Voulue par les pères fondateurs de la CEDEAO dès sa création, la mise en place de celle-ci demeure un long parcours semé d'embûches. Après une tentative de lancement en 1983, le projet a été remis sur la table récemment, mais continue de se heurter à de nombreuses difficultés. Quelques progrès mais une adoption « techniquement pas évidente » En février 2018, M. de Souza, Président de la Commission de la CEDEAO se félicitait des progrès réalisés dans la quête de la nouvelle monnaie commune. Et pour cause, les Etats membres ont fait preuve d'une certaine motivation pour faire avancer les choses, à savoir l'adoption d'une nouvelle feuille de route, un consensus sur un régime de change flexible, et à l'instar de l'Euro, sur des critères de convergence et une banque fédérale centrale, ainsi que l'adoption du nom de cette monnaie ECO. Il y a quelques mois, les Etats membres ont annoncé le retrait de leurs devises de la Banque de France qui devraient être gérées par la banque centrale des pays de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) et reparties auprès des différentes banques centrales. Une décision survenue en période de débat sur le franc CFA, vu pour beaucoup comme un instrument de domination de la France. Alors qu'elle était annoncée pour 2020 : « En 2020, l'ECO, la nouvelle monnaie adoptée par la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), remplacera le Franc CFA », disait le président Alassane Ouattara, lors de la 21ème Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), de nombreuses questions subsistent. Pendant que certains affichent leur fierté sur les avancés de ce projet, d'autres, comme M. Offori-Atta, déplorent le peu de succès quant à la réduction de la dette publique et du déficit budgétaire. Lors du Sommet de Niamey le 24 octobre 2019, les chefs d'Etats ont fini par reconnaître que cette monnaie ne serait pas envisageable pour 2020. Les Etats membres ne répondent toujours pas aux critères de convergences. Certains Etats sont encore loin des objectifs imposés d'un taux d'inflation moyen ou égal à 10%, d'un déficit de -3% et d'une dette publique inférieure à 70% du PIB. A titre d'exemple, le taux d'inflation du Nigéria qui avoisine les 12%. M. De Souza s'est alors résigné et à affirmé « nous ne pouvons pas aller en 2020 à la monnaie unique » et Patrice Talon, Président du Bénin, a quant à lui déclaré que l'adoption de cette monnaie n'est pas une chose évidente. Un calendrier trop ambitieux au vu des défis rencontrés par la CEDEAO. Mais force est de se demander si une intégration progressive des pays qui respectent les critères de convergence uniquement, à une « zone Eco », ne mériterait pas réflexion. Pour rappel, le Maroc, qui a formulé une demande d'adhésion à la CEDEAO en 2017, avait fait part également de sa volonté à adopter cette monnaie unique, une fois en place.