La demande de remise en liberté des détenus dans le cadre des événements d'Al-Hoceima, alors qu'ils font l'objet d'un procès et que les procédures judiciaires ont été engagées, « est beaucoup plus une demande morale et et solidaire -avec les détenus et leurs familles-, que réaliste », a affirmé Naoufal Bouamri, Avocat au barreau de Tétouan. « Comment serait-il possible de remettre en liberté ces détenus alors que le procès est toujours en cours ?. Est-il possible aussi de suspendre le procès? », s'est interrogé Me Bouamri qui commentait, dans une déclaration à la MAP, les jugements prononcés à l'encontre des personnes poursuivies dans le cadre des évènements d'Al Hoceima. »A l'exception d'une seule disposition contenue dans l'article 58 de la Constitution, cette demande demeure vide de tout sens », a-t-il affirmé. Focaliser sur cette demande sans pour autant déterminer la méthode de sa mise en oeuvre, sachant que le procès est déjà entamé et que les détenus ont été déférés devant le parquet et devant le juge d'instruction à Casablanca, et omettre le processus judiciaire qui a débuté depuis plusieurs jours, occulte la principale demande qui consiste à garantir un procès équitable comme stipulé par la Constitution marocaine et le code de procédure pénale, a estimé Me Bouamri. Tout observateur neutre des événements d'Al-Hoceima remarquera que les protestations, depuis plus de six mois, se sont déroulées de manière normale et pacifique et sans intervention sécuritaire, a-t-il dit, estimant que « l'incident lors de la prière du vendredi a constitué un tournant dans ces protestations et leur traitement par l'Etat ». Selon l'avocat, il est aujourd'hui nécessaire d'exercer l'ensemble des droits à partir des obligations qui sont fixées par les lois qui en régissent la pratique, puisque la logique de l'Etat de droit place l'autorité de la loi au-dessus de tous qu'il s'agisse des manifestants ou de l'Etat. Concernant le débat actuel au sujet de la présence sécuritaire dans la province d'Al-Hoceima, Me Bouamri a estimé que la sécurité est obligatoire et que certains de ses aspects sont nécessaires non seulement dans cette province mais également dans les autres villes marocaines, afin de préserver la sécurité publique et de protéger les propriétés publiques et privées, tant que cette présence sécuritaire est conforme à la loi et respecte les droits et les libertés fondamentales comme stipulé par l'article 21 de la Constitution. Sa Majesté le Roi insiste d'ailleurs sur la nécessité de garantir la pratique constitutionnelle de ces mêmes droits, a souligné l'avocat.