"Le Maghreb, région qui affronte des dangers transversaux, est une nécessité stratégique, un impératif économique et une aspiration populaire", a souligné, mardi à Rabat, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taib Fassi Fihri. "La relance et la dynamisation des institutions de l'Union du Maghreb Arabe apporteront les réponses concrètes et inclusives aux nombreux défis économiques et enjeux sécuritaires de la région", a affirmé M. Fassi Fihri à l'ouverture de la conférence organisée à Rabat sous le thème: "la sécurité en Méditerranée, perspectives maroco-britanniques". Les questions sécuritaires régionales ne peuvent être sacrifiées à l'aune "d'arrières pensées politiques" ou "des calculs tactiques", a-t-il précisé, appelant tous les décideurs et acteurs de la région "à s'atteler aux défis sécuritaires dans leur acception la plus large" et de se préoccuper "aussi et avec autant d'intérêt de gérer les questions de développement socio-économique". Le ministre a, par ailleurs, indiqué que "les pays du Nord et du Sud se doivent, ensemble et de manière paritaire, de s'approprier les différentes initiatives mises en place, évitant celles venant exclusivement du nord pour se prémunir, ainsi, contre la duplication et la dispersion des actions". "Nous devons, ensemble, réaliser les vrais diagnostics, saisir les véritables défis et déterminer la nature de la riposte, collective, pour que nous réussissions à apporter des réponses cohérentes et lisibles, dans ce laboratoire qu'est la Méditerranée", a-t-il ajouté. Revenant sur les travaux de la conférence, M. Fassi Fihri a fait savoir que cette rencontre "représente une manifestation éloquente de cette orientation vertueuse". "Je suis sûr que les idées, analyses et propositions qui seront évoquées, à Rabat, seront d'un apport certain et significatif à notre réflexion commune pour un consensus stratégique pour la Méditerranée", a-t-il indiqué, soulignant que la Méditerranée demeure un espace stratégique majeur, en ce début de Millénaire, et malgré l'émergence à l'échelle mondiale d'autres zones d'influences et sphères d'intérêts. "Il continue d'y régner un désordre affligeant: écart de développement, défis environnementaux, clivages culturels ou cultuels, tensions migratoires et trafics illicites transnationaux", a-t-il expliqué. De nouveaux défis sont venus s'ajouter, ces dernières années, aux menaces traditionnelles, dans cet espace géographiquement limité et politiquement hétérogène, a tenu à préciser le ministre. Il a, dans ce contexte, noté que depuis la fin du monde bipolaire et l'avènement de l'ère "post 11 septembre", "ces nouvelles menaces imposent aux pays euro-méditerranéens une réévaluation de l'équation sécuritaire dans cette zone". "L'insécurité se définit par une globalisation des menaces, une mutation de ses souches, avec l'apparition de nouveaux acteurs non étatiques, ainsi que l'imbrication de trafics multiples et connectés", a poursuivi M. Fassi Fihri, ajoutant que l'espace méditerranéen "est également devenu tributaire de la stabilité d'autres régions périphériques en Afrique (bande sahélo saharienne, façade Atlantique), en plus, bien entendu, du Moyen-Orient". "Tout changement, tout dysfonctionnement ou toute crise au sein de ces espaces périphériques ont un impact direct sur la sécurité et la stabilité de la région euro-méditerranéenne tout entière", a-t-il averti, faisant état d'une "réelle exigence de paix au Moyen Orient, où l'attitude du gouvernement israélien pèse de tout son poids sur la paix et la sécurité dans cette région et alimente les tensions et les affrontements". A cet égard, a souligné le ministre, "Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al Qods, ne cesse de sensibiliser et encourager la Communauté internationale à relancer, effectivement, le processus de paix pour parvenir à une solution juste et globale, garantissant au peuple palestinien son droit légitime de créer un Etat indépendant, souverain, viable sur tous les plans et contigu géographiquement, avec Al-Qods Al Sharif comme capitale". La conférence de Rabat, qui se tient à l'initiative de l'ambassadeur du Maroc à Londres Chrifa Lalla Joumala Alaoui, en partenariat avec le Royal United Services Institute (Rusi), basé à Londres et la Fondation OCP, s'inscrit dans le cadre de l'élargissement aux milieux académique et universitaire de la réflexion et la concertation sur des thématiques et des sujets d'intérêt commun. La séance d'ouverture de la conférence s'est déroulée en présence notamment de M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi, Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, M. Saad Hassar, Secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Mme Latifa Akharbach, Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, ainsi que de plusieurs ambassadeurs accrédités au Maroc et d'experts internationaux.