Le groupe bancaire sud-africain Standard Bank a récemment mis en garde que cette décision risque d'exclure l'Afrique du Sud du système financier mondial. « Le fait d'être signalé par le GAFI conduirait certainement à l'inscription de l'Afrique du Sud sur la liste noire du Royaume-Uni et de l'Union européenne (UE), ce qui expulserait le pays du système financier mondial », a déclaré le directeur général du Groupe, Sim Tshabalala. Cette décision, explique-t-il, portera inéluctablement atteinte à la réputation du pays et pourrait également entraîner des sorties de capitaux et de devises, rendre les emprunts plus chers et revoir à la hausse les coûts des transactions, de gestion administrative et de financement des banques.