Les deux heures et quart de concert offertes jeudi soir par Carlos Santana dans le cadre de la 8ème et avant dernière journée du festival Mawazine, n'avaient visiblement pas suffit à un public assoiffé de bonne musique et qui ne cessait de réclamer encore davantage. Par: Ali Hassan Eddehbi Dès que Santana marquait une petite pause, la foule clamait systématiquement " One More ! " (Une de plus). L'artiste ne manquait pas à l'appel et gratifiait les demandeurs de sonorités originales inspirées du fin fond d'Amérique latine et d'Afrique. Du bon rock-latino se jouait sur fond de percussions caribéennes devant un public, certes déjà acquis, qui a été littéralement conquis ensuite par la virtuosité et l'humilité de la méga-star qui, entre ses deux chansons cultes "Maria Maria" et "Smooth", a consacré la majeure partie du temps du concert à sa guitare électrique qu'il grattait si affectueusement. Chant et voix se rétractaient alors pour céder la place à une musique instrumentale, tellement bonne qu'elle a suffit à retenir l'attention des masses debout devant la scène pendant plus de deux heures. "Il n'y a pas eu de vedette cette soirée. La vraie vedette c'était tous ceux qui étaient en face de nous", s'exclamait, euphorique, un fan. Et il a bien raison, car quand on a la chance d'assister aux belles prestations des deux vocalistes de la bande Tony Lindsay et Andy Vargas l'on comprend aisément pourquoi la "Santana's band" réussit à contaminer par sa bonne humeur. Ne disait-il d'ailleurs pas : "Ma guitare est ma langue pour communiquer avec le reste du monde". En même temps, Gongas, timbales, basse, trompette, trombone et clavier servaient d'un superbe fond au jeu de Santana qui, au milieu du spectacle, a surpris toute l'assistance en invitant sur scène le célèbre Maâlem Baqbou. Hajhouj et Krakeb (grandes castagnettes métalliques) gnaouis rimaient avec rythmes rock-latino. Une fusion improvisée mais largement réussie qui est aussi la preuve que les rythmes du monde peuvent très bien faire bon ménage, pourvu qu'il y ait du feeling sincère et de la complicité de la part du public. Ceci dit, il convient de préciser que Santana, comme il l'avait lui-même déclaré lors du point de presse tenu quelques heures avant le concert, se trouve être un admirateur des gnaouas au point qu'il s'en inspire pour son habillement. Il affirme également vouer une affection particulière pour le Maroc qu'il a déjà visité plus d'une fois et auquel il a consacré une chanson. Côté organisation, comme c'est le cas depuis le début de cette édition, le concert de Santana s'est déroulé dans de très bonnes conditions. Les quelques minutes d'attente à la sortie du spectacle, vu que tout le monde avait tenu à rester jusqu'à la fin, n'avaient absolument rien ôté au charme d'une soirée tant attendue. +Succes story+ Né d'un père musicien dans un groupe traditionnel mexicain de mariachi, celui-ci l'initia au violon qu'il délaissa à l'âge de 8 ans pour sa première guitare. C'est d'ailleurs à cette époque (1955) que sa famille et lui partent pour Tijuana et qu'il découvre l'instrument qui le rendit célèbre à travers le monde, la guitare électrique. En 1966, le Santana Blues Band (groupe crée par Carlos Santana, son leader) commence à se faire remarquer dans les rues de San Francisco. Le groupe fut invité au festival de Woodstock en 1969. Sa prestation, dont celle du morceau mythique Soul Sacrifice (avec un jeune batteur Michael Shrieve), immortalisée dans le film Woodstock, garantit un large succès à son premier opus, mêlant salsa et rock. Après s'être tourné vers la musique psychédélique dans les années 70, en particulier avec son album Lotus et sa collaboration avec le guitariste de jazz-rock John McLaughin, tout en gardant ses racines latino, il a opéré à partir de 1975 un virage plus mélodie-guitaristique notamment sur l'album Amigos avec l'un de ses plus grand succès: Europa. Il fait partie des musiciens qui ont su au fil des années faire évoluer leur musique en fonction de leurs diverses influences et expériences.