Depuis la triste nouvelle des attaques des deux mosquées dans la ville de Christchurch en Nouvelle Zélande, je n'ai fait que parcourir les sites internationaux qui font la couverture de cette tragédie comme l'un des « meurtres » les plus tristes !!! Rien que ça ! Les vidéos de l'hécatombe rendues virales au bonheur du criminel australien, Brenton Tarrant, montrent l'horreur dans toute sa grandeur. Une machine à tirer sur tout ce qui bouge comme un robot de Pub G. Sauf que ce n'était pas un jeu FPS (first person shooter) mais, bel et bien, un carnage prémédité dont la cible n'était autre que des musulmans en pleine prière, un vendredi, dans deux mosquées remplies de fidèles. Des tirs en rafales, des balles à ne pas en finir, des cris et des gémissements de douleur, des râles, des scènes de panique et du sang ... Il ne manquait donc au décor macabre qui a fait 49 morts et une cinquantaine de blessés, qu'un seul ingrédient pour qu'on remue ciel et terre et crier à la face du monde : Terroriste contre l'humanité ! Oui, dans la vidéo, on n'a pas entendu de « Allahou Akbar » ! C'était donc cela. Depuis, rares sont les sites d'information qui ont qualifié l'acte de « terroriste ». On parle plus de « violence » ou de « fusillade » ! Pour couronner le tout, aujourd'hui, samedi 16 mars, le même titre est lisible sur plusieurs sites : « L'auteur présumé des fusillades contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, a été inculpé de meurtres » et sera maintenu en détention provisoire, jusqu'à sa comparution devant la Haute Cour, le 5 avril prochain. Quatre personnes, trois hommes et une femme, ont été arrêtées, et des explosifs artisanaux ont été retrouvés. N'est-il pas désolant de prendre conscience, encore une fois, de ce « deux poids deux mesures » ? L'Occident et l'Europe finiront-ils, un jour, par prendre le loup par les oreilles et avoir le courage d'appeler les choses par leur nom sans chercher à esquiver la réalité amère de l'islamophobie qui prend du terrain sous leurs cieux ? Et si on commençait par appeler les choses par leur nom ? Au moins, la première ministre de la Nouvelle Zélande, Jacinda Ardern, n'a pas hésité à le déclarer, vendredi 15 mars : « Il est clair qu'on ne peut décrire cela que comme une attaque terroriste. Pour ce que nous en savons, [l'attaque] semble avoir été bien planifiée. » Et d'ajouter, samedi, que le principal suspect avait prévu de mener des attaques supplémentaires. L'Australie, elle, avait identifié un de ses ressortissants comme l'auteur de l'attaque et l'avait décrit comme un «terroriste extrémiste de droite, violent ». Autrement, comment peut-on qualifier une tuerie de masse perpétrée par un extrémiste contre des musulmans dont des femmes et des enfants, dans un lieu de culte censé être sacré, dans un pays occidental? Un tueur qui s'est filmé et a diffusé la vidéo de son assaut en direct sur Facebook avant qu'on ne retrouve un manifeste de 74 pages, intitulé « le Grand Remplacement ». Celui-ci a été mis en ligne sur le Forum 8Chan, dans lequel il décrit son identité et ses motivations racistes, comparant les musulmans à des envahisseurs, les déshumanisant et appelant à la haine et la violence contre eux. Un manifeste également extrêmement bien référencé sur Google. Le terroriste y affirme avoir préparé et mûri son attentat durant 2 ans pour réagir au « grand remplacement » de « [son] peuple » par des vagues d'immigration vers l'Occident et dit avoir perdu confiance dans un changement par les urnes, après la défaite, en France, de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2017. Antinomie énorme! Après tout cela, de grands supports médiatiques présentent le drame comme étant des violences et non pas du terrorisme. Or ne s'agit-il pas d'un terroriste haineux et raciste, partisan d'une théorie islamophobe des plus dangereuses au monde qui s'est attaqué de, sang-froid, à des victimes venues des quatre coins du monde musulman? Deux poids, deux mesures Pourtant, bien que l'attentat ait suscité de vives réactions sur la toile et dans le monde, certains journalistes et autres professionnels du monde des médias, censés faire l'opinion publique, ont toujours du mal à traiter l'information de manière équitable. Faut-il rappeler alors qu'avant l'attentat de Christchurch, l'attaque la plus meurtrière revendiquée par un terroriste d'extrême droite contre des musulmans est celle du membre du parti d'extrême droite israélien « Kach » (parti interdit