«Certaines personnes peuvent remettre en cause l'équité du procès mais encore une fois c'est à la justice en appel de se prononcer sachant que ces personnes doivent fournir des preuves étayant leurs dires et ne pas se contenter de jugements de valeur». «Tout paraît pour le moment logique». Les propos émanent de Me Mohamed Houcine Kerrout, avocat au barreau de Rabat. En réaction au procès des personnes poursuivies dans le cadre des événements d'Al-Hoceima, plusieurs avocats ont affirmé que les procédures prévues par la loi ont été respectées. S'agissant des allégations de torture, Me Kerrout explique que sur 32 personnes placées en garde à vue dans le cadre de cette affaire, une dizaine seulement a demandé une expertise médicale. «Il va falloir attendre les résultats de l'expertise pour se prononcer mais il est curieux quand même qu'une diziaine de personnes seulement parlent de torture et que les 22 autres n'aient rien signalé», indique la même source. Concernant le verdict de la justice, Me Kerrout affirme qu'il ne s'agit pas de commenter les peines prononcées mais il s'est interrogé sur le fait que les critiques sur l'équité du procès aient été formulées après le verdict de la justice et non pas avant alors que les personnes relaxées n'ont pas formulé de critiques. «L'affaire est toujours devant la justice et c'est à la justice seule de se prononcer. Maintenant, il faut éviter de faire des commentaires dans les médias qui puissent influencer les jugements puisque la justice doit faire son travail en toute indépendance», dit-il. Et de conclure : «Certaines personnes peuvent remettre en cause l'équité du procès mais encore une fois c'est à la justice en appel de se prononcer sachant que ces personnes doivent fournir des preuves étayant leurs dires et ne pas se contenter de jugements de valeur». De son côté, Me Othmane Ghazali, avocat au barreau de Rabat, a affirmé que les personnes poursuivies dans le cadre des événements d'Al Hoceima ont le droit de faire appel du jugement prononcé à leur encontre en première instance. Selon la même source, la défense des accusés aura la possibilité en appel d'évoquer la dureté des peines prononcées contre ses clients et le ministère public pourrait pour sa part mettre l'accent sur la nécessité d'aggraver les peines. «Tous les accusés ont été soutenus par leurs avocats et ont joui de toutes les garanties stipulées par la loi devant le tribunal pour répondre aux accusations portées à leur encontre», a-t-il conclu. Même son de cloche chez Me Brahim Rachidi, avocat au barreau de Casablanca, pour qui «les garanties d'un procès équitable ont été respectées dans le cadre de l'affaire des personnes poursuivies dans le cadre des événements d'Al Hoceima». Dans une déclaration à la presse, Me Rachidi a fait savoir que «selon les observations de quelques collègues ayant assisté aux audiences, les garanties d'un procès équitable ont été respectées», concluant que la défense des accusés était professionnelle, respectant les principes de la profession et de la défense des droits de l'Homme, qu'il s'agisse de victime ou d'accusé. Pour sa part, Naoufal Bouamri, avocat au barreau de Tétouan, pense que la demande de remise en liberté des détenus dans le cadre des événements d'Al-Hoceima, alors qu'ils font l'objet d'un procès et que les procédures judiciaires ont été engagées, «est beaucoup plus une demande morale et et solidaire -avec les détenus et leurs familles-, que réaliste». Tout observateur neutre des événements d'Al-Hoceima remarquera que les protestations, depuis plus de six mois, se sont déroulées de manière normale et pacifique et sans intervention sécuritaire, a-t-il dit, estimant que «l'incident lors de la prière du vendredi a constitué un tournant dans ces protestations et leur traitement par l'Etat». Selon l'avocat, il est aujourd'hui nécessaire d'exercer l'ensemble des droits à partir des obligations qui sont fixées par les lois qui en régissent la pratique, puisque la logique de l'Etat de droit place l'autorité de la loi au-dessus de tous qu'il s'agisse des manifestants ou de l'Etat.