L'Office chérifien des Phosphates (OCP) a finalisé, mardi à Paris, avec l'Agence française de Développement (AFD) les modalités de financement, à hauteur de 240 millions d'euros, de son projet de mineroduc pour le transport de phosphate par voie humide. Une convention de prêt a été signée par MM. Mostafa Terrab, PDG du Groupe OCP et Jean-Michel Debrat, directeur général par intérim de l'AFD, en présence de l'Ambassadeur du Maroc en France, M. El Mostafa Sahel. Ce nouveau système permettra au groupe marocain de transporter le phosphate des mines de Khouribga vers le site industriel et le port de Jorf Lasfar, acheminé à l'heure actuelle par voie ferroviaire. Ce procédé de transport des phosphates par voie hydraulique consiste à mélanger le minerai avec de l'eau et les pomper sur une longue distance. A l'arrivée, un système de filtrage permet de séparer l'eau du minerai. Le projet de mineroduc (slurry pipeline), qui comprend un mineroduc principal et des mineroduc secondaires, aura une longueur totale de 235 km et une capacité de 38 millions de tonnes par an. Ce projet permettra d'améliorer la compétitivité de l'OCP par la baisse des coûts de production et d'économiser les émissions de gaz à effet de serre (plus de 710.000 tonnes de CO2 par an évitées) grâce à l'abandon du séchage avant le transport du minerai. Il s'inscrit dans le cadre d'un important programme d'investissement engagé par l'OCP. D'une enveloppe de 6,3 milliards d'euros à l'horizon 2020, ce programme permettra au groupe de porter sa production de phosphate brut de 28 à 47 millions de tonnes, dont environ 80 pc sera transformé localement. Ce programme d'investissement contribuera de façon significative au développement socioéconomique du pays, à travers la promotion de l'emploi, le développement de l'industrie locale et la promotion des investissements directs. Intervenant lors de la cérémonie de signature, M. Jean-Michel Debrat s'est dit "très heureux et très fier de concrétiser un accord stratégique entre l'AFD et la première entreprise du Maroc". "La France et le Maroc partagent en commun la priorité en faveur d'une croissance verte", a-t-il souligné, notant que ce projet, "significatif" à plusieurs égards, "apportera sa pierre aux efforts communs des deux pays pour contrer le réchauffement climatique". Après avoir félicité l'OCP pour son ambitieux programme d'investissement, M. Debrat a formé le voeu que cet accord soit "le début d'un partenariat à long terme" entre l'OCP et l'AFD au service de leur action commune en faveur du développement durable. "L'AFD souhaite apporter sa contribution à de grands projets tels le développement d'unités de production d'énergies renouvelables, d'unités de dessalement et de rationalisation de l'utilisation des eaux", a-t-il assuré. Pour sa part, M. Terrab a souligné "le caractère novateur de ce projet", saluant "le soutien moral, implicite et explicite" de l'AFD qui, au-delà de l'apport financier, a apporté sa "validation" à cette technologie qui "ne fait pas nécessairement l'unanimité". Ce projet est "exemplaire" en ce sens que le mineroduc n'est pas seulement un outil "d'économie d'énergie, d'eau et de pollution, mais aussi un grand facteur de compétitivité et de productivité". Mettant en exergue le travail accompli par les équipes de l'AFD et de l'OCP pour l'aboutissement de ce projet, M. Terrab a souligné que ce travail commun permettra aux deux parties d'établir un partenariat plus large. Il a, à ce titre, exprimé la disposition de l'OCP à investir dans d'autres projets novateurs de développement durable à fort impact économique et social, notamment dans les domaines de l'eau et de l'énergie. De son côté, M. Sahel a rendu hommage à l'action de l'AFD au Maroc dans différents domaines, notamment ses efforts pour conforter le cadre macroéconomique et la compétitivité de l'économie marocaine, le soutien au gouvernement dans l'amélioration des conditions de vie des populations ainsi que le développement durable. L'ambassadeur a fait état d'une "véritable cohérence" entre l'action du gouvernement et les financements mobilisés par l'AFD qui sont en "constante augmentation". Au total, les engagements de financements de l'AFD au Maroc (prêts, subventions et participations) ont totalisé 401,4 millions d'euros en 2009, contre 211,5 l'année précédente.