La communauté internationale doit apporter une réponse globale à la problématique du trafic illicite d'armes légères afin de briser, définitivement, le cercle vicieux liant ces armes à la sécurité et au développement, a affirmé, vendredi à New York, le représentant permanent adjoint de la mission du Maroc auprès de l'ONU, Lotfi Bouchaara. "La problématique des armes légères, dont les ramifications préoccupantes s'étendent aux menaces, graves et planétaires, du terrorisme international et de la criminalité organisée transfrontière, se pose aujourd'hui avec acuité et souligne l'urgence faite à la communauté internationale d'y apporter une réponse globale afin de briser, définitivement, le cercle vicieux liant ces armes légères à la sécurité et au développement", a dit M. Bouchaara lors d'un débat devant le Conseil de sécurité. Le contrôle du trafic illicite des armes est indispensable au maintien de la paix et de la sécurité internationales, a insisté le diplomate au cours de cette réunion publique sur "l'impact du trafic illicite des armes légères sur la paix et la sécurité dans la région de l'Afrique Centrale", saluant le Gabon, président de l'actuelle session du CS, pour "avoir pris l'initiative d'organiser" ce débat qui continuera "de renforcer l'action" de la communauté internationale dans ce domaine. +Soutenir les efforts de l'Afrique Centrale+
Le diplomate a mis en exergue, dans ce contexte, les efforts déployés par les pays de l'Afrique Centrale qui doivent être "reconnus et soutenus". Dans cet esprit, le Royaume, a-t-il souligné, encourage "l'initiative prise par les pays de la région de l'Afrique Centrale en vue du renforcement des mesures de confiance ainsi que pour l'élaboration d'un instrument juridique contraignant et des modalités pour le contrôle sous-régional de ces armes avec le soutien du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions sécuritaires en Afrique Centrale". En outre, l'élaboration au niveau de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) d'instruments similaires aux Conventions, Déclarations et Protocoles de Bamako, de Nairobi et de la CEDEAO, pour former un cadre législatif et institutionnel qui invite les pays membres de la sous région de l'Afrique Centrale à harmoniser leurs positions et à conjuguer leurs efforts pour lutter contre le trafic illicite des armes légères, pourrait constituer une piste utile à approfondir, a-t-il estimé. Il est nécessaire, à cette fin, de renforcer les capacités de cet organisme sous-régional pour lui permettre de bien identifier les problèmes et les besoins spécifiques à chaque pays membre de l'espace CEEAC, a-t-il dit. Il faut, par ailleurs, que la Communauté Internationale apporte un soutien significatif, y compris par une assistance et une coopération accrues aux pays de la région qui le souhaitent pour leur permettre de faire face au défi que constitue le trafic illicite des armes légères, a dit le diplomate, soulignant qu'il est "tout naturel que le Maroc se soit joint, au tout début, aux efforts de quelques pays ayant conduit à l'adoption de la Déclaration de Genève sur la violence armée et le développement, adoptée en Juin 2006". Cette Initiative, dont la pertinence est attestée par le nombre de plus en plus important de pays qui y ont adhéré, s'inscrit dans la parfaite continuité des efforts menés par l'Onu, notamment dans le cadre de l'Assemblée Générale, a-t-il fait observer. A cet égard, a-t-il indiqué, le renforcement du partenariat international, de manière à ce que les pays donateurs, les institutions de développement et les organisations de désarmement puissent intégrer la violence armée dans leur programme d'action, permettrait d'incliner les stratégies existantes en approche novatrice, harmonisée, adaptée à chaque situation et axée sur des objectifs ciblés, afin de s'attaquer aux causes profondes de la violence armée, la prévenir, et, parallèlement, mobiliser et canaliser les ressources nécessaires au développement. La Communauté internationale doit s'atteler à renforcer le régime international existant en matière de lutte contre la prolifération et le trafic illicite des armes légères, a-t-il estimé, suggérant que "cet arsenal juridique doit être complété par des instruments internationaux, aussi globaux que contraignants".
+ Elargir le système juridique international+ Dans ce contexte, a ajouté M. Bouchaara, "le Maroc considère que toute politique régionale et sous-régionale de maîtrise de ce phénomène, gagnerait à être renforcée par un système juridique international solide permettant de juguler le trafic illicite de ces armes destructrices et de les identifier en vue de leur traçage fiable et rapide". Certes, la construction de ce régime juridique a connu une avancée significative en 2001 avec l'adoption du Programme d'Action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et par l'adoption, en 2005, d'un instrument international sur le traçage et le marquage des armes légères. A présent, ce régime est appelé à s'élargir pour englober le courtage illicite et à se consolider afin de pouvoir endiguer, de manière effective et efficiente, l'étendue de la circulation non contrôlée de ces armes et son impact sur la paix et la sécurité régionale et internationale, a préconisé le diplomate. Dans l'attente du renforcement de ce régime, le Maroc voit dans la mise en oeuvre de ces instruments une contribution indispensable pour la limitation des effets désastreux engendrés par le trafic illicite des armes légères, a-t-il précisé, soulignant que ces efforts accomplis au niveau international auront, sans aucun doute, un impact positif pour l'Afrique en général et l'Afrique Centrale en particulier". De ce fait, et en dépit de l'échec de la 1ère Conférence d'examen de 2006, celle-ci avait mis en évidence le large consensus existant sur l'importance du Programme d'action et de sa pertinence faisant de lui une référence incontournable pour une action internationale régulant la circulation des armes légères, a rappelé M. Bouchaara. "C'est justement sur cette conclusion qu'en 2008, la réunion biennale des Etats chargés d'examiner l'exécution du PoA (Programme d'action) avait permis la consécration de l'approche régionale de la mise en oeuvre du PoA. Elle avait aussi recommandé l'organisation de réunions régionales visant à concerter les efforts en vue de la mise en oeuvre du PoA, tout comme elle avait reconnu l'importance de la coopération et de l'assistance internationale pour la mise en oeuvre pleine et effective de cet Instrument". "Dans ce contexte, a estimé M. Bouchaara, la réunion biennale du programme d'action de Juillet 2010, constituera un important rendez-vous international en vue d'explorer les meilleurs moyens de la mise en oeuvre du PoA".