« Un secteur en souffrance » ! Si l'expression est quasi unanimement acceptée et même assumée, elle a cependant pris un relief particulier, vendredi 19 juin lors d'une réunion à Casablanca de directeurs et patrons de presse, papier et électronique confondus. L'expression a été, en effet, lancée par Abdelmounaïm Dilami, président du groupe EcoMédia. Exposant les difficultés de la presse nationale, accentuées en cette dramatique période de la Covid-19, il a souligné la nécessité d'examiner les tenants et aboutissants de cette crise qui, comme pour les autres activités, porte un coup d'arrêt et met en péril l'évolution de la presse. Activité économique essentielle et pas seulement « capitalistique », a-t-il souligné, affirmant que la presse joue un rôle de « service public » et participe à la consolidation de la vie démocratique. Ceci étant, la douzaine d'autres participants à la réunion ont acquiescé et donc adhéré à ce préambule qui est une entrée en matière pragmatique. Les derniers événements ont clairement mis en lumière à la fois la situation critique de la presse – et au-delà de l'exercice d'informer correctement – et l'impératif de la doter de moyens et de mécanismes opérationnels capables de la renforcer. Sauf que l'exercice ne relève pas seulement de la dimension financière, elle-même sujette à caution, mais d'une « moralisation » exigeante. Le groupe initial qui s'est réuni vendredi à Casablanca a souligné la nécessité d'inscrire son activité à la fois dans l'ajustement des politiques de financement et dans l'instauration d'une charte éthique. Ce sont deux exigences d'autant plus inséparables que les dernières années ont vu déferler et se développer un certain et grave nombre d'anomalies. Elles ont soufflé et soufflent encore sur la presse comme un vent de malédictions. La presse dans son large spectre – écrite, électronique et audio-visuelle – est appelée à s'inscrire dans l'exigence de la modernité et de l'effort. Il lui faut des structures, des hommes, des femmes, des professionnels, des compétences et surtout une éthique de servir l'information correcte. L'objet de la réunion de vendredi 19 juin était donc de mettre en place un cadre et une plate-forme à des fins d'organisation et , si l'on peut dire, de relance. Les membres du Comité fondateur ont procédé dans la foulée du brain-storming à la définition d'un nom de l'association. Ils sont tombés d'accord sur celui de l'Association nationale des médias et des éditeurs (ANME). Ils ont prévu une prochaine assemblée où seront examinés le projet des statuts et la désignation du premier bureau, avec l'adoption définitive du nom. Il sera également examiné le plan d'action à la fois auprès des autorités compétentes et de l'opinion publique qu'il faut associer. Abdelmounaïm Dilami , dans sa démonstration, a tenu à affirmer que l'Association qui vient de voir le jour n'est pas exclusive ou fermée sur elle-même. « Nous agirons et défendrons l'ensemble du secteur de la presse nationale et tous ceux qui souhaitent nous rejoindre seront les bienvenus ». Voilà qui lèvera toute suspicion ou équivoque. Il faut souligner dans la perspective de cette transformation souhaitée par tous les professionnels, qu'il n'y a plus désormais de différence ou de discrimination entre la presse écrite et la presse numérique, l'une et l'autre sont reconnues comme forces complémentaires, soumises à l'épreuve financière, exposées voire menacées – et la Covid-19 l'a illustré. La main dans la main, elles doivent marcher et s'inscrire dans l'effort national et surtout le défi de construire une presse de qualité et digne du Maroc. Les premiers membres fondateurs : Abdelmounaim Dilami (Eco-Médias), Saad Benmansour (Aujourd'hui le Maroc et La Vie éco), Aziz Daki ( Le360), Rachid Ninny (Al Akhbar), Driss Chahtane (Al Michaal/ Chouf TV), Ibrahim Mansour (Awal Média), Hassan Alaoui (Maroc Diplomatique), Ahmed Charai (Global Média), Khalid El Hourri (Assabah), Mehdi Allabouch (Lesite Info), Abdellah Ferdaous (Rissalat Al Oumma), Adil Basri (Les inspirations Eco) et Mokhtar Larhzioui (ahdath.info)