Les populations des camps de Tindouf ne naissent ni libres ni égaux ni en dignité ni en droits, mais naissent et meurent dans la séquestration, a affirmé lundi l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, M. Omar Hilale. L'Article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme dispose que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Or, force est de rappeler que les populations des camps de Tindouf ne naissent ni libres ni égaux ni en dignité ni en droits. Elles naissent et meurent dans la séquestration, a souligné M. Hilale, qui intervenait dans le cadre de la 13ème session du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU. Le diplomate marocain a, d'autre part, regretté, dans un droit de réponse à l'ambassadeur algérien, qui avait évoqué encore une fois, devant le CDH le "principe de l'autodétermination" que la délégation algérienne ait distorsionné la présentation de ce principe et l'ait interprété de manière tronquée et tendancieuse. M. Hilale a, de même, déploré que la délégation algérienne ait rompu la sérénité qui présidait au débat général (au sein du Conseil), en se focalisant sur une unique situation dans le monde, ajoutant que cette délégation oublie que la question du Sahara marocain n'est pas inscrite à l'ordre du jour du Conseil. L'ambassadeur marocain a tenu à corriger la lecture unilatérale que la délégation algérienne fait de ce principe sur le plan de la doctrine, en lui rappelant que la charte de l'ONU prévoit le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dans son article 1er, au même titre qu'elle consacre le principe de l'intégrité territoriale dans son article 2. Ce même article 1er contredit la hiérarchisation des droits de l'homme par la délégation algérienne. Il a ainsi codifié "l'égalité des droits", excluant ainsi, toute tentative de conditionner la jouissance des droits de l'homme à l'autodétermination. Les droits de l'homme sont universels, indivisibles et interdépendants, et partant ne doivent souffrir aucun préalable, sinon cela s'appelle la politisation des droits de l'homme, a expliqué M. Hilale.Il a soutenu que, contrairement à ce que prétend la délégation algérienne, la résolution 1514 s'est limitée à énoncer ce droit, en prenant bien soin d'en limiter l'application en fixant des garde-fous dans deux de ses paragraphes. Ainsi, le paragraphe 6 consacre l'incompatibilité de l'autodétermination avec "toute tentative de briser totalement ou partiellement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un Etat", alors que le paragraphe 7 impose l'observation du respect de "l'intégrité territoriale". Le diplomate marocain a également relevé que la délégation algérienne tronque, en outre, la Déclaration du Sommet des Non Alignés, à Charm el-Cheikh, de 2009, en passant sous silence la limitation claire et nette qu'elle impose à ce principe, rappelant que cette déclaration précise que le Mouvement "s'oppose à toute tentative de briser totalement ou partiellement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un Etat, ce qui est incompatible avec la Charte des Nations Unies". Quant au modus operandi de l'autodétermination, il ne figure nullement dans la 1514, il est décliné dans deux résolutions onusiennes que la délégation algérienne bannit en permanence de son discours. Il s'agit de la 1541 de 1960 et la résolution 2625 de 1970. Ces résolutions adaptent et modernisent le contenu et la mise en oeuvre de ce principe, a expliqué l'ambassadeur. Ainsi la résolution 2625 dispose que "la libre association ou l'intégration avec un état indépendant ou l'acquisition de tout autre statut politique librement déterminé par un peuple constitue pour ce peuple des moyens d'exercer son droit à disposer de lui même", a dit M. Hilale. Il a souligné que c'est sur cette base que le Maroc a fondé son Initiative d'autonomie pour la région du Sahara, dans le cadre de l'intégrité territoriale du Royaume. Ainsi, a-t-il conclu, la démarche marocaine est en parfaite conformité avec la légalité internationale. M. Hilale a aussi critiqué la lecture que l'Algérie fait du principe d'autodétermination sur le plan de la pratique, en rappelant au diplomate algérien que s'agissant de ce que la délégation algérienne appelle "peuple sahraoui", plusieurs peuples du Sahara vivent dans la ceinture du désert Africain d'Est en Ouest. Quant aux populations des camps de Tindouf ,ce sont des ressortissants marocains séquestrés depuis 35 ans, a-t-il nuancé. Il affirmé que des milliers de Marocains séquestrés dans ces camps se sont autodéterminés, au fil de ces années, en rejoignant la Mère-patrie, au risque de leur vie et parfois en abandonnant derrière eux une partie de leurs familles. M. Hilale a fait remarquer que le droit à l'autodétermination, comme tous les droits de l'homme, est universel et ne se réduit pas à une seule situation, ajoutant que ce droit concerne également les revendications culturelles, linguistique ainsi que les aspirations d'autonomie régionale.