Les participants à une journée d'étude internationale sur le thème "La régionalisation élargie à la lumière du discours Royal du 3 janvier 2010", organisée jeudi à Tétouan, ont été unanimes à souligner que la régionalisation constitue le socle de l'édifice d'un Etat moderne. Tout en exprimant leur soutien et leur adhésion à ce grand chantier lancé par SM le Roi Mohammed VI dans le cadre des réformes que connait le pays sous la conduite du Souverain, ainsi que leur attachement à la monarchie constitutionnelle garantissant l'unité et l'intégrité territoriale, les participants à cette rencontre ont réaffirmé la marocanité des provinces du sud qui constituent une partie intégrante du Royaume. Organisée par la Faculté ploydiciplinaire de Tétouan (FPT), en collaboration avec la Revue Marocaine d'Administration Locale et de Développement (REMALD), cette rencontre a vu la participation de professeurs universitaires et experts marocains étrangers dont Mme Patricia Abascal Jiménez, première vice présidente du conseil d'Ibiza (Espagne), M. Yvon Ollivier, Préfet honoraire, expert international et ex directeur de cabinet du ministre français de l'intérieur Paul Quilès, M. Manuel Terol Becerra, professeur du droit constitutionnel à l'université Pablo de Olavide de Séville (Espagne), M. Ahmed Bouachik, Professeur à la faculté de droit de Salé et membre de la commission consultative de la régionalisation, Mme Amina Massoudi, professeur à la faculté de droit de Rabat-Agdal et également membre de la commission consultative de la régionalisation, et M. Amrani Boukoubza, Professeur à la faculté de droit de Tanger. Intervenant à cette occasion, M. Bouachik a estimé que le Maroc a réalisé un saut qualitatif avec ce projet de régionalisation en matière de consécration et de consolidation d'un Etat moderne, évoquant à cet égard le discours royal qui constitue, selon lui, la feuille de route pour réaliser cet objectif. Il a rappelé que le Maroc est l'un des rares pays à avoir élaboré, dès 1956, des mécanismes associant le citoyen à la gestion de la chose publique, relevant au passage la nécessité d'un transfert de compétences de l'Etat à la région. L'orateur a ensuite mis l'accent sur la nécessité de doter la région de moyens financiers et humains suffisants, insistant en particulier sur le partenariat avec les autres composantes de la société et la solidarité entre les régions. Il a, à cet égard, appelé à combattre "l'idée du Maroc utile et du Maroc inutile", réaffirmant qu'il ne peut y avoir de régionalisation avancée sans un processus de décentralisation. Et de conclure que le Maroc est bel et bien engagé sur la voie de la régionalisation grâce à la volonté royale qui vise la consécration et la consolidation d'un Etat de droit moderne.
Abondant dans le même sens, Mme Amina Massoudi a axé son intervention sur le "seuil défini" en matière de régionalisation, soulignant à cet effet que l'initiative d'autonomie au Sahara s'inscrit dans le cadre de cette régionalisation. Apres avoir cité l'exemple de certains pays européens dont la France, le Portugal et l'Espagne, Mme Massoudi a indiqué que le projet marocain, tout en s'inspirant des autres modèles de par le monde, est plus avancé car prenant en compte les spécificités de chaque région. Pour sa part, M. Amrani a parlé de l'aspect social de la régionalisation insistant sur le fait que le projet de régionalisation ne saurait constituer une alternative au projet de l'Etat national unitaire. L'expert français, Yvon olivier a, quant à lui, évoqué l'exemple de la France qui, selon lui, demeure le pays ou "l'état reste compétent dans de nombreux domaines qui sont décentralisés dans beaucoup d'autres pays européens". Son homologue espagnol, Manuel Terol préfère parler de "régions autonomes où chaque citoyen a sa place dans la société" plutôt que de régionalisation. "L'Espagne est un pays matériellement fédéral", a-t-il insisté relevant que malgré son expérience très avancée, beaucoup de problèmes subsistent encore notamment en raison de conflits de compétences entre l'Etat et les communautés autonomes, d'où la création de commissions bilatères à même d'aider à résoudre ce genre de problèmes avant tout recours à la justice. C'est la deuxième rencontre du genre sur la régionalisation après celle de mars dernier organisée par la FPT et le Club Méditerranéen de la presse du Nord du Maroc sur le thème "la régionalisation, principal accès au développement et à l'unité territoriale".