"Faire émerger l'idée d'une requalification de la ville de Tiznit, du projet associatif au projet collectif" a été le thème d'une communication présentée par Mme Salima Naji, anthropologue et architecte marocaine à un colloque international organisé récemment au Québec sur "les quartiers historiques : pressions, enjeux, actions". L'exposé de Mme Naji visait à mettre en valeur une approche civique menée par la ville de Tiznit depuis plusieurs années déjà pour revitaliser le centre historique de sa médina, soulignant les plans de sauvegarde, la gestion et la revitalisation de la médina en tant qu'espace social, produit architectural et lieu d'urbanité, portant témoignage d'une civilisation et d'une évolution significative. L'exposé est un voyage en images au coeur du sud marocain pour s'arrêter à Tiznit, ville dont la caractéristique essentielle est d'être l'un de ces premiers ksours (bourg) fortifié avant les zones proprement sahariennes. Mme Naji a traité des débats au sein des associations, puis au niveau des pouvoirs publics pour la sensibilisation de la population à la mise en valeur du patrimoine, mettant l'accent sur les deux îlots en cours d'études ou de réhabilitation, le premier autour de la Source Ain Zerka et le second autour du Méchouar. "Ce qui est admirable dans cette ville de 75.000 habitants, c'est qu'avec très peu de moyens, les élus et la province se sont lancés le défi de revitaliser un patrimoine vieux de plusieurs siècles", a indiqué l'anthropologue devant un parterre de professeurs et d'experts internationaux originaires de plusieurs pays dont le Mexique, le Bénin, la France, l'Italie et les USA. La Ville de Tiznit, grâce à un nombre considérable de sites historiques et naturels dont elle dispose, peut offrir un produit touristique diversifié : tourisme balnéaire, tourisme de montagne, tourisme culturel, tourisme religieux, a-t-elle rappelé. En faisant appel à des études de cas tirées de tels contextes locaux partout dans le monde, les différents ateliers de cette rencontre ont porté notamment sur les problématiques majeures et les principaux enjeux qui caractérisent les quartiers historiques du XXIe siècle. Les principaux axes ont porté notamment sur les expériences de "mise en patrimoine" et de "mise en tourisme" dans les quartiers historiques, les stratégies retenues par leurs acteurs, les tensions, les conflits et les négociations auxquels donnent lieu la mise en patrimoine et la mise en tourisme des quartiers. Les dynamiques relatives à l'habitat et au commerce dans les quartiers historiques, les mécanismes et les processus sous-jacents au développement des marchés immobiliers et les pressions qui s'exercent sur eux, les divers contextes et modalités entourant la construction des liens de proximité sur les plans de l'habitat, de la vie de quartier et du commerce, les mouvements associatifs et leurs rapports avec les dynamiques d'habitation et de commerce, la place de l'urbanisme et du zonage dans le développement des quartiers historiques, ont été également abordés lors de cette rencontre. Les différents participants ont aussi mis l'accent sur les liens démographiques, économiques, politiques et culturels entre les quartiers centraux et les quartiers historiques, les expériences passées et présentes de rénovation urbaine et les expériences de concertation, passées et présentes, visant la prise en charge, par les communautés locales, des quartiers historiques. Le colloque international qui s'est tenu au Musée de la Civilisation à Québec (20- 21 mai) dans le cadre des Etats généraux du Vieux-Québec, organisé par l'Institut du Nouveau Monde, à l'initiative du Comité des citoyens du Vieux-Québec, a ainsi approfondi la réflexion sur le renouvellement des méthodes pour sauvegarder les centres historiques grâce à la confrontation avec différentes expériences dans le monde et a enrichi le débat dans la perspective de la tenue d'un nouveau colloque international à Québec en octobre 2010.