Des militaires ont été déployés samedi en fin de matinée dans les grands axes de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, peu après une rafale de tirs entendue dans le centre-ville, rapportent des médias sur place. Ce regain de tension intervient au lendemain d'un coup d'Etat au cours duquel des militaires ont démis de ses fonctions le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir par un putsch le 24 janvier. Plusieurs témoins ont indiqué à des médias à Ouagadougou avoir entendu une rafale de tirs aux alentours du rond-point des Nations Unies, dans le centre-ville, en fin de matinée. Les mêmes sources ajoutent que des militaires ont repris leurs positions pour bloquer les principaux axes de la ville et notamment le quartier de Ouaga 2000 qui abrite notamment la présidence, notant que des hélicoptères survolaient le centre-ville à la mi-journée. Les commerçants, qui avaient rouvert leurs magasins dans la matinée de samedi alors que le calme était revenu ont fermé boutique et s'empressaient de quitter le centre-ville, selon des médias. Vendredi soir, des militaires ont pris la parole sur la télévision nationale pour annoncer le limogeage du colonel Damiba, dont le sort restait inconnu samedi matin. Les militaires, qui invoquent notamment « la dégradation continue de la situation sécuritaire » dans le pays, ont décidé de suspendre la Constitution et la charte de la Transition, de dissoudre le gouvernement et l'Assemblée législative de la Transition, d'instaurer un couvre-feu de 21h à 5h, de fermer les frontières jusqu'à nouvel ordre, de suspendre toute activité politique et de convoquer « incessamment les forces vives de la Nation » afin de désigner un « nouveau président du Faso, civil ou militaire ». Dans un communiqué, les militaires, dirigé par un capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré, chef de l'unité des forces spéciales antijihadistes « Cobra » dans la région de Kaya (nord), ont déclaré que les ambitions de Damiba s'étaient « écartées de l'idéal commun » du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Les actions de Damiba « nous ont progressivement convaincu que ses ambitions s'écartent largement de notre idéal commun », ont affirmé ces militaires. « Les choix hasardeux du lieutenant-colonel Damiba ont progressivement affaibli notre système sécuritaire et les lourdeurs administratives qui caractérisent le régime déchu se sont aggravées sous la transition compromettant ainsi les opérations à caractère stratégiques », ont-ils souligné dans le communiqué . Le coup d'Etat, le 2ème en moins de huit mois au Burkina Faso, a été condamné fermement par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), ainsi que par l'Union africaine UA et l'Union européenne. Le coup de force « met en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois, notamment de la part de la Cédéao, afin d'encadrer la Transition », a dit le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans un communiqué.