La généticienne marocaine de renommée mondiale, Mme a présenté officiellement mardi à Rome sa candidature à la présidence du Fonds international de développement agricole (FIDA). Lors d'un dîner organisé dans la capitale italienne, auquel ont été conviés des ambassadeurs et des membres du corps diplomatique accrédités en Italie et près des agences de l'ONU à Rome, Mme Elouafi a exposé les grandes lignes de son programme visant à faire du FIDA « le tremplin pour les transformations rurales qui mènent à une vie en milieu rural en plein essor, à une croissance inclusive et à une prospérité partagée ». A ce propos, elle a souligné qu'elle œuvrera en vue de permettre à l'organisme onusien de devenir « un catalyseur qui influe considérablement la vie des populations rurales, fonctionnant comme le moteur orchestrant la transformation rurale ». Le Fonds, a-t-elle ajouté, agira comme un facilitateur en soutenant l'émergence de zones rurales dynamiques et développées que « les jeunes n'auront pas besoin de quitter et où les opportunités professionnelles se développent et se multiplient ». Pour atteindre ce « changement transformateur », la jeune scientifique marocaine a mis l'accent sur trois principaux piliers : politique et promotion, finance et programmes à base scientifique (le pouvoir de Mega-Data). Au sujet du premier pilier, Mme Elouafi a estimé qu'il est urgent d'engager tous les acteurs mondiaux du commerce, de l'industrie et du gouvernement pour soutenir et faire progresser la transformation rurale en tant que composante essentielle durable dans toutes ses dimensions. Le FIDA, avec ses partenaires, devra renforcer le soutien pour les femmes et les filles rurales, leur offrant une autonomie au sein de leurs communautés, a-t-elle dit, observant que le Fonds continuera à jouer un rôle important dans l'élaboration des politiques mondiales qui met l'accent sur « un développement rural pro-pauvres, pro-petits exploitants et inclusif ». Evoquant le deuxième pilier à savoir la Finance, elle a relevé que même lorsqu'on combine les envois de fonds publics et privés, « l'investissement total dans le développement rural est maigre ». Cependant, a-t-elle noté, pour atteindre les objectifs ambitieux de développement durable des Nations unies, les niveaux d'investissement dans les zones rurales devront augmenter de manière significative. Afin d'accroitre substantiellement son portefeuille et par conséquent son programme de prêts et dons en vue d'honorer sa mission et contribuer à l'Agenda 2030 de développement durable, le Fonds doit, selon Mme Elouafi, approfondir ses relations avec le secteur privé. Concernant le dernier pilier, elle a souligné que le FIDA devrait tirer profit de sa capacité d'analyse et de fonctionner comme une organisation rationnelle qui donne la priorité à ses programmes et ses investissements sur une base scientifique. Elle a d'autre part constaté que malgré l'impressionnante réduction de la pauvreté et la sous-alimentation dans le monde, en ligne avec le Projet millénaire des Nations unies et les Objectifs du Millénaire pour le développement, les progrès ont été inégaux et la pauvreté est encore évidente dans le monde en développement. Les individus et les communautés « laissés derrière » sont pour la plupart dans les zones rurales et, en particulier, dans les environnements marginaux ruraux, a-t-elle fait remarquer. Après avoir rappelé que les données montrent que 70 pc des 1,2 milliard de personnes vivant dans la pauvreté absolue se trouvent en milieu rural, Mme Elouafi a estimé que « pour avoir un avenir pacifique et prospère pour tous, il est évident que nous devrions sérieusement lutter contre la pauvreté et les inégalités dans les zones rurales à travers un véritable programme de transformation rurale ». Présentant la candidate du Maroc au poste de président du FIDA, l'ambassadeur du Maroc en Italie, Hassan Abouyoub, a mis en évidence sur le rôle que joue le Fonds dans la lutte contre la pauvreté dans le monde rural, louant à cette occasion les qualités humaines et professionnelles de Mme Elouafi. Ce dîner auquel a pris part également Mohammed Sadiki, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, a été marqué notamment par la présence d'autres candidats à la présidence du Fonds ainsi que d'experts et spécialistes dans le domaine de l'agriculture. Mme Elouafi a fait ses études à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat avant d'obtenir un doctorat en génétique à l'Université de Cordoue, en Espagne. Elle a occupé divers postes à l'international et cumulé des années d'expérience dans le domaine de la recherche agricole. Elle figure au top 20 des femmes les plus influentes du monde islamique dans le domaine des sciences, d'après un classement réalisé par la revue scientifique Muslim-Science.com. Directrice générale du Centre international d'agriculture Biosaline (CIAB) à Dubai, Mme Elouafi, polyglotte, a obtenu plusieurs distinctions nationales et internationales et a été élue récemment personnalité féminine arabe de l'année 2016 dans la catégorie des sciences. En février 2017, les Etats membres du FIDA devront nommer le sixième président du Fonds. En vertu de l'Accord portant création du Fonds, le président est « nommé pour une durée de quatre ans et son mandat ne peut être renouvelé qu'une fois ». Le second mandat de l'actuel président du FIDA en exercice, le Nigérian Kanayo F. Nwanze, arrivera à terme le 31 mars 2017. Le Président est nommé par le Conseil des gouverneurs, à la majorité des deux tiers du nombre total des voix, pour une durée de quatre ans et son mandat ne peut être renouvelé qu'une fois. Le FIDA oeuvre notamment pour l'autonomisation des populations rurales afin de réduire la pauvreté, d'accroître la sécurité alimentaire, d'améliorer la nutrition et de renforcer leur résilience. Depuis 1978, le Fonds a octroyé environ 18 milliards de dollars sous la forme de prêts à faible taux d'intérêt et de dons en faveur de projets qui ont profité à quelque 462 millions de personnes.