L'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, Omar Hilale, a affirmé que le Maroc n'acceptera jamais que l'Algérie prive les populations de Tindouf de leur droit légitime à la réinstallation. Le Maroc appelle le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à réinstaller les séquestrés des camps de Tindouf dans des pays tiers. L'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, Omar Hilale, a affirmé, lundi 28 septembre, que face au blocage humanitaire actuel, le Maroc voudrait demander au HCR de prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre cette solution et d'informer les populations des camps sur leur droit de pouvoir quitter ces camps et choisir librement de se réinstaller dans des pays tiers. S'exprimant à l'occasion de la 60ème session du comité exécutif du HCR, le diplomate marocain a indiqué que cette proposition marocaine est motivée par plusieurs raisons. Omar Hilale a souligné, dans ce cadre, que le Royaume rejette avec force les motivations politiques de l'Algérie pour son opposition au retour librement consenti de ces populations marocaines à leur mère-patrie, comme il n'acceptera jamais qu'elle les prive de leur droit légitime à la réinstallation. Selon M. Hilale, cette décision est aussi motivée par le fait que le cas des camps de Tindouf fait partie des «situations de réfugiés prolongées» et en tant que tel, ils sont directement concernés par la mise en œuvre des solutions durables préconisées par le HCR, conformément à son mandat. «L'Algérie a abdiqué sa responsabilité internationale dans les camps en faveur du Polisario et œuvré à leur militarisation, en violation du droit international humanitaire et le Polisario vient de créer dans ces camps des tribunaux pour y juger ceux qui osent s'opposer à son autoritarisme stalinien de parti unique, ou tentent de fuir les camps», a dénoncé Omar Hilale, ajoutant que les populations des camps vivent dans des conditions dramatiques insupportables. L'ambassadeur marocain a réaffirmé l'impossibilité pour le Maroc de se résigner à la perpétuation de la séquestration de ses citoyens dans les camps de Tindouf pour servir l'agenda caché de l'Algérie. «Le HCR ne devrait plus se limiter, dans les camps de Tindouf, à son seul mandat d'assistance alimentaire, mais devrait l'élargir, comme l'y obligent ses statuts, à la protection en général et la mise en œuvre des solutions durables en particulier, car les populations ont désormais plus besoin de liberté et de dignité humaine que de farine et de lait en poudre», a expliqué M. Hilale, ajoutant que le timing de la requête marocaine a été dicté par plusieurs considérations, notamment le fait que le blocage, depuis 35 ans, par l'Algérie du mandat du HCR à l'égard des camps de Tindouf est intolérable moralement, inacceptable politiquement et illégal juridiquement. L'ambassadeur marocain a réaffirmé que le Maroc ne peut pas rester les bras croisés face à ce drame et laisser ses citoyens séquestrés à Tindouf grandir et mourir dans les camps et ne saurait se résigner, non plus, à ce qu'ils n'aient que l'amer choix entre accepter d'endurer l'exil dans ces camps ou risquer leur vie en s'en évadant. «La démarche marocaine ambitionne uniquement de leur donner le droit de s'affranchir des affres de l'exil, en optant de vivre dans la liberté et la dignité et leur offrir l'espoir d'une vie meilleure sous d'autres cieux», a fait savoir Omar Hilale. ------------------------------------------------------------------------ Réactions Mustapha Naïmi, membre du CORCAS : «La proposition marocaine met l'Algérie devant ses responsabilités» La proposition marocaine de réinstaller les séquestrés de Tindouf dans des pays tiers est une proposition très positive à partir du moment où elle appelle à la libre circulation des Sahraouis, toutes tendances confondues. Cette proposition met l'Algérie devant ses responsabilités. Il s'agit là de l'unique solution de ce conflit afin d'éviter la rigidité des procédures juridiques internationales, tout en restant dans le cadre de la légalité internationale. Cette proposition vise, en fait, à libérer les Sahraouis du joug militaire imposé par le front séparatiste et l'Algérie. Je pense que si l'Algérie veut jouer la carte de la transparence, elle doit garantir aux polisariens et aux autres la possibilité de la libre circulation. Pour ce qui est des pays tiers évoqués par le Maroc, ils sont, à titre d'exemple, les Etats voisins, notamment la Mauritanie, le Mali le Sénégal, les Iles Canaries et bien évidemment le Maroc. Mohamed Talib, membre du CORCAS : «L'Algérie doit garantir la libre circulation aux séquestrés de Tindouf» L'appel à la réinstallation des séquestrés de Tindouf dans d'autres pays est une revendication judicieuse. La communauté internationale sait que l'Algérie entrave la libre circulation des Sahraouis tout en jouant la carte «des réfugiés». L'Algérie n'est pas un Etat neutre. Il ne s'agit pas d'un Etat de refuge mais de séquestration. L'Algérie est à la fois l'Etat qui séquestre la population de Tindouf sur son territoire et la partie principale qui entrave le processus de règlement du conflit du Sahara. A partir du moment où la population de Tindouf ne jouit pas de la liberté de circulation et par la même de la liberté de prendre les décisions, comment peut-on imaginer dans ce cas que cette population pourrait décider de son sort! Alger doit garantir la libre circulation aux séquestrés de Tindouf, ou bien, veiller à leur intégration locale. S'agissant des pays tiers concernés par la proposition marocaine, il s'agit de tous les pays du monde d'une manière générale et les Etats du voisinage, plus particulièrement, à savoir, le Mali et la Mauritanie tout en gardant à l'esprit que les séquestrés de Tindouf sont toujours les bienvenus au Maroc. Mohamed Réda Taoujni, président de l'ASM : «Le Maroc doit ôter à l'Algérie son fonds de commerce» La proposition marocaine est une initiative très importante. Tout le monde est au courant du fait que la population de Tindouf constitue un fonds de commerce pour l'Algérie. En plus, du point de vue humanitaire, la population de Tindouf vit dans des conditions précaires. Il s'agit d'une catastrophe humanitaire. Cette situation ne doit pas durer indéfinitivement. Ainsi, le Maroc doit ôter à l'Algérie son fonds de commerce. La proposition marocaine vise à permettre la libre circulation à cette population. Ceux qui veulent rejoindre le Maroc le feront et ceux qui veulent partir vers un pays sont libres. Mais, je vous garantis que si l'Algérie acceptera d'accorder la libre circulation à la population de Tindouf, tout le monde rejoindra la mère-patrie, le Maroc. Concernant la destination du transfert, à mon avis, la population de Tindouf ne peut être réinstallée que dans un Etat voisin, notamment la Mauritanie ou la Libye. Etant donné que la Mauritanie est politiquement instable actuellement, la Libye reste l'endroit le plus apte à accueillir la population de Tindouf.