Obnubilés par l'euphorie passionnante de concrétiser un rêve longtemps caressé, des taximen de Rabat s'étaient lancés dans une entreprise, qui, pour être ampliative et calquée sur d'autres expériences étrangères, n'en est pas moins singulière et innovante. Par Khalid Barka Ils ont décidé en l'occurrence de fonder une coopérative, dont le dessein est de conférer une plus-value à ce mode de transport toujours "en souffrance" malgré moult colmatages, et d'adapter ses services à une capitale en pleine métamorphose. Les taximen de Rabat, aiguillonnés par leurs congénères de la capitale économique et d'autres métropoles occidentales, ont opté délibérément pour le même modus operandi et convenu de moduler leur offre et refondre leur activité, tant convoitée par leurs "aînés" (NDLR: les grands taxis), mais aussi les nouveaux autobus de sociétés de gestion déléguée et bientôt le tramway, compte non tenu des autres moyens de transport clandestin ou informel, communément appellés "Khattafa", "pique-assiette", prompts à sortir "l'artillerie lourde" pour tirer profit de la cacophonie qui gangrène le secteur, imposer leurs règles du jeu draconiennes et pigeonner de pauvres passagers complètement désemparés. Décidément, ceux qui président aux destinées de la "Coopérative des petits taxis de Rabat", si embryonnaire soit-elle, galèrent, persistent et s'astreignent à se faire, bon an mal an, une place au soleil dans un environnement marqué par une "adversité" et une concurrence acharnée qui frôle parfois la mésaventure. "Nous ne sommes encore qu'aux premiers balbutiements. Notre parc auto et les effectifs dont nous disposons jusqu'ici sont pratiquement insignifiants dans un conglomérat gigantesque de transport en commun qui cadrille la capitale", a confié à la MAP, le secrétaire général adjoint de "Taxi-Com", Mohamed Chtaïbi. Certes, avec plus d'une trentaine de petits taxis sur presque 2.400 qui sillonnent, 24h/24 et 7/7j, les quartiers de la capitale, la Coopérative semble encore piétiner . Mais, ses promoteurs, qui ne semblent aucunement disposés à inaugurer les chrysanthèmes ou céder au découragement, prennent leur besogne à bras-le-corps. "Notre boulot n'est pas de tout repos. Nous nous y sommes investis contre vents et marées et nos avons fait apppel, de prime abord, aux titulaires de permis de confiance. De l'autorisation des autorités compétentes, au permis autorisant l'équipement en Radio-téléphone (ministère de l'Intérieur, Gendarmerie royale et ANRT pour la fréquence), en passant par le règlement du problème épineux de l'agrément", autant d'embûches qui ont jalonné le parcours, se remémorent les membres de "Taxi.Com". Lors de leur réunion hebdomadaire, dans un calme olympien, au modeste siège de la Coopérative au quartier Yacoub El Mansour, ces membres ont fait le point: "Nous avons également décaissé près de 200.000 dirhams de frais de l'installation de la Radio-téléphone et nous sommes parvenus à assurer une couverture médicale aux membres de la Coopérative, outre la dextérité et la stricte conformité au très exigeant code de conduite pour que notre service séduise plus d'un", affichent -ils avec fierté. Outre le prix de la course facturé par le taximètre, le passager doit débourser un complément de 5 dirhams la journée et 10 dirhams la nuit, ont-ils précisé à la MAP, relevant toutefois qu'il ne s'agit nullement d'une aubaine financière.
Si les Rbatis semblent encore dubitatifs, probablement faute d'information, pour décrocher leur appareil de téléphone et s'offrir les services d'un "Taxi-Call", il n'en demeure pas moins que ces petites voitures bleues sont très souvent sollicités par des diplomates étrangers accrédités au Maroc. "Le passager se sent beaucoup plus en confiance avec nous. Une fois que nous l'embarquons, nous devons impérativement informer le centre de la destination empruntée. Nous sommes également pointueux sur la tenue vestimentaire des chauffeurs pour donner bonne impression au client, et sur le bon état mécanique et l'intérieur du véhicule", ont noté les managers de ce jeune "réseau" qui n'en est pas moins amène avec l'ensemble des composantes du transport urbain de la capitale. "Une fois, je devais prendre un vol à destination de Bruxelles à 07h00 du matin en compagnie de ma petite famille. Je devais être à 03h00 à la gare ferroviaire de l'Agdal pour prendre le train en partance pour l'aéroport Mohammed V de Casablanca. Un simple coup de téléphone et voilà qu'un taxi répond illico presto à un "SOS" , a déclaré à la MAP, O. Noureddine, fonctionnaire, habitant au quartier Yacoub El Mansour. "En fait, nous avons tout lieu de nous féliciter d'un tel service qui vient à point nommé contribuer à la valorisation de l'image de la capitale, celle de vitrine du Maroc nouveau", a-t-il signalé. Le secteur des petits taxis de Rabat, qui génère un chiffre d'affaires de 475 millions de dirhams, reste néanmoins confronté à des problèmes, dont la "faiblesse" d'une formation appropriée des chauffeurs et une "déficience" au niveau organisationnel, selon l'Office de développement de la coopération (ODCO). Sa responsable de l'information, Hakima Khales, estime que "Taxi-Com" relève d'une expérience d'avant-garde et marque un pas très important sur la voie de la mise à niveau de ce secteur névralgique. "Taxi.Com" reçoit, en outre, des milliers d'appels par jour, dont 65 pc la nuit et 30 pc de la part de ressortissants étrangers établis au Maroc, selon des données recueillies auprès de l'ODCO, qui est doté d'une division des études et surtout de soutien aux Coopératives. Pourtant, la plupart des habitants de la capitale méconnaissent encore la l'existence de "Taxi-Call " dans leur ville, bien que ce service est opérationnel depuis 2009. "En l'absence d'informations et de médiatisation d'une telle prestation, comment voulez-vous que nous soyons au courant?". Hormis, le "téléphone arabe", nous demeurons "déconnectés", a déploré R. Fatima, responsable dans une entreprise de la banlieue de Rabat. Armée de son bâton de pèlerin, elle a réussi à glaner quelques numéros de téléphone portable de certains taximen, histoire d'être à l'heure à son boulot, sur un trajet chaotique pour cause de routes éventrées: travaux du Tramway obligent. Assurément, plusieurs métropoles et capitales à travers le monde se sont forgées une image idyllique grâce, entre autres, à la célébrité universelle de leurs taxis, en particulier la ville de New York avec ses légendaires "Yellow cabs". Les "Blue cabs" de Rabat sauront-ils offrir une notoriété au-delà des frontières à la Capitale du Royaume? Certes, moyennant une gestion rigoureuse, une probité à toutes épreuves et une organisation spatiale, sans omettre bien entendu le soutien "capital" des autorités publiques, "Taxi-Call" saura imposer son label dans le transport urbain et fidéliser une clientèle friande de bons services, sur simple composition du 0675000001.