L'année qui s'achève a vu la diplomatie marocaine cultiver une vocation offensive et innovante, concrétisée par un mouvement diplomatique jamais égalé de par le nombre d'ambassadeurs, chargés de relever les défis dans un environnement régional et international en perpétuelle mutation. Ainsi, 65 ambassadeurs ont été affectés dans plusieurs capitales du monde et quatre autres à l'administration centrale du ministère des Affaires étrangères, le but étant de représenter dignement le pays et défendre ses intérêts supérieurs. En février dernier, SM le Roi Mohammed VI a présidé, depuis Laâyoune, un Conseil des ministres historique au cours duquel le Souverain a procédé à la nomination de plusieurs ambassadeurs. Un remaniement en profondeur de l'appareil diplomatique dans le cadre d'un mouvement d'ambassadeurs, le plus marquant de l'histoire contemporaine du Maroc. « La politique extérieure de notre pays s'appuie sur la diplomatie de la parole et de l'acte, tant en ce qui concerne la défense de la Marocanité du Sahara que pour ce qui est de la diversification des partenariats ou de l'implication dans les questions et les problématiques internationales d'actualité », avait souligné SM le Roi dans un discours à l'occasion du 17ème anniversaire de la fête du Trône. Le choix de la ville de Laâyoune pour remanier en profondeur l'appareil diplomatique marocain est une preuve tangible que la question du Sahara marocain est la priorité de la diplomatie marocaine. Plus de quarante ans après l'adhésion du Maroc à l'ONU, la diplomatie marocaine a entamé une nouvelle page de son histoire en 2016, au lendemain du grand redéploiement d'ambassadeurs à l'étranger, soit les deux tiers du corps diplomatique marocain. Ces nouvelles nominations, qui comptent des anciens militants des droits humains sont atypiques pour défendre le dossier du Sahara marocain, a indiqué à la MAP le politologue Mohammed Belarbi. En plus des diplomates de carrière et de politiques partisans, un nouveau profil se dégage. Désormais, des militants des droits de l'Homme sont envoyés comme diplomates dans des capitales qui pèsent sur le dossier de la « cause nationale », explique-t-il. Et le chercheur en sciences politiques de faire observer à titre illustratif que des figures de la société civile sont affectées dans des pays d'Europe du nord. Par ailleurs, l'Afrique n'est pas en reste. Après avoir multiplié, depuis 2013, les alliances diplomatiques et les investissements dans le continent, dans le sillage des tournées royales en Afrique, le Maroc met donc en branle sa diplomatie pour préparer son retour à l'Union africaine et a procédé à la nomination de plusieurs nouveaux ambassadeurs dans les pays africains. « Rejetant la politique de la chaise vide, le Maroc a décidé de réinvestir la scène africaine, en activant à la fois le canal diplomatique et les projets économiques. Il intensifie ses actions à l'approche du sommet de l'UA qui devra se prononcer sur sa demande de réintégration de l'organisation panafricaine », souligne le politologue. En effet, pour la première fois un ambassadeur marocain a été nommé au Rwanda. Les autres pays africains concernés par ces nominations sont le Ghana, le Bénin, la Guinée équatoriale, la Guinée, le Niger, le Tchad, le Gabon, la Côte d'ivoire, le Cameroun, le Congo démocratique, le Mozambique, l'Angola , la Tanzanie et Ouganda, le Nigeria, le Kenya, l'Ethiopie, la Tunisie et l'Algérie. Dans la liste des nouveaux ambassadeurs du Maroc à l'étranger, près d'un tiers rejoindront donc des capitales africaines pour accompagner l'offensive diplomatique du Royaume. « La politique africaine du Maroc ne se limitera pas à l'Afrique occidentale et centrale. Nous veillerons plutôt à ce qu'elle ait une portée continentale, et qu'elle englobe toutes les régions de l'Afrique », avait souligné SM le Roi dans le dernier discours de la Marche verte prononcé depuis Dakar. Joignant l'acte à la parole, SM le Roi Mohammed VI a effectué plusieurs visites officielles dans le continent africain qui ont donné lieu à la conclusion de plusieurs conventions et accords bilatéraux, notamment dans les domaines de la finance, l'industrie, l'agriculture et l'habitat. En somme, ce mouvement diplomatique est le signal de la prééminence du dossier du Sahara marocain dans la politique étrangère du Royaume, au lendemain d'une tournée stratégique de SM le Roi Mohammed VI en Afrique de l'Est, et à quelques mois du sommet de l'UA qui doit se tenir en janvier dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, conclut M. Belarbi.