2021 serait une année de transition pour le secteur énergétique au Maroc. Notre potentiel en ce domaine est très important et nécessite une gestion et une exploitation rationnelle et responsable, en utilisant l'économie verte comme une activité principale de l'économie nationale. Ce modèle économique repose, en principe, sur la décarbonation des industries, la mobilité durable, la production propre,… Le potentiel énergétique marocain a rendu le Royaume plus compétitif et surpuissant dans le domaine, et ce, grâce à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI de positionner le Maroc à l'avant-garde de la transition énergétique mondiale, créant une nouvelle économie verte. Ce que l'on sait de l'état du secteur énergétique au Maroc Pour réduire sa dépendance énergétique, le Maroc travaille sur l'accélération de la concrétisation de la vision de Sa Majesté, il a connu, d'ailleurs, plusieurs changement à ce niveau suite à la mise en place de projets relatifs aux énergies renouvelables EnR. D'après un document du ministère de l'Energie, des Mines et de l'Environnement, la valeur des importations énergétiques a affiché une baisse de 6,6%, à fin octobre 2019 en comparaison avec la même période de l'année 2018 (soit l'équivalent de -4 497,7 Millions de DH). Cette tendance a été marquée par une diminution de la valeur de l'approvisionnement national en gasoil & fuel (soit -5,9% en variation annuelle) suite au rétrécissement de leur quantité importée de 2,6% et de leur prix à l'import de 3,4% en variation annuelle. Sur les dix premiers mois de l'année 2019, le volume des importations énergétiques s'est consolidé de 8,5%, en totalisant ainsi près de 20,5 MT contre environ 18,9 MT à fin octobre 2018. En effet, cette dynamique est imputable à l'accroissement des importations des combustibles solides, notamment le charbon en ligne avec la mise en service de la centrale thermique de Safi depuis l'année 2018, a souligné la même source. Le Royaume veille à la mise en œuvre de la stratégie énergétique nationale en matière de renforcement de l'efficacité énergétique. Dans un article que Maroc Diplomatique a reçu de l'Agence Marocaine de l'Efficacité Energétique, M. Said Mouline, le Président de l'agence, a indiqué que «le Maroc s'est engagé avec la mise en place d'une stratégie énergétique basée sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique dans les différents secteurs du bâtiment, de l'industrie du transport, de l'éclairage public, et de l'agriculture». Et d'ajouter que «l'efficacité énergétique constitue un volet important en matière de réduction des dépenses d'importation des combustibles fossiles et par conséquent de la facture énergétique qui s'élève à plus de 82 Milliards de DH en 2018». Une taxe carbonne aux frontières ? Certaines entreprises peuvent voir la décarbonation comme un obstacle pour leurs transactions à l'étranger, mais, en réalité, elle peut être considérée comme une occasion pour améliorer la compétitivité industrielle et renforcer leur positionnement dans les marchés étrangers. «Le Maroc souhaite transformer et faire évoluer sa structure économique post-crise sanitaire vers une économie verte, décarbonée et digitale. Pour cela, il doit faire face à un enjeu majeur, à savoir : faire de la décarbonation, un vrai levier de relance économique», précise M. Mouline dans son document. «Dans cette optique, la nouvelle stratégie industrielle marocaine a pour objectif de décarboner la production industrielle en vue d'améliorer la compétitivité du secteur et renforcer son attractivité, surtout que l'Union européenne, notre premier client, vise à lutter contre le dumping climatique via l'introduction d'une nouvelle mesure, à savoir : la taxe carbone aux frontières», a-t-il noté. L'idée derrière cette taxe, a-t-il poursuivi, est d'inciter les entreprises extra-européennes à décarboner leurs industries pour pénétrer le marché européen. Cependant, cette nouvelle taxe projette les entreprises exportatrices marocaines devant un enjeu majeur, elles doivent désormais se restructurer pour se conformer à cette nouvelle règlementation. La stratégie nationale de décarbonation s'articule autour de deux axes majeurs : Le premier consiste à favoriser la consommation des énergies renouvelables dans le domaine industriel : Le Maroc avait déjà fait le pari du développement durable en investissant massivement au cours des deux dernières décennies dans les énergies renouvelables. En effet, dans un horizon très proche les énergies propres atteindront 52% de notre mix énergétique. Certaines industries marocaines bénéficient déjà de cette énergie propre et nous avons la volonté de généraliser sa couverture à l'ensemble de notre tissu industriel. Le second prévoit d'accompagner les industriels dans le déploiement des procédés d'efficacité énergétique. En effet, le pourcentage d'économie d'énergie dans la grande majorité des entreprises industrielles marocaines peut aller de 10 à 48%. Ce qui justifie l'adoption des mesures, non seulement en raison de leur impact économique, mais également en raison de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Quel financement pour la «décarbonation de l'industrie» au Maroc ? Le financement constitue toujours la première contrainte pour le développement de tous les secteurs. L'AMEE a signalé, dans ce sens, que la restructuration en vue de décarboner l'industrie nationale nécessite des investissements considérables en termes de fonds publics mais également de fonds privés. «Des programmes qui visent la mise en place par les banques nationales de produits financiers verts pour le renforcement de l'efficacité énergétique et les projets verts au Maroc ont été mis en place et il faut remercier notre secteur bancaire national qui a gardé le rythme depuis les engagements pris lors de la COP22», a-t-elle noté. La mise en place de la ligne de financement de l'énergie durable (110 M Euros) dans le cadre de l'initiative Morseff (avec la BERD), dédié au secteur privé au profit des PME a permis, selon l'agence de couvrir 230 projets dont 215 projets d'efficacité énergétique et 15 projets d'énergies renouvelables, et a généré une économie d'énergie annuelle de 354GWh/an et une réduction des émissions du gaz à effet de serre de 102 725 t CO2. De nouvelles lignes sont déjà lancées, la Green Value Chain et la Green Economy Financial Facility, a-t-elle souligné. «Nous avons la chance qu'il y ait une vision au plus haut niveau de l'Etat qui donne priorité au développement durable dans le Royaume. Dans le contexte actuel, il ne s'agit pas de relancer en profitant d'un bas prix du pétrole, qui n'est d'ailleurs que provisoire, mais bien de proposer de nouvelles orientations centrées sur l'économie verte aidant ainsi à la création d'emploi et à la décarbonation dans notre pays». Saïd Mouline, Directeur Général AMEE