Avec la baisse des hospitalisations dues au Covid-19 et l'annonce par le gouvernement d'une feuille de route détaillée pour un relâchement "prudent" mais "irréversible" des restrictions, les Britanniques perçoivent enfin le bout du tunnel. Confinés depuis début janvier, voire la mi-décembre pour certaines régions comme Londres, les Britanniques ont enduré un hiver long et sombre au vu du manque total de visibilité face à une nouvelle vague dévastatrice de coronavirus, qui a mené les hôpitaux au bord de la submersion. Attribuée à un nouveau variant du virus hyper contagieux, repéré pour la première fois au sud de l'Angleterre, cette flambée d'infections a fait du Royaume-Uni l'un des pays les plus endeuillés en Europe, avec plus de 122.000 morts dus à la pandémie. Faisant du programme de vaccination son cheval de bataille, le gouvernement britannique a œuvré d'arrache-pied pour renforcer ses approvisionnements en vaccins au point même de devancer ses voisins européens. Le Royaume-Uni a été le premier pays du vieux continent à démarrer la vaccination le 08 décembre 2020 et le premier à approuver les vaccins des laboratoires Pfizer/BioNtech et Moderna ainsi qu'à entamer le déploiement de son vaccin local d'Oxdord/AstraZeneca. Interprétée, par certains observateurs, comme un signe de rivalité avec les Européens après le Brexit, la stratégie vaccinale au Royaume-Uni était surtout le seul et ultime moyen à même de garantir aux citoyens comme aux entreprises britanniques un retour à la normale après des restrictions drastiques. En tenant son objectif ambitieux d'offrir avant la mi-février un vaccin aux quatre premières catégories de personnes les plus vulnérables du pays soit 15 millions de personnes, le premier ministre Boris Johnson a pu dévoiler en début de cette semaine sa feuille de route pour un déconfinement progressif en Angleterre, à commencer par la réouverture des écoles le 08 mars prochain. "Nous ne pouvons persister indéfiniment avec des restrictions qui affaiblissent notre économie, notre bien-être mental et physique", a déclaré le dirigeant conservateur devant les députés en présentant son plan décliné en quatre grandes étapes pour un confinement "prudent" et "irréversible". L'espoir de retrouver la liberté d'ici l'été a non seulement permis aux Britanniques de voir enfin la lumière au bout du tunnel, mais il a aussi ravivé des secteurs d'activité frappés de plein fouet par la crise sanitaire. En effet, juste après l'annonce du plan de déconfinement, la livre sterling s'est appréciée à 1,4 face au dollar, marquant un taux jamais atteint par la monnaie britannique depuis trois ans. L'industrie du sport s'est réjouie elle aussi du redémarrage d'une série d'événements sportifs en Angleterre, à partir du 21 juin. Le tournoi de tennis de Wimbledon, annulé l'an dernier pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, se tiendra le 28 juin alors que le British Open de Golf devrait avoir lieu le 15 juillet dans le comté de Kent au sud-est de Londres. De son côté, la Fédération anglaise de football a salué le retour des spectateurs dans les stades anglais à partir du 17 mai. "La FA est absolument ravie du retour prochain des fans. Le football n'est tout simplement pas le même sans eux et nous attendons avec impatience le retour des stades pleins dès que cela sera sûr et possible", a réagi l'instance sportive. L'industrie de la mode, qui est aussi l'un des secteurs les plus durement touchés par la crise, s'est félicitée de la réouverture des magasins non essentiels à partir du 12 avril. En outre, les réservations ont presque quadruplé chez des compagnies aériennes comme Ryanair et Easyjet après l'annonce d'une reprise éventuelle des voyages internationaux à partir du 17 mai. Bien que cette feuille de route soit définie selon des dates précises, le gouvernement britannique a insisté que ces mesures seront appliquées en Angleterre seulement si toutes les conditions liées à la situation sanitaire et à la vaccination sont remplies. Pour l'instant, la campagne de vaccination bat son plein. Un adulte sur trois a déjà eu une première dose d'un vaccin anti-Covid-19, soit plus de 17,5 millions de personnes, et d'ici à la mi-avril, les plus de 50 ans devraient tous être partiellement vaccinés. D'autre part, les autorités sanitaires britanniques ont abaissé jeudi le niveau d'alerte lié à la pandémie de coronavirus, invoquant une réduction progressive de la pression sur les hôpitaux. Selon un communiqué du ministère britannique de la Santé, les services de santé à travers les quatre nations du Royaume-Uni, à savoir l'Angleterre, l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord "restent sous pression significative avec un nombre élevé de patients à l'hôpital", mais grâce aux efforts du public, "les chiffres demeurent en baisse constante". Du fait des compétences accordées aux gouvernements locaux, chacune des quatre nations du Royaume Uni peut déterminer son approche dans la lutte contre la pandémie ainsi que sa stratégie de levée des restrictions. En écosse, la Première ministre Nicola Sturgeon a dévoilé, mardi, son plan national de déconfinement, faisant savoir que tous les magasins non essentiels, cafés et restaurants pourront rouvrir à partir de fin avril. Cette annonce s'appuie sur l'amélioration de la situation sanitaire et sur les résultats d'une étude publiée lundi par l'université d'Edimbourg, qui a montré que les vaccins administrés à la population écossaise contre le coronavirus ont réduit considérablement le risque d'hospitalisations liées à la maladie de Covid-19. Cette étude conclut que le vaccin Pfizer réduit jusqu'à 85 % les risques d'admission à l'hôpital quatre semaines après la première dose, et celui d'AstraZeneca jusqu'à 94 %, alors que la baisse s'établit à 81 % chez les personnes âgées de plus de 80 ans.