Plusieurs dizaines de musulmans du Danemark ont pris part, vendredi à Copenhague, à une imposante marche pour réclamer le respect du Saint Coran, suite à une série d'actes provocateurs et islamophobes perpétrés récemment par le dirigeant d'un parti extrémiste. Enfants, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, certains sur des béquilles, d'autres dans leurs poussettes, se sont donné rendez-vous au quartier multiculturel de Norrebro, sur les lieux mêmes où Rasmus Paludan, fondateur du parti extrémiste Stram Kurs (Voie dure), a tenu la semaine dernière une manifestation au cours de laquelle il s'est livré à des agissements anti-Islam. Durant cette procession pacifique, les manifestants ont scandé des slogans appelant au respect de l'Islam, comme de toutes les autres religions, au rejet de la xénophobie et du racisme, et à l'attachement aux valeurs de tolérance et du vivre-ensemble qui fondent le pays nordique. « Nok er nok (Assez, c'est assez) », « Respect au Coran », « Non, non au racisme ! », « Respect aux religions » ... autant de slogans, entrecoupés par les cris d'Allah Akbar (Dieu est Grand) et d'autres panégyriques à la gloire du Prophète Sidna Mohammed, ont été scandés durant cet après-midi paisible et ensoleillé qui coïncide avec les vacances de Pâques. Des centaines d'exemplaires du Saint Coran à la main, les manifestants ont parcouru une distance de près de 2 km le long d'une des principales artères de la ville, avant d'affluer en masse compacte à la place mythique Radhuspladsen, siège de la mairie de Copenhague. Aussitôt terminé le son de la cloche de la mairie après avoir tapé 17h, l'assistance a suivi l'appel à la prière d'Al Asr. « Tout un symbole ! », s'est exclamé un des participants, visiblement ému par cette coïncidence des horaires où les liturgies religieuses se rencontrent sans se faire de mal. Après de brèves allocutions où l'on a rappelé, tour à tour, les préceptes suprêmes de l'Islam comme religion d'amour et de paix, les valeurs fondatrices du Danemark comme pays d'ouverture et de tolérance, plusieurs participants ont accompli sur les lieux la prière d'Al Asr. Dans des déclarations à la MAP, nombre de manifestants ont exprimé leur colère face à la montée de l'extrémisme et de l'islamophobie dans un pays qui fut, jusqu'à naguère, un modèle d'intégration et de coexistence. D'autres, plus nombreux, ont souligné l'impératif de rétablir la loi sur le blasphème ou les injures à caractère religieux que le Parlement danois a abrogée en juin 2017, une mesure qui, ont-ils estimé, a favorisé la floraison de l'extrémisme et de l'islamophobie au nom de la liberté d'expression. D'autres encore, plus pragmatiques à l'instar de Rami, un jeune dano-syrien, ont plaidé pour une plus forte implication dans la chose politique pour pouvoir renverser la vapeur, surtout que le pays approche des élections législatives qui auront lieu en moins de deux mois. « Car, en définitive, nous n'avons ici que notre Coran et notre voix ! », a affirmé Rami, en portant haut un exemplaire doré du Livre Saint. La semaine dernière, plusieurs zones de Copenhague ont été secouées par une série de troubles en réaction à une manifestation au cours de laquelle Rasmus Paludan, un avocat et youtubeur, a réitéré ses menaces de brûler et de profaner un exemplaire du Saint Coran. Personnage hautement controversé, Paludan a récemment écopé de deux semaines de prison ferme pour propos à caractère raciste. → Lire aussi : Facebook renonce à la création d'un centre de données au Danemark