Une commission spéciale mandatée par le roi Mohammed VI après le Hirak du Rif a présenté plusieurs pistes de réformes au bout d'une longue réflexion qui a associé toutes les composantes de la société marocaine. Inclusion économique, protection sociale, « enseignement efficace », service de santé « de qualité », « équité fiscale », « justice efficiente et intègre », « renforcement des libertés individuelles et publiques », le Maroc cherche un nouveau modèle de développement, en mesure de répondre à la « crise de confiance » de la population vis-à-vis de ses institutions. « Le changement est impératif et nécessaire », a déclaré l'ancien ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa, le président de cette commission de 35 membres, en présentant le rapport le 26 mai 2021 à Rabat. Réduire les inégalités Malgré des progrès, « avec le ralentissement de la croissance économique et l'aggravation des inégalités, un climat marqué par une crise de confiance s'est installé », souligne la synthèse en expliquant « la lenteur des réformes » par la « résistance au changement ». Le rapport préconise notamment de doubler le PIB par habitant à l'horizon 2035, de réduire à 20% la part de l'emploi informel et de soutenir l'initiative privée en éliminant « les entraves réglementaires, les barrières administratives et l'économie de rente » – privilèges octroyés sans mise en concurrence (taxis, exploitation des carrières de sable, etc.). Santé et éducation Ce « nouveau modèle » passe d'abord par le capital humain, notamment la santé et l'éducation. Pour ces deux secteurs-clés, la commission préconise le renforcement substantiel de l'offre des services publics sur l'ensemble des territoires « et d'en assurer l'accès équitable, aux côtés d'un secteur privé, partenaire responsable et éthique« . La commission propose également de mettre l'accent sur « la qualité des services telle que mesurée par les acquis des élèves, par le niveau de compétence des étudiants et leur employabilité et par une offre de soins qui rende effective la généralisation de la couverture santé ». Autre facteur d'amélioration, la valorisation des ressources humaines et le renforcement de leurs capacités, qu'il s'agisse des enseignants, des chercheurs, des médecins ou du personnel de santé. « Résorber la corruption » Sur le plan administratif, le rapport préconise d'accélérer la transformation numérique pour « résorber la corruption ». Pour financer ces réformes, il incite à une politique budgétaire ciblée, avec emprunt, développement du partenariat public-privé, « investissement direct étranger », mais aussi « élargissement de l'assiette fiscale ». Formée fin 2019, la commission a choisi une « démarche participative » de près de 20 000 personnes, avec des auditions, des débats et des consultation, ainsi que 6 600 contributions écrites, incluant partis politiques, mais aussi étudiants, lycéens, prisonniers. Le Maroc se dote ainsi d'une vision et d'un programme, reste à s'en rapprocher avec détermination. Par France Info-Afrique