Par Jamal HAJJAM Depuis une trentaine d'années, le terrorisme n'en finit pas de bouleverser l'humanité par son aveuglement et sa sauvagerie abjecte. Mais avec l'attentat des mosquées de Christchurch en Nouvelle Zélande (une cinquantaine de morts et autant de blessés), nous touchons vraiment le fond. L'extrême cynisme de l'acte, son caractère impitoyable et idéologico-raciste déterminé sont plus effrayants encore. Non pas par le nombre de victimes ou la froideur de l'acte, mais par sa nature implacable et inflexible et son aspect satanique, l'auteur ayant pris le soins de filmer le carnage et de le diffuser sur le net. Comment un être humain peut-il atteindre un tel degré de haine et de cruauté ? Que des innocents soient, dans un acharnement inouï et une répulsion si féroce, tirés comme des lapins, tués, puis re-tués et encore tués - l'assaillant, dans sa hargne ne voulait pas uniquement mettre fin à leur vie, mais voulait aussi tuer leurs cadavres ! -, rien que parce qu'ils sont d'une religion différente et appartiennent à des ethnies différentes, nous renseigne sur le degré de sauvagerie dont l'Homme est capable une fois son crâne bourré d'idées diabolisantes et son esprit nourri de haine, d'intolérance et de rejet de l'autre. Ce terroriste australien qui a semé la mort et la terreur dans des lieux de prière et de recueillement, rivalisant dans la foulée avec un autre terrorisme (islamiste) tout aussi abjecte, ne peut être considéré comme cas à part. Des fanatiques comme lui foisonnent de par le monde. Au delà des organisations d'extrême droite, fascistes et racistes, auxquelles ils peuvent appartenir, leur point commun est la haine violente dont ils sont nourris contre l'Islam et le monde musulman par le biais d'un matraquage permanent et d'un bourrage des cranes méthodique. Depuis l'avènement du terrorisme d'Al Qaïda dans les années 1980, également subi, condamné et combattu par les musulmans, un discours universaliste et pas innocent du tout a choisi de diaboliser incidieusement l'Islam et ses adeptes plutôt que de cibler les seuls fanatiques extrémistes. Les amalgames et la stigmatisation permanents ont fini par asseoir une islamophobie dont l'enracinement dans la société occidentale se raffermit au rythme des campagnes médiatiques et des discours politiques extrémistes. Au point d'entendre des politiciens xénophobes relativiser le caractère terroriste du crime de Nouvelle Zélande et mettre éhontément en avant la loi de Talion. Le résultat est là, devant nous. Des monstres et une haine religieuse et culturelle qui s'incruste dans un monde de plus en plus déshumanisé. Prions.