Les transformations qu'a connu la société marocaine, sa dynamique, ses défis et ses spécificités, ont été au centre d'un séminaire organisé lundi à Alcorcon, dans la banlieue de Madrid, à l'initiative de la Fédération espagnole des Universités populaires et de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Rabat. S'exprimant lors de cette rencontre, le vice-doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Rabat, Mohamed Salhi, a souligné que la dynamique interne de la société marocaine s'est traduite par les profondes mutations qu'elle connaît, notant le rôle des facteurs historiques et géographiques, ainsi que du contact avec l'autre, dans ce processus. Dans un exposé intitulé "le Maroc, une société en transformation permanente", M. Salhi a expliqué que la société marocaine, dont les modes de vie sont en train de changer, est traversée par des changements au niveau surtout de la structure familiale, de la participation féminine et de son registre des valeurs, ajoutant qu'elle est également en train de développer de nouveaux canaux d'expression avec l'émergence de nouveaux acteurs. Il a mis l'accent, à ce propos, sur le rôle des jeunes dans cette dynamique de changement, sachant que cette catégorie sociale représente plus de 60 pc de la population totale et constitue un potentiel considérable dont la valorisation "constitue un défi important au nouveau national". Noureddine Affaya, enseignant-chercheur en philosophie, a souligné, pour sa part, la diversité du Maroc et son "identité plurielle" inhérente à sa morphologie et qui ne permet pas d'aborder une étude sur le Royaume à partir d'une seule dimension. "Pour approcher le Maroc, il faut être à l'écoute des transformations que connaît sa société", a-t-il dit, ajoutant qu'il est difficile également de comprendre l'évolution de cette société à partir d'une seule perception. M. Affaya a souligné les efforts déployés ces dernières années au Maroc sur la voie du développement et de la modernité, relevant l'existence d'une volonté politique réelle d'ouverture, comme en témoigne notamment le Statut avancé accordé par l'Union européenne au Royaume. Il a relevé, dans le même contexte, l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs marocains qui commencent à s'imposer ainsi que d'une société civile dynamique qui est désormais impliquée dans les différentes projets de développement et qui jouit d'un capital confiance même au niveau international. Le philosophe marocain a rappelé, par ailleurs, les défis auxquels fait face le Maroc relatifs, entre autres, à l'enseignement, à la réorganisation des espaces urbains, à la lutte contre la corruption et à la question de la gouvernance, plaidant pour la promotion d'un projet de société collectif dans lequel tous les acteurs seraient engagés. Le doyen de la Faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat, Abderrahim Benhadda, a présenté, de son côté, un exposé où il a mis en exergue la cohabitation pacifique séculaire entre musulmans et juifs au Maroc, soulignant que les membres de la communauté juive ont toujours jouit d'une liberté de culte pleine et complète dans le Royaume. Organisée sous le thème "Maroc: Islam, société civile et modernité", cette rencontre scientifique avait pour objet de jeter la lumière sur la dynamique de développement engagée au Royaume dans tous les domaines, en conciliant modernité et authenticité sur la base d'un Islam tolérant et modéré. Initié dans le cadre du programme de coopération culturelle hispano-marocain "Al Moutamid", ce séminaire est organisé avec le soutien de l'Agence espagnole pour la coopération internationale, de l'Institut international du théâtre méditerranéen et du Département chargé de la Culture de la région autonome de Madrid. Le programme "Al Moutamid" s'articule autour de plusieurs activités organisées fréquemment dans les deux pays et touchant différents domaines, dont l'enfance, la culture, le théâtre, la femme et la création artistique.