Par Mouhamet NDIONGUE Au Maroc les banques semblent se refaire une santé financière, après le choc sans précédent en 2020. Aujourd'hui, le Maroc entre dans une phase de normalisation alors que la pandémie de Covid-19 s'atténue pendant que le secteur agricole et la demande extérieure se redressent. Cependant, la reprise reste incomplète et asymétrique. Qu'en est-il des banques marocaines ? Au fur et à mesure que la crise perdure, le déficit budgétaire se résorbe. Un déficit plus modéré que bon nombre de ses pairs au début de la pandémie a permis aux autorités marocaines d'opérer une augmentation contracyclique des dépenses publiques en réponse à la crise. La reprise des exportations étant inférieure à celle des importations, l'amélioration de la balance courante de l'année dernière s'inverse partiellement. Les déficits commercial et courant se creusent à nouveau, bien que l'évolution confortable du stock de réserves de change démontre que cette tendance ne se traduise pas par une pression sur la balance des paiements, a estimé la Bank Al Mahgrib dans son rapport sur les perspectives économique 2021/2022. Malgré des signes de normalisation, la dynamique du secteur bancaire suggère que certaines vulnérabilités persistent. La politique monétaire continue de soutenir la reprise, les injections de BAM augmentant à nouveau au troisième trimestre 2021. Cependant, la croissance du crédit reste timide, le crédit à la consommation étant proche d'une reprise complète tandis que le crédit à l'investissement continue de baisser. Lire aussi: BAM satisfait l'intégralité des demandes de refinancement des banques Avec la normalisation de la production agricole, la croissance du PIB devrait ralentir à 3,2 % en 2022. Après une saison de récolte réussie en 2021, la production agricole devrait se contracter légèrement en 2022, ce qui réduira le taux de croissance global de l'économie marocaine, car le fort effet de base de 2020 s'estompe. Ces perspectives sont toutefois soumises à une incertitude importante, car le choc du Covid-19 a laissé des cicatrices sur le secteur privé marocain et les risques pour l'économie mondiale s'intensifient, en particulier compte tenu de la propagation des variantes Omicron. En revanche, l'année 2021 s'est terminée avec un déficit de 64,8 milliards de dirhams, en baisse de 18,6 milliards de dirhams par rapport à l'année précédente et de 6,7 milliards de dirhams par rapport à novembre 2021, reflétant l'augmentation des réserves de change. L'avis de CDG Capital Insight pour les banques En décembre 2021, CDG Capital Insight a établi les principaux enjeux du secteur bancaire pour 2021. Pour cette fin d'année, le secteur bancaire marocain devrait continuer de bénéficier globalement d'une toile de fond assez favorable, bien qu'il fait face à une évolution positive de l'encours des crédits, tandis que la distribution des crédits est portée principalement par la reprise de la croissance économique prévue pour cette année, les croissances enregistrées du PIB courant T2 et T3 2021 de 15,2% et 5,9% respectivement, a affirmé CDG Capital Insight. Par ailleurs, le rapport de la CDG estime que la poursuite des mesures de soutien et de relance, qui ont été prolongées jusqu'à la fin du 2ème trimestre de 2021, ont contribué au dynamisme qu'ont connu les crédits de trésorerie. En effet, à fin juin 2021, l'encours des crédits débiteurs et de trésorerie ressort à 227 milliards de dirhams, contre 206 milliards de dirhams à fin décembre 2020, soit une hausse de 21 milliards de dirhams. Par ailleurs, l'encours des crédits distribués dans le cadre des programmes Relance est passé de 35 milliards à fin 2020 à environ 45 milliards à fin juin 2021, soit une hausse d'environ 10 milliards. Tenant compte de ces éléments et selon les dernières prévisions de Bank Al Maghrib, CDG note que le rythme d'évolution des crédits destinés au secteur non financier devrait terminer en 2021 avec une progression de 3,7%, soit un niveau légèrement inférieur à celui enregistré en 2020. Etablissements de crédits: les bonnes notes du FMI En peine pandémie du coronavirus, BAM a largement protégé les banques marocaines avec un soutien rapide et étendu pour résister à la pandémie. De l'autre côté, le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) au Maroc, Roberto Cardarelli, a déclaré le 10 décembre que les banques marocaines ont résisté à la crise du Covid-19, continuant à lutter malgré les profondes retombées socio-économiques de la pandémie mondiale, dans une déclaration lors d'une vidéoconférence pour la présentation des conclusions de l'évaluation de la mission annuelle des services du FMI sur la situation économique du pays. Lire aussi: Relance, les banques se mettent en ordre de bataille Il a déclaré que « grâce à une campagne de vaccination très réussie et à la réponse rapide des autorités, la crise sanitaire est maîtrisée et l'économie marocaine rebondit. L'activité économique a récupéré l'essentiel du terrain perdu lors de la grave récession mondiale de 2020, qui n'a pas épargné le Maroc. Cette performance est due à la poursuite des mesures de relance budgétaire et monétaire, au rebond des exportations, au dynamisme des envois de fonds et à la récolte exceptionnelle après deux années de sécheresse. Après avoir diminué de 6,3 % en 2020, le PIB devrait augmenter de 6,3 % en 2021, l'un des plus élevés de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. » Entre le 30 novembre et le 10 décembre, Cardarelli et une équipe du FMI ont visité le Maroc pour une évaluation des performances économiques du pays. Il a expliqué que la rapidité et l'ampleur du soutien apporté par Bank Al-Maghrib (BAM) ont permis aux banques marocaines de résister aux répercussions économiques profondes de la crise du Covid, durant laquelle Bank Al-Maghrib a maintenu ses taux directeurs inchangés, de même que son apport de liquidités pour soutenir le secteur bancaire.