La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a rappelé l'urgence d'agir face à une « reprise à deux vitesses divergentes« , à la veille de la réunion du G20 finances qui s'ouvre vendredi à Venise avec au centre des débats le projet de taux minimum d'imposition des multinationales. « Le monde fait face à une reprise à deux vitesses de plus en plus marquées, sous l'effet de différences spectaculaires en matière d'accès aux vaccins, de taux de contamination et de capacité à adopter des mesures de soutien. À cette heure critique, il est urgent pour le G20 et pour les dirigeants du monde entier de passer à l'action« , a plaidé Mme Georgieva dans une tribune publiée sur le site du FMI. Selon les estimations de l'institution financière basée à Washington, « accélérer la vaccination des populations à risque pourrait sauver plus d'un demi-million de vies rien qu'au cours des six prochains mois« . Mais, en raison de leur faible taux de vaccination, les pays plus pauvres sont davantage exposés au virus et à ses variants. Si le variant delta suscite partout l'inquiétude, y compris dans les nations du G20, il alimente déjà une flambée brutale des contaminations en Afrique subsaharienne. « Dans cette région, moins d'un adulte sur cent est entièrement vacciné, alors que la moyenne est de plus de 30 % dans des pays plus avancés. Le fait que des populations restent non vaccinées, où que ce soit, augmente le risque de voir apparaître des variants encore plus mortels, ce qui saperait les avancées engrangées partout ailleurs et nuirait encore plus à l'économie mondiale« , a insisté la patronne du FMI. → Lire aussi : Reprise post-pandémie: La BM et le FMI établissent un "groupe consultatif de haut niveau" Les nations plus pauvres doivent renforcer la vaccination et soutenir leur économie, mais la diminution des ressources budgétaires leur compliquera encore la tâche, a-t-elle fait remarquer. Des millions de personnes resteront donc sans protection et en proie à la pauvreté, à la faim et au sans-abrisme croissants. La crise a déjà aggravé l'insécurité alimentaire et de nombreux pays craignent à présent de voir les cours des denrées alimentaires s'emballer à nouveau. Autre point préoccupant est la récente augmentation de l'inflation, tout particulièrement aux Etats-Unis. « Nous savons que le rapide redressement de ce pays profitera à de nombreux pays, grâce à l'augmentation des échanges ; et jusqu'ici, les anticipations d'inflation ont été stables. Le risque existe toutefois que l'inflation ou les anticipations connaissent une hausse plus soutenue, ce qui pourrait nécessiter plus tôt que prévu un durcissement de la politique monétaire américaine« , souligne Mme Georgieva en rappelant que d'autres pays font face à des problèmes du même ordre en raison de la hausse des prix des produits de base et des denrées alimentaires. Alertant que « l'heure est critique », elle estime que « si nous voulons remédier aux écarts qui se creusent dans cette reprise à deux vitesses, nous devons passer à l'action de toute urgence » en énumérant une série de recommandations: renforcer la coopération internationale pour mettre fin à la pandémie, redoubler d'efforts pour asseoir la reprise et accroître l'aide aux pays vulnérables. « Les pays plus pauvres sont confrontés à une double épreuve dévastatrice : ils risquent de perdre la course contre le virus ; et ils pourraient rater l'occasion de participer à la transition historique vers une nouvelle économie mondiale bâtie sur des fondations vertes et numériques », a-t-elle encore prévenu. D'après les estimations de l'institution financière, les pays à faible revenu doivent dépenser environ 200 milliards de dollars en cinq ans pour la seule lutte contre la pandémie. En outre, il leur faudra 250 milliards de dollars pour créer l'espace budgétaire requis afin de mener des réformes transformatrices et se remettre ainsi sur la voie du rattrapage avec des niveaux de revenu plus élevés. « L'initiative du G20 pour la suspension du service de la dette a offert du répit sur le plan budgétaire. Mais étant donné la nécessité d'accorder un allégement de dette permanent, nous devons rendre le nouveau cadre commun pleinement opérationnel« , a enfin recommandé la DG du FMI.