Nabil EL BOUSAADI Au lendemain de la mutinerie qui avait touché plusieurs casernes militaires au Burkina-Faso pour dénoncer l'incapacité du chef de l'Etat à faire face aux groupes jihadistes, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) présidé par le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Damiba avait arrêté le président Roch Marc Christian Kaboré, avant de le démettre de ses fonctions puis de le placer en résidence surveillée dans une villa à Ouagadougou. Après avoir suspendu la Constitution et dissous le gouvernement et l'Assemblée Nationale, le nouvel homme fort du Burkina-Faso, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, 41 ans, un officier formé à l'Ecole militaire de Paris, avait confié la gestion du pays à un gouvernement militaire. Or, bien que les burkinabés soient descendus, dès le lendemain, dans les rues de la capitale, Ouagadougou, pour apporter leur soutien aux putschistes alors qu'à la veille du coup d'Etat, la France, l'ancienne puissance occupante du pays, avait proposé à l'ex-président « une exfiltration d'urgence » avant de perdre le contact avec lui, – ce qui présuppose que le président Kaboré avait été désavoué aussi bien par son armée, que par ses concitoyens et par la France – la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), n'ayant point voulu cautionner le coup d'Etat, a demandé, ce jeudi, aux nouvelles autorités du pays de lui présenter un calendrier « raisonnable pour le retour à l'ordre constitutionnel ». Ayant pris « note de l'invitation » des Etats ouest-africains, la junte, désormais, au pouvoir au Burkina-Faso, a rendu public, le samedi 5 Février, un décret signé par le nouveau chef de l'Etat, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, annonçant la création d'«une commission technique d'élaboration de projet de textes et de l'agenda de la transition ». Composée de quinze membres parmi lesquelles des juristes, des sociologues, des économistes et des militaires, qui travaillent « à titre bénévole » et exercent leur mission dans un « esprit patriotique et un dévouement absolu à la nation », cette commission qui est « indépendante et à l'abri des pressions et manœuvres contraires à l'intérêt général » a été chargée d'« élaborer », dans un « délai de deux semaines (...), un projet de charte et d'agenda assorti d'une proposition de durée de la transition et des modalités de mise en œuvre ». Le décret sus-visé annonce, également, que cette commission devra procéder à la « consultation des forces vives » de la Nation et recourir « à l'histoire nationale et aux expériences d'ailleurs tout en privilégiant l'innovation et l'imagination créatrice ». Aussi, pour montrer sa bonne volonté, la junte a rétabli la Constitution du pays après l'avoir suspendu au moment du putsch – en faisant, ainsi, la plus brève suspension de la loi fondamentale d'un pays du continent africain – et annoncé, à la délégation conjointe de la CEDEAO et de l'ONU qui a rencontré le nouvel homme fort du pays et le président déchu, son entière disposition à rétablir, au plus vite, le fonctionnement normal des institutions. Ainsi, à l'issue de sa visite au Burkina-Faso, la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Shirley Ayorkor Botchwey a déclaré que le chef de la junte et ses adjoints lui ont paru « très ouverts aux suggestions et aux propositions » de la CEDEAO et de l'ONU et assuré que le président déchu « va très bien ». Est-ce à dire que la communauté internationale va finalement « cautionner » le coup d'Etat ayant évincé le président Roch Marc Christian Kaboré ? Tout va dans ce sens mais attendons pour voir...