La consécration d'un accès universel à la prévention, aux soins et aux traitements à travers un financement mondial, demeure la fin ultime de la 5ème Conférence Francophone VIH/SIDA, qui se tiendra du 28 au 31 mars courant à Casablanca, a indiqué, vendredi à Paris, le Pr Hakima Himmich, présidente de cette conférence. Cette manifestation, placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, a pour objectif d'ouvrir un large débat avec tous les acteurs de santé, du Nord et du Sud, avec une volonté d'équité, de respect des personnes, et de renforcement du droit aux soins et à la prévention. "L'organisation de cette conférence à Casablanca est le signe de l'appropriation grandissante de la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique par les acteurs locaux, alors même que ce continent reste le plus touché par l'épidémie", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse tenue devant un panel de médias français et internationaux pour présenter cet évènement d'envergure mondiale, organisé pour la première fois en Afrique. Le choix du Maroc n'est pas anodin, selon le comité d'organisation composé également du Pr Christine Katlama, présidente de l'Alliance Francophone des Acteurs de Santé contre le VIH (AFRAVIH), du Pr Jean-Paul Moatti, professeur d'économie à l'Université de la Méditerranée, du Pr Gilles Brucker, co-président de la Conférence et de M. Eric Fleutelot, directeur général adjoint international de Sidaction. Le Royaume, précisent-ils, représente une passerelle entre le Nord et le Sud qui facilite la participation des acteurs du Sud en levant l'obstacle, de plus en plus difficile à surmonter, de l'obtention d'un visa pour un séjour dans un pays européen et grâce à l'existence de lignes directes reliant les capitales d'Afrique de l'Ouest à Casablanca. D'autre part, le Maroc fait figure de modèle parmi les autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient. La réponse à l'épidémie de VIH/SIDA y est très bien structurée avec un Plan Stratégique National apprécié des instances internationales, une société civile très dynamique et un engagement politique fort. Cette 5e Conférence, qui intervient après celles de Montréal (2001), Lyon (2003), Bruxelles (2005) et Paris (2007), demeure une preuve de l'importance prise par les échanges Nord-Sud francophones dans la lutte contre le VIH, ont indiqué les participants à cette conférence de presse tenue au siège de l'Agence nationale française de recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS). Preuve de la place croissante des échanges Nord-Sud francophones dans la lutte contre le VIH/SIDA, cette conférence est portée par l'AFRAVIH, association créée en mars 2009, en vue de favoriser l'échange d'expériences entre les acteurs de santé, les communautés de patients et les scientifiques, du Nord et du Sud, dans un esprit de solidarité et de partage. D'importants progrès ont été obtenus, lors des dernières années, en matière de lutte contre le VIH/SIDA dans de nombreux pays du Sud. Néanmoins, l'accès universel à la prévention, aux soins et aux traitements, ne peut devenir une réalité sans que des efforts substantiels soient fournis au plan économique, médical, social et politique. Pour la première fois depuis sa création en 2002, l'on constate un déséquilibre entre la demande des pays et les fonds disponibles pour 2010, a averti le Pr Jean-Paul Moatti, professeur d'économie à l'Université de la Méditerranée, mettant l'accent sur l'urgence de trouver des mécanismes de financement nouveaux et pérennes. En effet, la conférence de Casablanca se situe à un moment crucial de la prise en charge des personnes infectées par le VIH. Des progrès importants ont été obtenus dans de nombreux pays du Sud, grâce à la mobilisation des professionnels de santé, de la société civile et des associations engagées dans la lutte contre le VIH, mais aussi grâce à l'appui des financements internationaux et des institutions internationales. Cependant, la qualité de la prise en charge et la pérennité des moyens sont en question dans le contexte de l'accès universel, de la décentralisation, de la valorisation des ressources humaines. De ce fait, la conférence de Casablanca a pour objectif, dans le prolongement des conférences francophones précédentes, d'ouvrir un large débat avec tous les acteurs de santé, du Nord et du Sud, avec une volonté d'équité, de respect des personnes, et de renforcement du droit aux soins et à la prévention. Elle sera aussi l'occasion de réfléchir à la particularité des réponses à l'épidémie de VIH/SIDA dans chaque pays de l'espace francophone et comprendre ce qu'apporte cette culture commune.