depuis) en 1994 ? Le tueur, né à Brooklyn, avait exécuté 29 Palestiniens en prière, dans une mosquée et en avait blessé 125 autres. Vingt-six ans plus tard, Alexandre Bissonnette, un étudiant – obsédé par les tueries de masse et séduit par les idées nationalistes et suprémacistes – et ouvre le feu sur des musulmans tuant six personnes et en blessant 35 autres, dans une mosquée du Quebec. Aujourd'hui donc c'est un autre terroriste qui s'ajoute à la liste. Est-il difficile de l'identifier? Ou préférera-t-on le qualifier, par la suite, de détraqué mental? Le terrorisme vient toujours de l'extrémisme peu importent sa couleur, sa nationalité ou sa religion. Ce sont des terroristes qui ne respectent ni les vies humaines, ni les lieux sacrés. Ils commettent leurs attentats programmés et prémédités sans oublier de les filmer. Toutefois, certains s'obstinent à catégoriser le terrorisme et la règle qui semble s'appliquer dans ce cas-là pourrait être résumée ainsi : deux poids, deux mesures. Terrorisme rimerait mieux avec Islam! Aussi quand un abominable acte terroriste est-il commis par un extrémiste islamiste, cela soulève une vague d'émotion dans le monde entier et transforme les médias d'information en cellule de soutien géante à la dimension de la planète. C'est l'émotion qui grimpe alors à son paroxysme, constituant une communauté émotionnelle à travers laquelle tous brandissent leur appartenance. S'ensuit une série d'émissions spéciales sur les chaînes d'information dénonçant le terrorisme sous toutes ses formes sauf qu'en filigrane, les insinuations prennent forme. Il va de soi que rien ne peut justifier l'injustifiable et légitimer ces crimes que l'on met systématiquement sur le compte d'un terrorisme islamiste, de tout acabit. Le terrorisme n'a qu'un visage : l'attentat à l'humanité et à la vie. Paradoxalement, la courbe de l'émotion retombe quand c'est du sang musulman qui a coulé. L'un des phénomènes les plus frappants donc dans les médias internationaux est la difficulté qu'ont ces derniers à employer le mot "terroriste" quand il s'agit d'Européens ou d'Occidentaux. En tout cas, ils savent bien s'y prendre. La haine qui nourrit le terrorisme a de beaux jours devant elle Si le président Emmanuel Macron a exprimé sa compassion dans un tweet mentionnant que la France « se dresse contre toute forme d'extrémisme et agit avec ses partenaires contre le terrorisme dans le monde ». Pour le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, « le cœur serré et l'effroi complet devant l'assassinat de pauvres gens en prière. La haine des musulmans est aussi un poison mortel dans nos sociétés ». Par contre, il y a toujours des voix haineuses et racistes qui transpercent les valeurs et les idéaux du vivre ensemble pour se faire la voix du diable et inciter au racisme allant même jusqu'à flirter avec l'apologie du terrorisme. Ainsi, une dénommée Catherine Blein, conseillère régionale de Bretagne de son état, a réagi avec un tweet des plus racistes, affichant la couleur de sa haine : « Œil pour œil, dent pour dent ». Tout sec. De son côté, BFM TV donne la parole à un éditorialiste politique international qui s'est pris les pieds dans le tapis et qui justifie l'acte inqualifiable par de la vengeance de quelqu'un qui est obsédé par la montée de l'islam. C'est tout vu donc. Mais le coup de grâce est venu de l'élu d'extrême droite, Fraser Anning qui a imputé ce carnage, tout à trac, au « programme d'immigration ayant permis à des fanatiques musulmans d'immigrer en Nouvelle-Zélande » avant d'ajouter « soyons clairs, si les musulmans sont aujourd'hui les victimes, ils sont généralement les auteurs » a-t-il écrit dans un communiqué. Et pour solde de tout compte : « la religion musulmane est simplement l'idéologie violente d'un despote du VIème siècle se déguisant en leader religieux ». C'est à en rester tout bête. N'en déplaise au monde occidental qui s'obstine à prendre l'ombre pour le corps et s'en accommode pour peu que les victimes ne soient pas des siens, il s'agit, bel et bien, d'un attentat islamophobe. Alors, faut-il moins d'émotion collective autour des 49 musulmans tués dans des mosquées ? En tout état de cause, cela voudrait-il dire que les morts musulmans vaudraient moins que les morts occidentaux ? Tout bien considéré, il faut essayer de garder la tête froide et d'essayer de raison garder, en attendant de comprendre qui est terroriste pour les médias internationaux qui continuent à prendre le maquis.