La création de richesses au Maroc reste concentrée dans cinq grandes régions du Royaume dont la contribution au PIB national a grimpé de 59,1 en 2004 à 60,6 pc en 2007, selon les comptes régionaux réalisés par le Haut Commissariat au Plan (HCP). Il s'agit des régions du Grand Casablanca, de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Marrakech-Tensift-Al Haouz, Tanger-Tétouan et Souss Massa-Draâ, dont la consommation des ménages représente près de 57 pc de la consommation nationale, relève-t-on dans les résultats de ces comptes, présentés mardi à Rabat, par les experts du HCP lors d'une rencontre à laquelle ont pris part plusieurs responsables et cadres des administrations, des universitaires, des représentants de la société civile, du secteur privé et d'organismes internationaux. Une première au Maroc, ces comptes régionaux déterminent le PIB des régions, leurs consommations, leurs ressources ...etc., pour la période 2004-2007, qui répondent aux besoins en matière de données macroéconomiques régionales. Les nouveaux comptes renseignent sur les régions à économie diversifiée (Grand Casablanca, Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Marrakech-Tensift-Al Haouz et Tanger-Tétouan), et celles à économie faiblement diversifiée (Taza-Al Hoceima-Taounate, Gharb Chrarda-Bni Hssen et Tadla-Azilal). La première catégorie de régions a contribué substantiellement à la dynamique économique du Royaume en réalisant des taux d'accroissement supérieurs à 10 pc, alors que les régions à dominance agricole et faiblement diversifiée ont enregistré les plus faibles augmentations du PIB régional. Leurs parts dans le PIB national sont en baisse. Il ressort de la répartition du PIB régional par secteur d'activité en 2007 que trois régions se caractérisent par une prédominance du secteur agricole, en l'occurrence Taza-Al Hoceima-Taounate (30,1 pc du PIB), Gharb Chrarda-Bni Hssen (26,9 pc) et Tadla-Azilal (23,4 pc). Quatre régions sont à dominance d'activités industrielles. Il s'agit du Grand Casablanca (28,4 pc), de Doukkala-Abda (26,6 pc), de Chaouia-Ourdigha (25,9 pc) et de Fès-Boulemane (17,9 pc). Le HCP précise également que dans quatre régions, le PIB régional par habitant dépasse la moyenne nationale de 20.000 dirhams. C'est le cas du Grand Casablanca (+35.000 dirhams), de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (+33.000 dirhams), des régions du Sud (24.000 dirhams) et du Tanger-Tétouan (21.000 dirhams). Les régions qui ont le PIB régional par habitant le plus faible sont Taza-Al Hoceima-Taounate (10.200 dirhams), Tadla-Azilal (11.000 dirhams) et Gharb Chrarda-Bni Hssen (12.600 dirhams) et Meknès-Tafilalet (14.700 dirhams). Concernant les dépenses de consommation finale des ménages par région et par habitant, le HCP souligne que cinq régions dépensent plus de la moyenne nationale (11.700 dirhams). Il s'agit de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (16.000 dirhams), de Tanger-Tétouan (15.600 dirhams), du Grand Casablanca (14.800 dirhams), des régions du Sud (14.100 dirhams) et de Fès-Boulemane (12.000 dirhams). Les écarts régionaux en termes de développement humain, de pauvreté et de "moyennisation de la société" ne sont pas exclusivement imputables aux richesses régionales, relève-t-on, par ailleurs, dans les résultats de l'étude sur le développement régional, présentés à cette occasion. Les avancées dans ce domaine sont aussi tributaires de la distribution des richesses dans la région, ajoute-t-on de même source. Le comptes régionaux ont été élaborés sur des bases scientifiques respectant les normes de comptabilité des Nations unies dans le but de présenter des indicateurs précis sur l'évolution de l'activité économique au niveau des différentes régions du Royaume, a indiqué le Haut Commissaire au Plan (HCP), M. Ahmed Lahlimi, lors de la présentation de ces comptes. Il a émis le souhait de voir ce travail contribuer à l'enrichissement et à l'animation du débat sur la régionalisation lancé au Maroc, ajoutant qu'il était important d'établir des statistiques au niveau de la région surtout après le discours royal du 3 janvier dernier et l'installation de la Commission Consultative de la régionalisation. Dans une déclaration à la MAP, le directeur général de l'Agence de l'Oriental, M. Mohamed M'barki, a indiqué que ces comptes "permettront de voir comment se place la région et comment elle va réagir dans le cadre des efforts de développement que va produire sans nul doute la nouvelle politique de développement régional du Royaume". M. M'barki a souligné que le timing de ces comptes (2004-2007) "n'est pas significatif" pour l'Oriental, dans la mesure où le nouveau départ du développement de la région s'est fait à partir du discours royal du 18 mars 2003. "2004-2007 constitue donc une période de démarrage du développement dans la région (Oriental)", a-t-il précisé, tout en saluant le travail accompli par le HCP, qui contribuera indéniablement à enrichir le débat sur la régionalisation. Pour l'élaboration des comptes régionaux et des études sur le potentiel démographique et socioéconomique des régions et les différents aspects de leur développement économique et humain, le HCP s'est appuyé, entre autres, sur les comptes nationaux actuellement disponibles, les enquêtes et recensements déjà réalisés, ainsi que sur les statistiques des autres départements.