Les efforts "tangibles" du Maroc en matière de réforme du champ religieux et la présence du Royaume dans plusieurs instances internationales pour le dialogue interreligieux, ont été soulignés mardi à Washington, à l'occasion de la visite d'une délégation marocaine au Département d'Etat. Lors de cette réunion, le Secrétaire général de la Rabita Mohammadia des ouléma, Ahmed Abbadi, a mis en exergue les résultats "tangibles" et "stratégiques" des réformes du champ religieux engagées par le Maroc de manière "responsable" et "sérieuse", soulignant la présence du Royaume dans nombre d'instances internationales promouvant le dialogue interreligieux. M. Abbadi a, dans ce cadre, cité la présence du Royaume au sein notamment du Conseil permanent des Imams et Rabins et dans la conférence internationale pour le dialogue religieux. Cet entretien a, d'autre part, été l'occasion de soulever la problématique du messianisme et "la gangrène apocalyptique contenue dans les cosmologies respectives des différentes religions qu'il convient d'instruire avec une attention toute particulière", a indiqué M. Abbadi, regrettant que dans le monde contemporain cette vision "encadre plusieurs religions et religieux avec des conséquences néfastes". Lors de cette réunion à laquelle a notamment pris part, côté US, Peter J. Kovach, Directeur du bureau de la liberté religieuse internationale, M. Abbadi a mis l'accent sur le besoin de "crédibiliser de nouveau" les savants de toutes les religions et les réhabiliter pour qu'ils puissent remplir le rôle qui leur échoit, faisant observer que "si les modérés perdent leur crédibilité ce sont les tenants des thèses extrémistes qui prendront leur place". Dans son rapport 2009 sur les libertés religieuses dans le monde, le Département d'Etat US avait, rappelle-t-on, souligné que le Maroc continue de promouvoir un Islam modéré et d'encourager la tolérance, le respect et le dialogue interreligieux. Le document n'a pas manqué de citer le rôle de premier plan joué par le Royaume dans la création d'une "nouvelle alliance civile pour la citoyenneté dans le monde arabe", en rappelant que cette alliance regroupe plusieurs ONG et personnalités actives dans les questions de citoyenneté dans la région arabe. La réunion avec Janet A. Sanderson, sous-secrétaire d'Etat adjoint pour le Maghreb et la région du Golf a été l'occasion de passer en revue notamment l'évolution qu'a connue le Maroc en matière des droits de l'homme et les objectifs du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) visant la consécration de la culture des droits de l'homme en tant qu'idées et pratiques. Abdelhay Moudden, membre du CCDH, a souligné, à cette occasion, que la concrétisation de ces objectifs requiert des efforts de longue haleine et dans divers secteurs, regrettant que ce qui retient davantage l'attention des média internationaux n'est qu'une infime partie de ce qui est en train de se réaliser effectivement dans le Royaume. Le professeur des sciences politiques à l'université de Rabat et ancien membre de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) a rappelé, à ce propos, la mise en oeuvre des recommandations de l'IER dans nombre de domaines, qui ne font pas nécessairement l'objet de couvertures médiatiques. Il a cité, dans ce cadre, la réparation communautaire et l'introduction de la culture des droits de l'homme dans les cursus scolaires. Il s'agit là, a-t-il affirmé, de questions cruciales ayant connu un véritable saut qualitatif au Maroc, tout en mettant l'accent sur les réponses pratiques qu'exige une telle entreprise qui appellent au recours à des méthodologies pédagogiques novatrices dans le but de capter un plus grand intérêt de la société dans ce domaine.