Le Policy Center for the New South (PCNS) a procédé, mercredi à Marrakech, à la publication de la 9ème édition du Rapport « Atlantic Currents« , et ce en marge de la 11ème édition de la Conférence internationale annuelle « The Atlantic Dialogues« . Signée par 13 auteurs africains, américains et européens, la publication phare du PNCS propose des analyses d'experts issus de l'Atlantique élargi autour d'un thème aligné sur celui de la conférence à savoir : « Coopérer dans un monde en mutation : opportunités pour l'Atlantique élargi ». Dans la préface du ce Rapport, dont il a assuré la coordination, Mohammed Loulichki, ancien ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies et Senior Fellow du Policy Center, revient sur le contexte de crise débattu par les auteurs, chacun à partir d'un angle spécifique. A ce propos, il a souligné que « les nations du monde étaient à peine sorties de la phase la plus pénible et la plus coûteuse de la pandémie de Covid-19, essayant toujours d'en gérer les conséquences et d'entamer leur convalescence, lorsqu'elles ont été forcées d'affronter les conséquences d'une guerre dont elles n'étaient pas responsables, mais qui a eu un sévère impact en termes de flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, de forts taux d'inflation et de hausse de la dette publique ». Le président exécutif du Policy Center for the New South, Karim El Aynaoui, ajoute quant à lui, en introduction, que « ces défis sont exacerbés par l'impact du changement climatique, qui a intensifié les questions de pénurie d'eau, de sécurité alimentaire et les risques de mouvements sociaux ». « Répondre à ces défis globaux requiert des politiques publiques décisives et coordonnées au niveau local, aussi bien que de la coopération entre le Nord et le Sud, en particulier dans le contexte de l'Atlantique élargi », estime-t-il. Lire aussi : Marrakech : Ouverture de la 11éme Conférence Internationale « The Atlantic Dialogues » Les huit chapitres du Rapport brossent un tableau des grands questionnements en cours dans le Sud global : consensus Nord-Sud, énergie, climat, inflation, sécurité alimentaire. Ian Lesser, vice-président du think tank américain US German Marshall Fund, organisateur du Forum de Bruxelles, s'est penché; pour sa part, sur « L'Atlantique Sud revisité : quelle portée pour un consensus Nord-Sud ? « . De son côté, Jorge Castañeda, ancien Secrétaire d'Etat pour les relations extérieures du Mexique, aujourd'hui professeur à l'Université de New York, revient sur les cas du Chili et de la Colombie, en termes « d'explosions sociales et de résultats institutionnels ». Sur le plan de l'économie, les experts sénégalais Moubarack Lo, Senior Fellow du Policy Center et Amaye Sy s'attardent quant à eux sur la problématique de l'inflation. De leur côté, deux jeunes économistes du Policy Center, Afaf Zarkik et Sabrine Emran, dressent une analyse comparative de « la mise en œuvre d'une transition énergétique effective » dans la région atlantique. Alors que l'Afrique du Sud dépend toujours de son charbon, le Brésil « dispose d'un secteur des énergies renouvelables bien établi pour des raisons historiques », en raison de son industrie sucrière, qui rend le carburant mélangé d'éthanol disponible comme carburant dans les stations-service. Le Maroc, lui, se distingue par une politique volontariste qui a fait passer les énergies renouvelables de « 0 % à 15 % dans le mix énergétique depuis 2000, 20 % si l'on inclut l'hydraulique ». Dans le domaine sécuritaire, deux experts italiens, Alessandro Minuto-Rizzo et Umberto Profazio, respectivement président et analyste pour la région du Golfe et du Maghreb au NATO Defense College Foundation, livrent des réflexions stratégiques sur « L'Otan et le Sud dans une compétition renouvelée de grandes puissances ». Les auteurs mentionnent ainsi le fait que l'Otan, une « alliance politico-militaire, dans cet ordre (...) considère le changement climatique comme un facteur stratégique et regarde de plus en plus vers le Sud ». Depuis la fin de la guerre froide dans les années 1990, l'Otan a « projeté la stabilité dans son voisinage immédiat », sans grand succès, en partie par manque de moyens et en raison du fait que le Sud de la Méditerranée et les pays du Golfe restent une région divisée, poursuivant des « agendas différents », expliquent-ils, notant que le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord n'en restent pas moins perçus, malgré la guerre en Ukraine, comme « le bas-ventre mou de l'Alliance, surtout le long des rives de la Méditerranée ». Fatima Ezzahra Mengoub, économiste senior du Policy Center, examine avec le post-doctorant Ahmed Rachid El-Khattabi, la question de la « sécurité de l'eau dans le Bassin Atlantique : implications et directions futures ». Enfin, un ancien membre du programme Atlantic Dialogues Emerging Leaders (ADEL), le Marocain Hamza Rkha Chaham, fondateur de la société SOWIT, explique « l'inévitable convergence entre l'agriculture et la technologie », un secteur crucial pour la sécurité alimentaire.