Une nouvelle fois, le Royaume se démarque par son approche anticipative et proactive en autorisant et en se dotant, parmi les premiers pays au monde, du nouveau médicament anti Covid Molnupiravir produit par le laboratoire américain Merck . Un médicament, dont l'importance réside dans sa prise facile par voie orale, à domicile sans hospitalisation, pour éviter l'évolution dans trois cas sur dix vers l'hospitalisation et les états graves. Il constitue, à côté du Paxelovid de Pfizer, qui a une efficacité dans neuf cas sur dix, et certainement d'autres qui suivront après, un nouvel outil tant attendu dans la lutte contre la pandémie. Un outil anti pandémique de plus certes, mais ne prétendant aucunement se substituer à la vaccination. Le Molnupiravir est un antiviral utilisé pour traiter les cas du COVID-19 légers à modérés, non les cas graves ou déjà hospitalisés, chez les adultes qui ont, au moins, un facteur de risque de développer une maladie COVID grave comme l'âge de plus de 60 ans, le diabète, l'hypertension artérielle, l'obésité ... Son efficacité finale au vu des essais cliniques de 30% permet de faire éviter trois hospitalisations sur dix s'il est pris à temps, soit au plus tard dans les trois à cinq jours suivant l'apparition des symptômes du COVID-19, confirmé par un test. L'accès facile et abordable aux tests est donc nécessaire pour pouvoir bénéficier de ce traitement à temps. La dose recommandée est de quatre gélules deux fois par jour à prendre régulièrement pendant 5 jours. Il est contre indiqué chez les personnes qui ont une allergie au Molnupiravir ou à l'un de ses constituants, chez les femmes enceintes ou susceptibles de l'être, chez les femmes allaitantes et les enfants de moins de 18 ans. Des effets indésirables peuvent survenir comme : la diarrhée, la nausée, le vertige, les céphalées .... Ce sont là les indications médicales du Molnupiravir, mais sa place dans le protocole thérapeutique dans la prise en charge du COVID reste à déterminer par les autorités de santé de chaque pays selon la situation épidémiologique, vaccinale, les moyens économiques, la disponibilité de ces médicaments, et l'accès à d'autres thérapeutiques. La guerre contre le COVID repose sur la prévention (mesures barrières et vaccination), la protection contre les formes graves (par la vaccination et les anticorps monoclonaux devant les cas graves ou à risque de l'être), la prise en charge hospitalière et en réanimation pour juguler les complications de la maladie et sauver des vies. Ces antiviraux apportent donc une arme de plus contre le COVID, et sont une plus value dans la riposte contre la pandémie, mais loin d'être une solution magique. Aussi simples à prendre soient-ils, aussi efficaces soient-ils, ces médicaments ne peuvent en aucun cas remplacer la vaccination. La vaccination à trois doses protège contre l'infection et plus de 90% contre l'hospitalisation et les formes graves. Les vaccins sont beaucoup moins chers que ces médicaments et peuvent être donnés à pratiquement tout le monde en prévention sans contraintes de délai de cinq jours ou d'accès aux tests. Cette classe de médicaments trouve sa place et son intérêt dans la prise en charge des personnes qui ne répondent pas convenablement aux vaccins de par leur âge, leurs maladies chroniques ou des médicaments immunosuppresseurs qu'ils suivent, et chez les personnes dont la vaccination a été contre indiquée pour des raisons médicales. Avec le renforcement de l'immunité populationnelle par la large vaccination sociétale et planétaire et l'extinction de la pandémie, le virus circulera moins et causera moins de cas graves, avec l'apport de ces antiviraux, le COVID-19 sera moins contraignant pour la vie sociale et sans menace sur les systèmes de santé. Avec des antiviraux faciles à prendre, largement disponibles et moins chers, seules les personnes fragiles pourraient peut-être avoir besoin de rappels vaccinaux. *Médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé