L'office anti-monopole polonais UOKiK a annoncé mercredi avoir infligé une amende record de 29 milliards de zlotys (6,46 milliards d'euros) à Gazprom, pour la construction du gazoduc Nord Stream 2, sans son accord. L'autorité de la concurrence polonaise a également sanctionné cinq autres sociétés parties prenantes du financement de ce projet de près de 10 milliards d'euros qui vise à doubler les capacités d'exportation de gaz russe via la mer Baltique. Gazprom est le chef de file de Nord Stream 2 mais la moitié des financements est apportée par les allemands Uniper et Wintershall, l'anglo-néerlandais Shell, l'autrichien OMV et le français Engie. Ces cinq sociétés engagées dans la construction du gazoduc, ont été condamnées à une amende globale de 234 millions zlotys (52 millions d'euros). L'UOKIK reproche à ces entreprises d'avoir créé une coentreprise sans son accord. En 2016, UOKiK a estimé que Nord Stream 2 pouvait nuire à la concurrence et a refusé d'approuver le consortium, avant de lancer deux ans plus tard une procédure contre les six sociétés. « Conformément à la décision du président de l'Office de la concurrence et de la protection des consommateurs, les entités sont tenues de résilier les accords conclus pour financer le gazoduc Nord Stream 2 », selon le communiqué de l'UOKiK. La Pologne, l'Ukraine, ainsi que les Pays baltes s'opposent au Nord Stream 2 estimant qu'il s'agit d'un projet « politique ». Varsovie juge le projet principalement destiné à renforcer l'influence de la Russie en Europe, en contournant des pays tels que l'Ukraine, le Belarus et la Pologne. « L'achèvement de ce projet d'investissement augmente la dépendance économique envers le gaz russe, pas seulement dans le cas de la Pologne mais aussi d'autres Etats européens », a souligné Tomasz Chrostny, président de l'UOKiK. La construction du gazoduc, d'une longueur totale de 1.230 kilomètres, et qui doit relier la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique est pratiquement achevée, seul un tronçon de 120 km dans les eaux danoises reste à assembler. Les travaux ont été interrompus en décembre dernier, le groupe helvético-néerlandais Allseas, spécialisé dans les travaux sous-marins, ayant suspendu ses activités sur le projet en raison de sanctions prises par les Etats-Unis. Le groupe russe a annoncé son intention de faire appel de l'amende, assurant n'enfreindre aucune règle antitrust polonaise.